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L'Oeil de Brutus

SARKO M'A TUER

20 Novembre 2011 , Rédigé par L'oeil de Brutus Publié dans #Lectures

SARKO M’A TUER

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

Edition de référence : Stock, 2011.

 

1/ L’AUTEUR.

Fabrice Lhomme est un journaliste français né en 1968. Il a été successivement reporter au Parisien (1989-1998), à France Soir (1998-1999), à L'Express (1999-2000), au Monde (2000-2006) puis rédacteur en chef adjoint à L'Équipe magazine, chargé de l'investigation. Il travaillait depuis le 1er janvier 2008 au sein du pôle « enquêtes » du site internet d'information Mediapart. Au 15 avril 2011, il retourne au Monde dans la nouvelle équipe du quotidien dirigée par Erik Izraelewicz où il devient responsable du secteur de l'investigation. En collaboration avec Fabrice Arfi, il a écrit un livre d'enquête sur le « Karachigate ». Il est également à l'origine des investigations qui ont déclenché l'affaire Woerth-Bettencourt en juin 2010.

Gérard Davet est reporter au journal Le Monde.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fabrice_Lhomme

 

2/ L’OEUVRE.

 

Sarko m’a tuer ne livre pas factuellement de scoops mais l’analyse des entretiens accordés par 27 personnalités ostracisés par la Sarkozie est sidérante.  Les faits en eux-mêmes ne sont pas surprenants, mais ce qui l’est bien davantage c’est la violence morale qui les environne. L’esprit de cour n’est pas une nouveauté dans le système de « monarchie républicaine » français : un mot de n’importe lequel des prédécesseurs de l’ancien maire de Neuilly suffisait à écarter l’insolent des dorures des palais de la République pour un temps plus ou moins indéterminé. Ce qui semble fondamentalement nouveau dans le système sarkozien, c’est que la disgrâce ne se limite à l’ostracisme mais s’accompagne d’une véritable orchestration d’une destruction morale et sociale. Nicolas Sarkozy n’y est d’ailleurs pas forcément le chef d’orchestre (et les auteurs ne l’affirment jamais). Cet acharnement résulte plus probablement de l’obstination et de la flagornerie de quelques sbires zélés ainsi que des craintes de l’environnement de l’ostracisé de se voir rejoindre ce dernier dans ses malheurs. En présentant la juxtaposition des faits, Sarko m’a tuer confirme ce que Dominique de Villepin (De l’esprit de cour) a déjà dénoncé : « Nicolas Sarkozy a innové en inventant une cour à son image. Elle a la peur comme moyen, l’argent comme fin et le spectacle médiatique comme théâtre de sa mise en scène narcissique. »[1]

Un point particulier de l’ouvrage suscité également l’interrogation : une grande partie des 27 protagonistes interrogés par les auteurs ont un lien, plus ou moins avéré, avec l’affaire Clearstream, ce qui pourrait laisser à penser qu’il existe, derrière Clearstream, une affaire bien plus importante que la simple querelle des « deux droites ».

Dans tout l’ouvrage, on peut également relever la haine viscérale de Nicolas Sarkozy à l’égard de la haute fonction publique.

 

3/ DEVELOPPEMENT.

 

            David Sénat.

David Sénat était membre du cabinet de Michèle Alliot-Marie jusqu’à ce que des soupçons de renseignement des journalistes dans l’affaire Woerth-Bettencourt entrainent son brutal renvoi. « Etonnamment », trois semaines après son éviction du ministère de la Justice, il est placé en garde à vue dans le cadre de l’affaire Visionex, dans laquelle il est accusé d’avoir favorisé l’attribution de licences à cette entreprise de jeu de hasard.

Ancien de la garde rapprochée de MAM, David Sénat en conserve un souvenir aigri. Il avait ainsi été chargé de faire – discrètement – le ménage sur l’affaire Clearstream dans laquelle initialement sa ministre était impliquée[2] afin qu’elle n’en subisse pas de retombées. Pour David Séant, MAM a toujours fait passer ses convictions après les intérêts de sa carrière politique, ce qui explique son extraordinaire longévité dans tous les gouvernements de droite.

