PROLOGUE A L’EFFET SABLIER ET HOMME ECONOMIQUE
Après avoir lu (ou relu) l’article « Effet sablier et homme économique », je vous invite à prendre connaissance de ces deux citations :
« Les classes moyennes, pour leur part, ont vu s’approfondir les fractures apparues durant la dictature militaires. Le chômage, la chute dans l’informel, la dégradation des services publics, la contraction de l’emploi dans le secteur bancaire affectent leurs strates inférieures, qui tendent à se prolétariser, tandis que la sophistication des services et l’expansion du secteur financier ont permis à une autre frange de se raccrocher à la dynamique mondialisée de modernisation de l’investissement du capital. Les différences de revenus, de patrimoine et, en conséquence, d’idéologie permettent de moins en moins d’englober ces secteurs intermédiaires dans une seule catégorie. »
« Ils (les classes pauvres) ont le sentiment de ne rien devoir à une société organisée dont ils ne reçoivent rien. Leur seul contact avec elle demeure la contagion des styles de consommation ou la violence policière, et les formes diverses d’action, légales ou illégales, leur permettent de survivre matériellement et spirituellement. Ils sont la grande énigme de la société. Celle-ci n’aura pas d’autre choix que de prendre en compte leur itinéraire de violence, de banditisme, de culture de la protestation, de luttes sociales et politiques …. »
Il vous semble reconnaître, au moins en partie, l’état social de la France ? En tout état de cause, l’écrasement des classes moyennes ici décrit ressemble fort à notre fameux effet sablier. Quant à la seconde citation, on jurerait voir nos banlieues abandonnées. Et pourtant, l’article dont elles sont extraites a été écrit par Emir Sader il y a presque 10 ans et décrit …le Brésil (pour lire l’intégralité cliquer ici) après une bonne cure d’austérité néolibérale1. Serions-nous donc en train de suivre les traces de la société brésilienne avec ses favelas aux côtés des grandes fortunes pleines de morgues et d’arrogance, sa criminalité galopante et ses beaux quartiers protégés par des milices privées ? Est-ce là notre voie ? Ou plutôt l’exemple à suivre pour Jean-Marc Vittori et les néolibéraux dans une espèce nouvelle d’effet Pygmalion ?
Et l’ironie de l’Histoire fait que, dans le même temps, le Brésil de Lula, et de sa successeur, tente de prendre le chemin inverse !
1 : Pour une mise en perspective du Brésil de ces dernières décennies, lire le Manière de voir (supplément du Monde diplomatique) de septembre 2010.