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L'Oeil de Brutus

L’ARNAQUE DU MODE DE CALCUL DE L’INFLATION (Partie 1 / 2)

28 Novembre 2012 , Rédigé par L'oeil de Brutus Publié dans #Idées

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L’ARNAQUE DU MODE DE CALCUL DE L’INFLATION

 

 

C’est le seul et unique objectif de la BCE[i] : la maîtrise de l’inflation (inférieure à 2%). Qui suit quelque peu les questions économiques entend d’ailleurs régulièrement que cela est indispensable à la bonne santé de l’économie. On pourra épiloguer plus tard sur la pertinence de cette assertion. Mais avant de cela, il faudrait plutôt voir si l’inflation est réellement maîtrisée, car telle ne semble pas être la perception de nombre de Français[ii].

 

PARTIE 1

 

 

Perception de l’inflation.

En France, l’inflation est calculée par l’INSEE[iii] et celle-ci a mis en ligne une fiche explicative à vocation pédagogique sur le sujet[iv]. Ainsi, si les Français ont le sentiment que les prix montent (beaucoup), c’est tout simplement que leur perception est mauvaise : « La mémoire humaine est sélective. Il est certain que nous retenons mieux les fortes hausses. De plus, la mémoire humaine est imprécise en ce qui concerne les chiffres et, quand nous effectuons un achat, nous ne nous souvenons pas avec une grande précision du prix que nous avions payé lors du précédent achat du même produit. » Passons cette approche pseudo-cognitive qui mériterait d’être étayée par quelques études scientifiques dignes de ce nom et admettons. Il n’est effectivement pas évident d’une course à l’autre de se rappeler du prix du paquet de lardons ou du pot de Nutella ®[v]. Par contre, il est beaucoup plus aisé de se rappeler le montant global du caddie d’une semaine sur l’autre. Et si l’on a la mémoire qui flanche, il suffit de se replonger dans ses vieux relevés de compte bancaire. Si vous payez votre caddie 100 euros aujourd’hui et que l’inflation a bien été de 2% par an en moyenne, alors votre caddie de 2002 (à situation familiale équivalente) devait être d’environ 83€. Jugez par vous-même.

Oui, mais … nous dit l’INSEE : « l'indice des prix prend en compte la baisse de certains produits, en particulier les ordinateurs et l'électroménager ». Les ménages modestes, qui n’ont pas toujours un ordinateur et qui change leur électroménager uniquement lorsqu’il est à bout de souffle (et encore, si leurs finances le permettent) seront ravis de l’apprendre. Et d’ailleurs, même pour les revenus plus aisés, le changement de leur matériel informatique ou leur machine à laver n’intervient pas tous les quatre matins. Ce qui est important à prendre en considération sur ce point est le coefficient de pondération qui est appliqué à ces produits par rapport à ceux qui sont absolument nécessaire au bien-vivre des familles. Nous y reviendrons un peu plus bas.

 

Subjectivité du calcul de l’inflation.

 

Un peu plus loin la note de l’INSEE nous apprend que « L'indice de prix est un indice « à qualité constante ». En effet, il arrive souvent que, quand le prix d'un produit augmente, sa qualité augmente aussi ; on considère alors que la hausse de prix effective pour le consommateur n'est pas la hausse de prix observée, mais une hausse plus faible ». L’INSEE rajoute donc un critère subjectif, à sa libre appréciation, sur l’évolution des prix. On constate certes une très forte augmentation de la qualité, par exemple, des produits informatiques depuis une douzaine d’année. Sauf que le besoin a-t-il changé ? Pour l’immense majorité des consommateurs pas vraiment : il s’agit essentiellement d’aller sur internet et de faire de la bureautique. Mais si vous voulez faire cela avec votre vieux PC à 4Go de disque dur et 500Mo de mémoire vive vous ne ferez pas grand-chose, alors qu’intrinsèquement les tâches que vous voulez accomplir sont les mêmes et que la multiplication des animations sur internet (en plus essentiellement de la publicité !) et des gadgets du Pack Office de Microsoft ® ne vous a pas apporté grand-chose. On a ici artificiellement créé un besoin dont vous n’avez que faire. Est-il alors légitime de considérer cet accroissement d’une qualité, qu’au final vous ne désiriez pas, comme une baisse de prix et donc une hausse votre pouvoir d’achat ?

 

Ce qui est paradoxal, c’est que cette subjectivité de l’évaluation des prix est à sens unique. En effet, l’INSEE admet que « L'indice des prix ne tient pas compte de la durée de vie des appareils et équipements, bien que ce soit un des éléments de la qualité d'un produit ». C’est pourtant un élément fondamental. Il est communément admis que les machines à laver de nos parents (ou de nos grands-parents) coutaient un bras mais durait aisément dix ou vingt ans. Aujourd’hui, lorsque la votre expire après cinq années d’utilisation, vous pouvez vous estimer heureux. Cette obsolescence programmée[vi] a un coût non négligeable sur les portefeuilles des ménages, mais l’INSEE n’en a cure. S’il arrive à évaluer, plus ou moins subjectivement, la qualité des produits il est tout de même étonnant qu’il ne parvienne pas à le faire sur leur durée de vie, même à posteriori.

 

 

Lire la suite : cliquer ici. 


       

[i] Banque Centrale Européenne.

[ii] Lire Pierre Kupferman, 1 Français sur 2 est persuadé que l’inflation est supérieure à 3%, Challenges.fr, 09/11/2012.

[iii] Institut national de la statistique et des études économiques

[v] Quoique ce dernier (avant même la mise en place de la nouvelle taxe sur les produits contenant de l’huile de palme) fait déjà exploser les compteurs de l’INSEE avec une hausse de 100% en dix ans … Cf. En 10 ans, le prix du pot de Nutella a doublé, Le Post, 14/10/2010.

[vi] On parle d’obsolescence programmée lorsqu’un produit est volontairement conçu pour ne durer qu’en temps restreint, de manière à en accroître sa consommation. Sur le sujet lire, Serge Blanc, Demain des usines dans nos salons, Le Monde diplomatique, juin 2012 et Serge Latouche, Bon pour la casse, les déraisons de l’obsolescence programmée, Les Liens qui libèrent, 138 pages, 13 euros (sur cet ouvrage : Philippe Arnaud, Bon pour la casse de Serge Latouche, Le Monde, 15/10/2012.

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S
Cet indice INSEE ne tient a priori compte ni de l'ensemble des taxes (taxe foncière, taxe audiovisuelle...etc) ni des services d'assurance qui eux augmentent sensiblement d'une année sur l'autre, quasi-systématiquement. A peine tronqué donc...!
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C
C'est pour ça que j'aime internet, on s'enrichit chaque jour
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