Le magistrat livre également une anecdote édifiante (page 27) : Jean-Pierre Picca, le conseiller justice de l’Elysée, l’a appelé en juin 2010 pour obtenir des informations sur l’affaire Despallières. En quoi l’Elysée peut-il s’intéresser à une sordide affaire d’homicide ? La réponse paraît simple : l’avocat d’Alexandre Despallières est Me Metzner, également avocat de Françoise Bettencourt-Meyers et de … Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream.

Dans l’affaire Bettencourt, David Sénat témoigne également que Philippe Courroye ne rend des comptes qu’à l’Elysée, évitant même d’en référer à son supérieur hiérarchique, Philippe Ingall-Montagnier (page 29).

 

            Aurélie Filippetti.

Aurélie Filipetti est députée socialiste de Moselle et proche de Ségolène Royal. Elle s’est particulièrement impliquée dans l’affaire de la fermeture de l’aciérie de Gandrange et le paye cher.

Alors qu’elle dépose plainte contre son ancien compagnon, l’économiste Thomas Piketty (également proche du parti socialiste), suite à une dispute conjugale qui a mal tourné, la police lui garantit, comme c’est le cas pour les personnalités politiques, la confidentialité de sa plainte. Pourtant, sous l’impulsion d’un proche de l’Elysée (non cité), l’affaire prend une tournure médiatique lorsque Le Figaro en fait état dans ses colonnes, amenant à détruire psychologiquement la jeune députée.

 

Jean-Hugues Matelly.

Jean-Hugues Matelly est officier de gendarmerie et, simultanément, chercheur pour le CNRS. C’est dans ce dernier cadre qu’il publie des travaux critiquant le rapprochement de la gendarmerie et de la police, entraînant sa radiation des cadres par décret présidentiel non publié au Journal officiel. Il est réintégré le 12 janvier 2011 par décision du Conseil d’Etat, jugeant la sanction excessive.

 

Jean Charbonniaud.

Jean Charbonniaud est un ancien préfet de la Manche. Lors d’une visite de Nicolas Sarkozy à Saint-Lô, le 12 janvier 2009, celui-ci entend des sifflets qui l’amènent à annuler son bain de foule. Furieux, il fait immédiatement muter le préfet qui a depuis occupé d’insignifiants postes de « chargé de mission ».

 

Christine Boutin.

Christine Boutin a été ministre du Logement et de la Ville de 2007 à 2009, avant d’être brusquement évincée du gouvernement, sans en avoir été avertie ni par le 1er Ministre, ni par le Président. Elle accepte finalement une mission sur « les conséquences sociales de la mondialisation » en décembre 2009. Le Canard enchaîné révèle en juin 2010 qu’elle perçoit 9500€ mensuels au titre de cette mission (en sus de ses revenus d’anciennes député et de conseillère générale), ce qui, en l’absence de soutien du pouvoir exécutif, la conduit à démissionner. C’est cette absence de soutien et le sentiment d’avoir été manipulée pour ne pas se présenter aux élections présidentielles de 2007 qui génère chez Christine Boutin une certaine acrimonie vis-à-vis du chef de l’Etat.

 

Pierre de Bousquet de Florian.

Pierre de Bousquet de Florian a été directeur de la DST de 2002 à 2007. C’est à ce titre que Nicolas Sarkozy lui reproche d’être impliqué dans l’affaire Clearstream. En conséquence, ce très haut fonctionnaire a progressivement descendu les échelons du corps préfectoral en occupant par la suite le poste des préfets des Hauts-de-Seine (2007-2009) puis du Pas-de-Calais (depuis 2009). « PBF » reproche au Président Sarkozy ce progressif éloignement des hautes sphères du pouvoir parisien, ainsi que le mépris présidentiel pour la haute fonction publique. Il voit également en sa disgrâce le retour en force de la franc-maçonnerie (Alain Bauer, Emile Pérez, Henri Proglio, Alexandre Djouhri … etc.) à laquelle il n’appartient pas (page 79).

 

Alain Genestar.

Alain Genestar est le directeur de la rédaction de Paris-Match qui a autorisé à rendre publics les déboires conjugaux de Nicolas et Cécilia Sarkozy. Comme il l’avait promis, Nicolas Sarkozy a « eu sa tête » en intercédant auprès de son ami Arnaud Lagardère, propriétaire de Paris Match. Depuis, Alain Genestar est en marge de sa profession et doit se contenter d’un poste de directeur de la publication à l’obscur magazine de photojournalisme « Polka Magazine ».

