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L'Oeil de Brutus

TSCG : LA PROPAGANDE DE LA GAUCHE (NEO)LIBERALE

27 Septembre 2012 , Rédigé par L'oeil de Brutus Publié dans #Idées

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TSCG : LA PROPAGANDE DE LA GAUCHE LIBERALE

 

 

A l’approche du vote sur la ratification du TSCG[1], l’unité de la majorité présidentielle se fissure. Il est donc l’heure pour les hussards hollandistes de battre le rappel des troupes, et ce même si leur chef de file avait promis, la main sur le cœur, d’obtenir la modification du dit traité et n’en a pas bougé une virgule. Mais le PS et ses affidés n’en sont pas à un grand écart ou une contradiction près. Ils tentent donc de se raccrocher aux branches. Pourtant, toutes leurs branches sont pourries. Entre le 19 et le 21 septembre, on pouvait ainsi trouver au moins trois tribunes dans des organes de presse à large distribution : Karine Berger[2] dans Le Monde (Il faut voter le traité budgétaire européen), Guillaume Bachelay[3] (Enfonçons la porte de l’Europe conservatrice) et Jean-Paul Besset[4] (le référendum ? un faux-nez des antieuropéens) dans Marianne pour ces deux derniers.

 

Il faut dire que nos trois auteurs ne reculent derrière aucune outrance. Mme Berger affirme ainsi tout de blanc que la ratification du TSCG permettra de faire « infléchir la trajectoire européenne de l’austérité ». C’est quelle doit avoir une définition bien singulière de l’austérité : qu’est-ce qu’un traité qui interdit le déficit public et impose un retour rapide à moins de 60% d’endettement public par rapport au PIB ? Car entre le déficit annuel actuel de la France (5,2% par rapport au PIB) et celui toléré par le TSCG (0,5%), il y a un gouffre de 96,5 milliards d’euros ! Et l’ineptie du TSCG ne s’arrête pas là, puisqu’au-delà de 60% d’endettement public total rapporté au PIB, il impose de réduire cet endettement à hauteur d’un vingtième par an, soit 26 milliards d’euros. Il s’agira donc à terme, une fois le TSCG pleinement en action, de consentir un effort de plus de 120 milliards d’euros par an ! Comment peut-on encore alors oser affirmer que l’on va « infléchir la trajectoire de l’austérité » dans de telles conditions qui ne font que mener à une impasse, à l’austérité budgétaire infligée pendant des décennies, si ce n’est ad vitam aeternam ? Le gouvernement Ayrault se prépare pourtant bien à suivre cette fabuleuse trajectoire en nous concoctant un budget 2013 assorti d’un plan de rigueur d’au bas mot 30 milliards d’euros[5], que même l’UMP n’avait osé programmer. Cela semble passer au-dessus des considérations de M. Besset puisqu’il pose la question : « Pourquoi la discipline budgétaire impliquerait-elle mécaniquement l’austérité, la baisse des salaires, des pensions et des prestations sociales ? Rien dans le traité n’y oblige. » Mais alors, où trouvera-t-il ces dizaines de milliards d’euros nécessaires au rééquilibrage des comptes publics exigés par le TSCG ? N’est-ce pas se moquer des citoyens que de tenter de lui faire croire de pareilles inepties ?

Bien évidemment tous trois nous évoquent la « grande victoire » de M. Hollande : le fameux pacte de croissance. La belle affaire ! 120 milliards d’euros sur 3 trois ans, dont la moitié était déjà programmée … Ce qui donne donc au final l’équivalent de 0,3% du PIB de la zone euro par an. Autant dire, un pet de souris …

Dans la même lignée, Mme Berger nous annonce qu’ « une inversion du mouvement  a été permise par les élections française ». Mais quelle inversion ? Qu’est-ce qui a changé depuis l’arrivée au pouvoir de la nouvelle majorité, si ce n’est le vent du tapage médiatique qui n’a plus le bruit du « bling-bling » mais de la soi-disant « normalité »[6] ?

