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L'Oeil de Brutus

LE RENOUVEAU DEMOCRATIQUE : 1 - Le système de vote

14 Février 2019 , Rédigé par L'oeil de Brutus Publié dans #Idées

LE RENOUVEAU DEMOCRATIQUE  : 1 -  Le système de vote

LE RENOUVEAU DEMOCRATIQUE

 

Alors que, comme on pouvait s’y attendre, le fameux « Grand Débat » vire à la farce médiatique, à la fois plan com’ de l’Elysée et pré-campagne électorale des européennes 2019 (tout en évitant soigneusement toute remise en cause des dogmes libéraux-autoritaristes-européistes), je propose une série de courts billets afin d’offrir aux lecteurs quelques pistes de réflexions.  

Hors la rénovation des institutions, on pourra aussi se référer à ces propositions touchant davantage de sujet : Propositions citoyennes pour la France.

                     

          « Tout le monde savait que c’était impossible. Il est venu un imbécile qui ne le savait pas et qui l’a fait. »

                                          Mark Twain.

 

 

 

1/ Le système de vote

 

Le système de vote n’est pour ainsi dire jamais évoqué et ne fait donc l’objet d’aucun débat (ou presque). Pourtant, en quoi serions-nous contraints à ne voter que pour une et une seule personne (ou une liste) ?

C’est un système qui encourage les candidats soit aux positions les plus clivantes (cas des primaires partisanes, lors desquelles MM Hamon et Fillon ont pris les positions les plus à même de faire le meilleur score dans leurs camps mais certainement pas ultérieurement de rassembler les Français) soit aux positions les plus démagogiques (cas de l’élection de M. Hollande[1]), pour « ratisser le plus large possible ». Ce système de vote – que l’on pourrait presque qualifier de simpliste – encourage également les candidats à conduire leurs campagnes (et ensuite à gouverner) le nez dans les sondages et à s’éloigner de la recherche du bien commun (quand celui-ci n’est tout simplement pas abandonné en rase campagne).

Du point de vue de l’électeur, ce système génère d’autres biais, à commencer par ceux du « vote utile » (au premier tour[2]) ou du « vote contre » (au second tour). Cette stratégie d’une partie de l’électorat fait que nombre d’électeurs n’adhère que partiellement (et parfois pas du tout : cas probable des 2nd tours de 2002 et 2017) au programme du candidat pour lequel ils votent. De fait, avant même que son représentant en soit élu, ce programme souffre d’un déficit flagrant de légitimité. D’où les franches oppositions aux réformes que connaissent, à peine élus, de nombreux dirigeants qui, pourtant, avaient annoncé la couleur.

Alors, pourquoi ne pourrait-on pas voter pour plusieurs candidats que l’on classerait ? Ce système de vote alternatif est déjà utilisé en Australie et en Irlande (notamment) mais, assez étrangement, n’est jamais évoqué dans le débat en France. Pourtant de nombreux travaux existent sur d’autres types de vote, souvent, qui plus est, effectué par des scientifiques français !  (Condorcet et Borda en particulier). Certes, classer tous les candidats pourrait être relativement hasardeux et générer des difficultés importantes de comptage des votes. Mais demander aux Français de classer les trois candidats qu’ils souhaitent voir élus, avec un système de primes aux premiers (5 points pour le 1er, 3 points pour le 2e, 1 point pour le 3e, 0 pour tous les autres) n’aurait rien d’insurmontable : dans chaque bureau de vote, il suffit de mettre 3 urnes au lieu d’une. Cela modifierait considérablement la donne et rendrait en grande partie caduques les différentes stratégies (des candidats et des électeurs) qui font de l’élection une fin en soi et non plus une recherche du bien commun.

 

 

A paraître :

2/ Remettre en cause le quinquennat

3/ Revoir la décentralisation

 

[1] Par exemple au sujet de sa prétendue « guerre à la finance » (qu’il a démentie dès le lendemain dans un grand quotidien britannique) ou pour sa tranche d’imposition à 75% (qu’il n’a sans doute jamais sérieusement songé à appliquer et pour laquelle il a très probablement été fort heureux qu’elle fût rejetée par le Conseil constitutionnel).

[2] Ainsi, la moitié de l’électorat de M. Macron au 1er tour des présidentielles 2017 n’aurait donné leurs voix qu’au titre du « vote utile » (notamment, probablement, pour éviter une 2nd tour Mélenchon- Le Pen). De fait, nous avons un président élu avec à peine plus de 10% de l’électorat ayant pleinement adhéré à son programme. Comment ce président peut-il ensuite clamer haut et fort la pleine légitimité démocratique de l’application d’un programme ayant recueilli un aussi faible assentiment ?

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