 

Jacques Espérandieu.

Directeur de la publication du Journal du Dimanche de décembre 2005 à mai 2008, Jacques Espérandieu n’a pas vraiment roulé pour Nicolas Sarkozy pendant la campagne des élections présidentielles de 2007. Le Président ne le lui a jamais pardonné et comme de plus il est un ennemi de vieille date de l’un de ses courtisans, Christian de Villeneuve, le chef de l’Etat a fini, comme pour Alain Genestar, par obtenir sa tête par l’intermédiaire d’Arnaud Lagardère. Et, toujours comme Alain Genestar, il est depuis un banni de sa profession.

 

Marc Robert.

Marc Robert était procureur à la Cour d’appel de Riom. Il a eu l’insolence de s’élever contre la réforme de la carte judicaire en Auvergne. Passant outre l’avis du Conseil supérieur de la Magistrature, Rachida Dati le fait muter d’office. S’ensuit alors une longue bataille de procédure entre le magistrat et le pouvoir politique jusqu’à ce que le 31 décembre 2010, le Conseil d’Etat annule cette mutation arbitraire[3].

 

Yannick Blanc.

Alors qu’il était directeur de la police générale de la préfecture de police de Paris, en 2006, Yannick Blanc avait eu l’outrecuidance de critiquer publiquement la politique d’immigration du candidat Sarkozy. Une fois celui-ci arrivé au pouvoir, la sanction ne s’est pas fait attendre, le policier a été muté à l’inspection générale de l’administration, un placard[4].

 

Isabelle Prevost-Desprez.

Isabelle Prevost-Desprez est présidente de la 15e chambre du tribunal de grande instance de Nanterre. Elle était précédemment en charge du volet financier de l’affaire Woerth-Bettencourt avant d’être brutalement dessaisie du dossier. Auparavant, elle a également instruit l’affaire sur le Volter Fund, le fond spéculatif crée par Imad Lahoud, ce qui lui donne un lien indirect avec l’affaire Clearstream. Dans Sarko m’a tuer, elle livre des révélations explosives : des témoins de l’affaire Woerth-Bettencourt refuseraient de témoigner après avoir reçu des menaces. « IPD » révèle également que dans les écoutes du majordome des Bettencout, on peut entendre Patrick de Maistre proclamer «  on a aucun contrôle sur le petite présidente du tribunal » (page 133).

 Elle révèle également les rapports délétères qu’elle entretient avec le procureur Courroye (alors qu’il avait travaillé de concert sur l’Angolagate) depuis qu’elle a osé s’élever contre le pouvoir exécutif. Son opposition au Président est d’ailleurs antérieure à l’affaire Bettencourt : en juillet 2009, elle préside une audience sur une affaire dans laquelle de petits truands ont détourné quelques milliers d’euros du compte de Nicolas Sarkozy, qui s’est porté partie civile. Pour la magistrate, l’immunité présidentielle interdit juridiquement le Président de se porter partie civile. Mais pourquoi donc le palais présidentiel fait-il donc tant cas d’une affaire aussi anecdotique ? Tout simplement, pour obtenir jurisprudence sur la capacité du chef de l’Etat à se porter civile et utiliser cette jurisprudence quelques mois plus tard dans le cadre de l’affaire Clearstream. Sur cette banale affaire de détournement, Isabelle Prevost-Desprez constate également comment le parquet, aux ordres du procureur Courroye, est devenu « une partie privée », celle du Président (pages 122-124).

Le procureur de Nanterre n’en est par ailleurs pas à une approximation près avec les principes de la Justice : alors qu’il enquête sur une affaire impliquant le patron du groupe Casino, Jean-Charles Naouri, il dîne avec ce dernier, pendant que son épouse est employée en tant que chargé de mission de la fondation Casino (page 126). Philippe Courroye n’a également pas hésité à filtrer l’entrée des journalistes lors d’une audience sur l’affaire Bettencourt (page 129) et le journal Le Monde a révélé qu’il avait probablement fait mettre sa collègue sous surveillance téléphonique (page 137). Dans l’affaire Bettencourt, Ingrid Prevost-Desprez révèle également que le procureur de Nanterre avait donné instructions aux policiers menant l’enquête préliminaire de ne pas interroger l’un des principaux protagonistes, Patrick de Maistre (page 138-139).