 

Notre gauche libérale ne s’arrête pas là : comme de nouvelles promesses, elle nous ressort comme de nouvelles annonces d’éternels serpents de mer que ni elle ni l’UMP n’a jamais eu le courage politique de mettre en œuvre : « la taxe sur les transactions financières, les mesures de supervisions bancaires[7] » (Mme Berger), ou encore « la régulation face à la finance, l’interventionnisme face au laisser faire des marchés[8] » (M. Bachelay). Et ce même M. Bachelay de rêver encore aux eurobonds, au financement du MES[9]par la création monétaire de la BCE, à une mutualisation des dettes publiques … Alors que l’Allemagne, préservant sagement ses intérêts, a clairement fait comprendre qu’il n’en serait jamais question. Et comment pourrait-il en être autrement ? Si elle acceptait ces différentes mesures, la première puissance économique européenne se verrait soit contrainte à supporter une inflation que, même maîtrisée, sa population vieillissante ne peut pas se permettre, soit à financer indirectement, par le biais des dettes mutualisées, les dettes des autres, soit … les deux !

 

Leur sophisme n’en est en outre pas à une aberration près. Ainsi de M. Bachelay qui ose affirmer : « c’est le Parlement qui votera le budget sans intrusion a priori de juges communautaires non élus et, à l’échelon européen, tout pays signataire du calendrier de réduction des déficits pourra s’en délier si les circonstances le justifient et qu’une majorité qualifiée de pays y souscrivent. » C’est là une interprétation captieuse du Traité. Car que prévoit-il ? Que la Commission européenne vérifiera, selon ses propres critères de définition du déficit structurel, l’état des comptes des nations et imposera automatiquement pour tout manquement une amende financière. Le seul recours de la nation punie sera d’obtenir l’annulation de cette sanction par un vote des deux tiers des Etats membres (autant rêver). M. Bachelay nous fait là une singulière inversion de la logique du traité !

Mais dans le registre des inversions, son compère, M. Besset, est également relativement fort lorsqu’il clame : « la maîtrise de déficits devenus insoutenables rompt avec l’idéologie de la démesure, cette fuite en avant systématique qui tient lieu de politique en toute matière et qui nous a conduits dans le mur de crises multiformes, y compris financière ». Aurait-il déjà oublié que la crise que nous vivons actuellement était initialement une crise de la dette privée que les Etats sont venus résorber pour éviter une faillite intégrale du système bancaire pendant que leurs ressources fiscales se tarissaient du fait du ralentissement de l’économie généré par les mêmes banques ? Il suffit de prendre l’exemple de l’Espagne pour s’en convaincre : excellent élève de la zone euro avant la crise (un budget à l’équilibre et un endettement total de 36,2% par rapport au PIB), elle est montrée du doigt comme le dernier des cancres aujourd’hui. La rigueur budgétaire hispanique a-t-elle servi à quelque chose ? M. Besset inverse donc là les liens de causes à effets.

 

Si encore ces idéologues s’en tenaient là. Mais le dernier d’entre eux, M. Besset, va encore plus loin en avouant que « la démocratie n’a jamais été le moteur de la construction européenne ». Cela, à peu près tout le monde le sait. Mais dans la bouche d’un européiste, cette confession distille une certaine saveur. Il ne faut néanmoins pas s’arrêter là et lire la suite de sa tribune dans laquelle, pour justifier l’absence de référendum sur le TSCG,  il n’hésite pas à expliquer comment le projet européen a pour finalité de faire le bonheur des peuples malgré eux, et s’il le faut contre eux. Sans doute de vieilles résurgences de ses années trotskystes[10]

 

 

On pourrait s’éterniser longtemps sur tous ces arguments fallacieux. Mais il suffit finalement de s’en remettre à cette parole de l’écrivain russe Alexandre Zinoviev : « Si Goebbels ressuscitait aujourd’hui, il ne pourrait qu’admirer l’habileté et l’ampleur des bobards de propagande fabriqués par ses émules modernes. »

Ne nous laissons donc pas manipuler par les propagandistes européistes et continuons à mettre la pression à nos « élus » en leur envoyant chacun une lettre de mise en demeure de respecter la volonté du peuple, que vous pouvez retrouver en cliquant ici.

