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L'Oeil de Brutus

LE RENOUVEAU DEMOCRATIQUE : 2/ Remettre en cause le quinquennat

6 Mars 2019 , Rédigé par L'oeil de Brutus

LE RENOUVEAU DEMOCRATIQUE : 2/ Remettre en cause le quinquennat

La mise en place du quinquennat par MM Chirac et Jospin a été une catastrophe pour le bon fonctionnement des institutions de la Ve République.

D’un côté, elle a fait du président de la République un simple chef de parti (pour ne pas dire de clan), obsédé par la prochaine échéance électorale majeure, puisqu’il s’agit de sa propre réélection. Ce n’est d’ailleurs sûrement pas pour rien que les Français n’ont reconduit aucun des présidents ayant tenu ce type de mandat depuis sa mise en place. Tous trois (MM Chirac, Sarkozy, Hollande et très probablement en 2022 M. Macron) ont échoué à être les garants de l’unité nationale et porteurs d’une vision de la France sur le long terme. Et pour cause : on ne peut être à la fois l’homme des grandes œuvres et celui des petites combines partisanes.

De l’autre côté, la réforme du quinquennat a transformé l’Assemblée nationale en, d’une part  des obligés du président qui doivent de facto leurs postes à l’élection de celui-ci, et d’autre part une opposition privée de toute perspective d’alternance pour la durée de leur mandat et qui se cantonne donc à l’invective de la majorité en place. De fait, l’Assemblée nationale est devenue une simple chambre d’enregistrement qui ne contrôle même plus l’action de l’exécutif[1].

Rajoutons à ceux deux points que l’omniprésence du président dans les moindres détails de la vie politique a transformé le premier ministre en simple « collaborateur » (pour reprendre les mots de M. Sarkozy), bien en peine de diriger efficacement son gouvernement.

Dans l’esprit des institutions de la Ve République telles qu’elles ont été bâtie, le mandat présidentiel ne saurait donc coller au mandat parlementaire. Au premier, le temps long, celui de la réflexion, de la stratégie, de l’unité nationale ; au second, la conduite des affaires courantes de la nation. On peut certes estimer qu’un mandat de sept ans apparaît bien long (ce qui fut effectivement le cas du 2nd mandat de M. Mitterrand), mais dans ce cas le mandat présidentiel peut très bien être ramené à six ans pendant que celui des députés est ramené à quatre ans.

 

 

Lire également : Le système de vote

 

Origine de l'illustration : la-croix.com

 

[1] Le traitement parlementaire de l’affaire Benalla a été à ce titre ô combien révélateur puisque seule la commission d’enquête du Sénat, où l’opposition est majoritaire, a réalisé un réel travail d’enquête et surtout d’analyse du fonctionnement (ou plutôt du dysfonctionnement) de l’exécutif ; la commission d’enquête de l’Assemblée nationale menant quant à elle un simulacre d’enquête. On notera ce sujet l’ignorance crasse (ou feinte …) du ministre de la justice qui s’interrogea sur une potentielle remise en question de la séparation des pouvoirs au motif d’une enquête menée par le pouvoir législatif sur les agissements de l’exécutif, alors que c’est là même une des fonctions premières du pouvoir législatif ; le Sénat n’ayant dans cette affaire ni exercé un pouvoir exécutif (il n’a donné aucune directive aux fonctions exécutives, par exemple la police) ni un pouvoir judiciaire (puisqu’il se contentera de retransmettre ses conclusions à la Justice sans suivre de lui-même une procédure judicaire).

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C
Thank you so much for the detailed article.Thanks again.
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