 

Yves Bertrand.

Yves Bertrand a été patron des renseignements généraux de 1992 jusqu’à ce qu’en 2004 Nicolas Sarkozy le pousse vers la sortie. Il a été soupçonné d’être mêlé aux faux listings de l’affaire Clearstream, sans qu’aucune preuve ne vienne étayer ces soupçons. Selon lui, la manipulation pourrait être antérieure : finalement, la présence du patronyme « De Nagy-Bosca[5] » a bien arrangé les affaires de l’actuel locataire de l’Elysée (page 152).

Proche de Dominique de Villepin, il est un ennemi de longue date du Président. Il a été, de manière étrange, passé à tabac en sortant d’un dîner chez « DDV » par une bande de jeunes voyous qui ne lui ont rien volé (page 144). Yves Bertrand est un initié de longue date sur la « guerre des droites » : il raconte ainsi comment l’affaire du financement occulte du RPR a été lancée en 1994 suit à une dénonciation de l’administration fiscale sous l’autorité du ministre du budget, à l’époque … Nicolas Sarkozy (page 145).

Yves Bertrand se livre également à une anecdote savoureuse : en 2004, alors que Nicolas Sarkozy vient de prendre ses fonctions de ministre de l’Intérieur, le nouveau patron de la place Beauvau reproche au patron de RG une appétence trop marquée pour le bon whisky, ce à quoi il réplique « c’est vrai que le préfère le whisky à la cocaïne » (page 149).

En outre, sa fonction au sein des renseignements a permis à Yves Bertrand de collecter tous les ragots mondains de Paris au sein de carnets qu’a révélés Le Point le 9 octobre 2008. On y trouve notamment : « Sarko : un mec le tien. Tassez[6] », « Du fric de Falcone[7] pour Sarko », « Sarko 150 00 francs en liquide dans son cabinet », « Sarkozy fait construire une villa de côté de Sartrouville, fait venir des entreprises de Neuilly. Tout au black » (page 153).

 

Claire Thibout.

Claire Thibout est sans doute la victime la plus symbolique de la Sarkozie. L’ancienne comptable des Bettencourt a vu sa vie se transformer en véritable cauchemar depuis qu’elle a osé évoquer un financement illégal de la campagne de 2007 : sa fille de 14 ans suit une psychothérapie, son mari a failli la quitter, elle est sous antidépresseur, le fisc et la justice la poursuivent, elle ne trouve plus d’emploi …

Pour elle, tout a commencé lorsque la police a découvert que son mari, informaticien, avait fait les copies des enregistrements du majordome des Bettencourt. Alors, plutôt que de s’intéresser au contenu de ces enregistrements, le procureur de Nanterre a demandé aux policiers de se concentrer sur ceux qui avaient été impliqués dans leur réalisation (page 159). Les perquisitions vont alors se multiplier chez les Thibout et dans leur résidence secondaire. Les policiers iront jusqu’à menotter son mari devant leurs enfants et poser des questions à leur fils de 10 ans (page 160). L’avocat des Thibout leur conseille alors de se mettre au vert en province. Ils rejoignent des cousins dans la région d’Arles et à leur arrivée ils sont attendus par … deux cars de CRS (page 167) et des enquêteurs qui  interrogent Claire Thibout jusqu’à 2 heures du matin, en liaison directe avec le parquet de Nanterre pour lui faire changer les éléments de sa déposition (page 171). A l’issue, ils ne la raccompagnent même pas et lui ordonnent de prendre le premier train pour Paris le lendemain matin, train dans lequel ils l’escorteront.

Malgré tout, Claire Thibout a toujours maintenu ses allégations : Patrick de Maistre lui a demandé de retirer 150 000€ pour les donner à Eric Woerth afin de financer la campagne de Nicolas Sarkozy (page 165).

 

Eric Delzant.

Eric Delzant était préfet de Haute-Corse. En 2003, il reçoit Jean-Pierre Raffarin et Nicolas Sarkozy en visite sur l’ile de Beauté. Les deux ministres veulent absolument conduire un meeting, ce que le préfet, au vue de la situation tendue en Corse, leur déconseille vivement. Ils s’obstinent néanmoins et le meeting tourne au vinaigre. Eric Delzant sert alors de victime expiatoire, au point de le contraindre à quitter la haute administration.