 



[1] Traité sur la Stabilité la coordination et la gouvernance, prévoyant, entre autres, l’instauration de la « règle d’or » limitant les déficits structurels des Etats signataires à 0,5% du PIB par an.

[2] Encore relativement peu connue du grand public, Karine Berger est députée des Hautes-Alpes et proche d’Arnaud Montebourg. Bien qu’encore jeune (39 ans), c’est déjà une habituée du pantouflage et rétro-pantouflage, dénoncés par Romain Gubert et Sophie Coignard dans L’Oligarchie des incapables, puisqu’après un parcours dans la haute administration au ministère des finances, elle a officié chez Euler Hermès, numéro un mondial de l’assurance-crédit (tiens, tiens, encore le monde de la finance, ce cher ennemi de M. Hollande).

[3] Proche de Laurent Fabius, Laurent Bachelay avait fait campagne pour vote non au référendum sur la Constitution européenne en 2005. Quand on parle de grand écart ….

[4] Député européen d’Europe-écologie-Les Verts, Jean-Paul Besset est un ancien de … la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Du trotskisme au néolibéralisme européiste, n’y aurait-il qu’un pas ?

[5] Avec des prévisions largement fantaisistes qui laissent donc penser que ces 30 milliards ne suffiront pas (certains économistes parlent déjà de 10 milliards supplémentaires de rigueur en cas de croissance nulle, ce qui s’avère de plus en plus probable).

[7] Confiées au comité Bâle III, essentiellement constitué de … banquiers.

[8] Où en est cette « interventionnisme » face aux multiples plans sociaux qui se succèdent ?

[9] Mécanisme européen de stabilité, fonds européen de 700 milliards d’euros, garantis par les Etats membres et censé être mis à disposition des Etats en difficulté en contrepartie de l’application du TSCG.

[10] Il suffit d’ailleurs de changer quelques mots de ses trois premiers paragraphes pour obtenir un résultat édifiant :

« Soyons francs : la démocratie n’a jamais été le moteur du marxisme. Il aurait fallu pour cela que le désir d’appartenance commune l’emportât sur les sentiments nationaux particuliers, ancrés dans des histoires souvent conflictuelles. Chaque fois, le recours à la vox populi a connu un temps de retard. Déjà, au départ, les pères fondateurs du socialisme ont dû, en quelque sorte, passer en force.

Imaginons que, au sortir de la guerre, la question de la construction du Pacte de Varsovie, ait été posée aux peuples traumatisés. La réponse n’aurait pas fait un pli : des deux côtés du Rhin, cela aurait été non, trois fois non. Où en serions-nous aujourd’hui ? Qui peut croire que chaque nation européenne, exhibant ses petits muscles à l’abri de ses petites frontières bourgeoises, aurait eu le loisir de se développer tranquillement face aux fracas du monde capitaliste ?

Le principe démocratique a-t-il été violé pour autant ? Jusqu’à présent, le processus d’intégration socialiste a été essentiellement mené par les gouvernements des différents Etats. Des gouvernements dont la légitimité démocratique est incontestable, qu’on les aime ou pas. La « bureaucratie » du Kominform, si injustement décriée, ne leur a jamais rien imposé. Le résultat reste hybride, chaotique, produit d’un bric-à-brac de crises et de compromis, d’avancées communes et d’intérêts nationaux contradictoires. »

Un dirigeant du Politburo de l’Union soviétique aurait pu tenir un tel discours en septembre 1989 … Amusant n’est-ce pas ?

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P
The political rivalries between the liberalists and democrats had taken a new turn. The opposition party had stated that the current government is responsible for the low GDP in the country right now. They also said that the government is not doing anything for it.
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