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L'Oeil de Brutus

LE PRESIDENT A 300 MILLIONS € / JOUR (3/3)

19 Janvier 2012 , Rédigé par L'oeil de Brutus Publié dans #Idées

index.jpgRetrouver la première partie de cet article :

cliquer ici.

 


Retrouver la seconde partie de cet article :

cliquer ici.

   

   

   

 

 


L’effet de la crise ?

 

C’est bien évidemment ce que vont répondre les thuriféraires de la majorité présidentielle[i]. Sauf que …

 

Taux de croissance
 en %

Evolution de la dette par rapport
à l'année précédente (en Mds€)

Evolution de la dette par rapport
à l'année précédente (en % du PIB)

Président
de la République
(au 31/12 de l'année)

1er Ministre
(au 31/12 de l'année)

2009

-2,73

174,1

10,8

Sarkozy

Fillon

1993

-0,67

75,3

6,3

Mitterrand

Balladur

2008

-0,08

107

4

Sarkozy

Fillon

2003

0,90

92,9

4,2

Chirac

Raffarin

2002

0,93

58,7

2

Chirac

Raffarin

1981

0,98

17,9

1,3

Mitterrand

Mauroy

1991

1,04

21,5

0,8

Mitterrand

Cresson

1996

1,07

49,2

2,6

Chirac

Juppé

1983

1,23

24,5

1,3

Mitterrand

Mauroy

1992

1,48

55

3,7

Mitterrand

Bérégovoy

 

Si l’on prend les dix plus mauvaises années de croissance économique de ces trois dernières décennies (ci-dessus), M. Sarkozy peut effectivement argumenter que l’année 2009 a été une année particulièrement difficiles pour les recettes fiscales impactées par une forte contraction de l’économie.

Mais hormis cette année terrible, ces prédécesseurs ont été confrontés à des périodes tout aussi délicates. Ainsi avec la croissance atone qui a suivi la crise asiatique, le gouvernement Raffarin a bien moins largement creusé les comptes publics que celui de M. Fillon. De même, avec une croissance également relativement faible, les gouvernements Mauroy, Cresson et Juppé n’en ont pas pour autant creuser le déficit public de plus de 2,6 % du PIB, ce que pourtant a fait le tandem Sarkozy-Fillon depuis leur prise du pouvoir (4% en 2008 alors que la crise n’a commencé qu’en fin d’année (!), 10,8% en 2009, 3,3% en 2010 et 3% en 2011 alors que pour ces deux dernières années la croissance semblait repartir).

 

Il en résulte donc bien que la crise économique n’est absolument pas une justification recevable pour expliquer la lamentable dérive des comptes publics sous l’ère Sarkozy-Fillon.

 

L’on pourrait également s’intéresser à l’évolution de la dépense publique : le gouvernement peut certes argumenter que la crise économique grève ses recettes, mais – or allocations chômages – elle impacte normalement peu les dépenses qui peuvent donc demeurer maîtrisées. Or, s’il est très aisé de trouver des données sur l’évolution de la dépense publique avant 2007 sur internet, notamment sur des sites institutionnels[ii], pour les années écoulées depuis l’arrivée au pouvoir de M. Sarkozy cela paraît être mission impossible. Tout juste, trouve-t-on un rapport du Ministère des finances (cliquer ici, voir pages 12 et 15) avec des données floues et peu exploitables[iii].

Cette absence même de transparence est suspecte, comme d’ailleurs est suspecte le devenir des dizaines de milliards d’euros jetés dans le grand plan de relance et dans le grand emprunt sur lesquels on communique décidemment très peu !

 

La stratégie du choc ?

 

Qu’on se le dise donc, M. Sarkozy ne peut donc se targuer d’un bilan de bon gestionnaire de crise et des finances publiques.Comme d’ailleurs au reste, il ne peut se targuer de son bilan de réformateur[iv]. Le bilan général en est si navrant qu’on en vient à se demander si Naomi Klein[v] n’a définitivement pas raison : l’idéologie néolibérale ne consiste-t-elle pas à volontairement accroître le déficit de l’Etat pour une fois celui-ci en faillite lui administrer les fameux « ajustements structurels » qui le réduisent à sa plus simple expression et détruisent toute notion d’Etat-providence[vi] ?



[i] On peut aussi contre-argumenter sur le fait que M. Sarkozy n’a pas su juguler la crise. Sa tentative de relance keynésienne n’en a été qu’un ersatz mensonger. Pour véritablement effectuer une relance keynésienne, il eut fallu se servir de la création monétaire (ce qui ainsi n’aurait pas accru la dépendance de la dette publique vis-à-vis des marchés) pour investir dans des secteurs fortement créateurs d’emplois tels que le BTP, les transports ou les équipements de réseaux technologiques (sans oublier la recherche). Au lieu de cela, le choix a été fait d’emprunter sur les marchés pour réaliser un « plan de relance » et un « grand emprunt » dont l’absence de transparence laisse plutôt présager qu’ils ont servi à nourrir les milieux d’affaires proches du pouvoir …

[iii] Si quelqu’un a des références, je suis preneur !

[v] Naomi Klein, La stratégie du choc.

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