 

Julien Dray.

Ancien grand espoir du PS, Julien Dray a un tort : il a dit non à Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci lui a proposé de rejoindre sa politique d’ouverture en 2007. Depuis, le député de l’Essonne est persuadé que le chef de l’Etat est à l’origine de l’affaire des détournements de fonds des Parrains de SOS Racisme et de la Fédération indépendante et démocratique lycéenne qui s’est initiée en décembre 2008 pour se terminer par un simple « rappel à la loi » un an plus tard.

 

Jean-Pierre Havrin.

Jean-Pierre Havrin était directeur départemental de la sécurité publique de Haute-Garonne. C’est à ce titre, qu’il est tancé par Nicolas Sarkozy à l’occasion d’une visite en 2003 pour son investissement dans la police de proximité en organisant des matchs de rugby avec les jeunes de banlieue.

Courant 2010, alors qu’il commence à rédiger une autobiographie, dans laquelle il compte mentionner notamment ses relations avec le chef de l’Etat, il est soumis à un curieux incident : son ordinateur portable lui est volé (page 223).

 

Gérard Dubois.

Gérard Dubois était conseiller en communication à la préfecture de police de Paris. Son tort : avoir évoqué publiquement les déboires conjugaux de Nicolas et Cécilia Sarkozy. 48 heures après, il est évincé de son poste.

 

Valérie Domain.

Valérie Domain a voulu écrire un ouvrage sur Cécilia Sarkozy, qui lui avait livré de nombreuses confessions. Elle a subit des mois de pressions et manipulations (Arnaud Lagardère a voulu lui racheté le manuscrit) pour que son livre ne paraisse pas. Finalement, elle ne pourra le sortir que sous forme de roman (Entre le cœur et la raison), narrant la vie de « Cécilia Michaut-Cordier, épouse d’un homme politique influent ».

 

Daniel Bouton.

Daniel Bouton était patron de la Société Générale. Au moment de l’affaire Kerviel, il décide de ne pas en référer aux autorités de l’Etat et d’assurer seul la recapitalisation de la banque[8]. Nicolas Sarkozy n’a pas apprécié que le sauvetage de la banque ait pu se faire sans son concours. Aussi, lorsque les rémunérations du patron de la SocGen sont rendues publiques en pleine crise, il le livre au pilori médiatique jusqu’à son départ de la banque et son renoncement à ses indemnités[9].

 

Abderrahmane Dahmane.

Abderrahmane Dahmane était le conseiller chargé de la diversité de Nicolas Sarkozy. Après avoir vertement critiqué le débat organisé par l’UMP sur la laïcité et l’islam, il a été brutalement limogé.

 

Didier Porte.

Didier Porte était chroniqueur sur France Inter. Après avoir violemment insulté Nicolas Sarkozy en 2008, il en a été immédiatement évincé. Il est depuis ostracisé par toute sa profession.

 

Dominique Rossi.

Dominique Rossi était coordonateur des forces de sécurité en Corse. Le 1er septembre 2008, quelques nationalistes font une intrusion anodine dans la résidence de vacances de Christian Clavier, un proche du Chef de l’Etat. Quelques heures après, Dominique Rossi est évincé de son poste.

 

Jacques Dupuybaudy.

Jacques Dupuybaudy est un industriel qui a de nombreux intérêts en Afrique. Son tort : être concurrent de Vincent Bolloré, un proche de Nicolas Sarkozy. Depuis que celui-ci occupe l’Elysée, les ennuis judiciaires de Dupuybaudy se sont multipliés, tant de par les autorités françaises et de par les autorités des pays africains, amis de la France. Pour alléguer ses propos, l’industriel cite l’audition d’un ancien gendarme, Patrick Baptendier, qui affirme que les services de la DST étaient employés à collecter toutes informations potentiellement gênantes sur lui et son entourage. De plus, Faure Gnassingbé, le président du Togo, lui aurait affirmé qu’il lui a retiré la concession du port de Lomé suite aux pressions de Nicolas Sarkozy (page 304).

