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L'Oeil de Brutus

MERKEL OU L'HOMICIDE (INVOLONTAIRE?) DE L'EUROPE

27 Octobre 2011 , Rédigé par L'oeil de Brutus Publié dans #Idées

Cet article est extrait d'un article plus long sur la monétisation de la dette. Pour le lire, cliquer ici.

 

 

 

Enfermée dans son dogme monétariste et se crainte irrationnelle de l’inflation[1], l’Allemagne d’Angela Merkel se refuse à toute tentative de monétisation de la dette. A la suite du sommet européen du 26 octobre 2011, elle préfère même voir l’Europe se faire racheter par morceau par la Chine. En effet, du fait de l’abandon d’une grande partie des créances grecques et conjugué eu relèvement de leurs taux de fonds propres, les banques vont se trouver avec un besoin urgent en capitaux frais que les Etats européens ne seront probablement pas en état de lui fournir sans capacité d’émission monétaire. L’Europe va donc faire appel à la Chine, qui de fait va se retrouver maître de nos banques. Comme ces dernières sont également les créanciers de nos Etats, la Chine va se retrouver en position de créancier principal de l’Europe, et quand il s’agira de renégocier une dette elle ne s’en laissera pas compter … Angela Merkel et tous ceux qui ont refusé de lui tenir tête sont en train de faire de l’Europe un protectorat chinois. L’ironie de la chose, c’est que si la Chine dispose de telles facilités financières ce n’est pas uniquement du fait du dynamisme de son économie mais aussi parce qu’elle a su garder la maîtrise se monnaie et en jouer pour favoriser ses exportations et ne pas être à la merci des marchés. Par attachement au monétarisme, l’Allemagne de Merkel offre sur un plateau la souveraineté des Etats européens à une nation anti-monétariste ! Comme le souligne si bien Valery Giscard d’Estaing, la première économie mondiale met sa tête sur le billot devant un pays au PIB trois fois moindre.

Car quelle sera la suite des évènements ? La Grèce a déjà fait défaut de la moitié de sa dette (A ce sujet, très peu de monde relève l’inefficacité des  plans d’austérité infligés depuis maintenant plus de deux ans au peuple grec …). Les banques européennes seront recapitalisées par des capitaux chinois. Mais maintenant, abandonnant la Grèce à son triste chemin vers le Tiers-monde, les marchés vont s’attaquer à la dette italienne. Et quand Rome ne sera plus en mesure d’honorer ses engagements il ne sera plus aussi simple d’imposer aux banques l’abandon de 50% de leurs créances, car ce seront les Chinois qui tireront les ficelles et qui imposeront leur bon vouloir au gouvernement italien. Et après l’Italie, à qui le tour ? La France ? Quand il s’agira de quémander aux Chinois l’abandon de 50% de leurs créances, que demanderont-ils ? Le Louvre ? Les Invalides ? L’abandon de notre siège au Conseil de Sécurité ? L’alignement systématique de notre politique étrangère sur la leur ? Et que l’Allemagne ne s’inquiète pas : son tour viendra car sa situation budgétaire et économique n’est guère meilleur que la notre et leurs exportations sont largement dépendantes de notre consommation.

Ne voyez pas ici un pamphlet contre le retour en force de l’Empire du Milieu. La Chine ne fait que jouer de l’incompétence et la faiblesse de nos dirigeants. Et elle a bien raison. L’Histoire jugera. Et elle n’est pas tendre avec les vaincus.

 

 

Envoyez vos questions et remarques à loeildebrutus@gmail.com ou laissez vos commentaires ci-dessous.

 



[1] La crainte irrationnelle de l’inflation pour les Allemandes provient de la République de Weimar mise en place après la 1ère guerre mondiale. A l’issue de ce conflit, la jeune république allemande était contrainte à payer de très forts dommages de guerre aux vainqueurs en mark-or, ce qui vida les coffres de sa banque centrale de ses dépôts de métal précieux. Or, à cette époque, la valeur de la monnaie se trouvait indexée sur les réserves d’or de la banque centrale. Celle-ci se retrouvant à sec, le mark se trouva conséquemment fortement déprécié entrainant une forte inflation totalement non maîtrisée et immaîtrisable et par suite une forte crise économique, encore amplifiée plus tard par la crise financière de 1929 aux Etats-Unis. Cette crise économique fut la lie de tous les extrémismes, à commencer par le nazisme. Les simplets de la lecture politique de l’histoire effectue donc un raccourci direct entre inflation et nazisme, alors que les causes qui ont amenées Hitler au pouvoir sont éminemment plus complexes et ne se limitent d’ailleurs absolument pas au domaine économique.

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