Mais surtout, Jacques Dupuybaudy avait rencontré Nicolas Sarkozy au tout début de carrière politique, alors qu’il n’avait que 28 ans. L’industriel soutient que l’ancien maire de Neuilly lui avait alors demandé de passer des contrats fictifs avec son cabinet d’avocat afin de financer ses débuts politiques (page 299-300).

 

Renaud Van Ruymbeke.

Renaud Van Ruymbeke est le magistrat qui a reçu, via un corbeau, les faux listings initiant l’affaire Clearstream. Depuis, les autorités du ministère de la Justice s’emploient à détruire sa carrière.

 

Patrick Poivre d’Arvor.

Le célèbre présentateur du « JT » en a été évincé à l’été 2008. Pour lui, la marque de l’Elysée est on ne peut plus évidente sur cette éviction.

 

Patrick Devedjian.

Patrick Devedjian a longtemps été un proche de Nicolas Sarkozy, mais depuis l’élection de ce dernier à la présidence de la République, le désamour est évident. Le député des Hauts-de-Seine n’a occupé que des postes honorifiques et surtout, il reproche à l’entourage du Président de tout faire pour l’évincer de son département, notamment afin de pouvoir ouvrir la voie au fils du chef de l’Etat. En particulier, il s’y trouve en opposition frontale avec le sulfureux couple Balkany (page 339).

 

Dominique de Villepin.

Tout a été dit et redit sur la haine féroce qui oppose l’ancien premier ministre à l’actuel chef de l’Etat, et l’ouvrage n’y apporte pas vraiment grand-chose de nouveau.

 

4/ CITATIONS.

 

SARKOZY

« Il a la même réaction à chaque mauvaise nouvelle : il fait tomber une tête, et voter une nouvelle loi. »

Daniel Bouton, cité par Gérard Davet, Fabrice Lhomme, Sarko m’a tuer, page 16.

SARKOZY / POLICE

«Avec Sarkozy, nous avions deux visions incompatibles : moi je vois la police au service de la population, lui la voit au service du pouvoir. »

Jean-Pierre Havrin, cité par Gérard Davet, Fabrice Lhomme, Sarko m’a tuer,  page 219.

SARKOZYSME

« Bien plus qu’une idéologie, dont on serait bien en peine de définir les contours, le sarkozysme est d’abord, et surtout, une méthode. »

Gérard Davet, Fabrice Lhomme, Sarko m’a tuer, page 16.

 

« Il y a aujourd’hui au sommet de l’Etat, comme un mépris de tout ce qui concerne la fonction publique, de tout ce qui sert précisément l’Etat, du droit aussi, comme s’il était un obstacle. »

Marc Robert, cité par Gérard Davet, Fabrice Lhomme, Sarko m’a tuer,  page 102.

 

« Elle a bon dos, la culture du résultat, c’est surtout la culture de la peur et de la terreur. »

Eric Delzant, cité par Gérard Davet, Fabrice Lhomme, Sarko m’a tuer,  page 195.

 

 

 

5/ SUR LE MEME SUJET.

 

Cliquer sur les liens ci-dessous

 

Le Président Sarkozy et la stratégie du choc : http://loeildebrutus.over-blog.com/article-le-president-sarkozy-et-la-strategie-du-choc-55403122.html

Petit bilan des petites reformes de M. Sarkzoy : http://loeildebrutus.over-blog.com/article-petit-bilan-des-petites-reformes-de-mr-sarkozy-82243424.html

[1] Dominique de Villepin, De l’esprit de cour, page 211.

[2] Son nom apparaissait dans les listings truqués de la banque luxembourgeoise.

[5] Le nom complet de Nicolas Sarkozy est Nicolas Paul Stéphane Sarközy de Nagy-Bocsa

[6] Jean-Noël Tassez est l’ancien patron de RMC. Il a été condamné dans le cadre de l’Angolagate.

[7] Pierre Falcone a été condamné à 6 ans de prison pour avoir servi d’intermédiaire dans l’Angolagate.

[8] Daniel Bouton affirme l’avoir fait pour assurer le secret de l’opération, nécessaire à son succès. Il est aussi probable – mais cela il ne le mentionne pas – qu’il craignait en réaction une nationalisation, au moins partielle, de la banque.

[9] Il est révélateur de constater comment Daniel Bouton ne semble absolument pas percevoir ce que ces rémunérations peuvent avoir de indécentes et de choquantes pour le public.

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