LES POLITICIENS FRANCAIS ET L'EUROPE (Circus Politicus 13/14)
CIRCUS POLITICUS
Les politiciens français et l’Europe.
En France, quasiment personne ne connaît Joseph Daul. Pourtant c’est un des politiciens français dont l’influence est la plus importante : il est le président du groupe PPE (parti populaire européen), le groupe majoritaire au Parlement européen. Autrement dit, rien ne se fait dans l’hémicycle sans passer par M. Daul (page 332). Dans le même registre, Jean-Paul Gauzès est un homme de pouvoir en tant que coordinateur des députés du PPE à la commission des Affaires économiques et monétaires au Parlement européen (pages 334-335). Pour cause : cette commission traite des questions de surveillance du secteur financier et il ne passe pas pour être très hostile aux banques, les lobbys du secteur faisant le siège de son bureau (page 336). En 2011, au classement mondial des personnalités les plus influentes dans les places financières, le Financial Centers International (FCI) l’a classé 92e(page 337).
Pour le reste, les eurodéputés français brillent surtout par leur absence : selon l’ONG Vote Watch, ils sont même les moins assidus (Rachida Dati, par exemple, se classe 729esur 732 députés) (page 338). Et les ministres français ne sont guère plus présents aux réunions du Conseil de l’Union (pages 354-355). En outre, il n’existe guère de cohérence entre ce qui se dit à Paris et ce qui se trame à Bruxelles ou à Strasbourg. Par exemple, lorsque Roselyne Bachelot se prononce pour les 20 semaines de congés maternité rémunérées à 100%, dans le même temps les eurodéputés UMP votent contre (page 357), avant que 8 mois plus tard, elle ne se ravise (page 358)
En dehors du Parlement européen, d’autres, par contre, ont compris tout ce que l’on pouvait « tirer » de l’Europe. Ainsi de Laurent Wauquiez, qui, quelques mois avant d’être nommé ministre des affaires européennes, organise un étranger dîner dans un club du très huppé quartier Mayfair de Londres. L’assistance : des financières français de la City, des banquiers influents, des gérants de fonds d’investissements. L’objet : le financement de son tout nouveau parti, Nouvel Oxygen (page 347). Ce même Laurent Wauquiez s'insurge en public d’un calendrier européen édité par la Commission et qui mentionne les fêtes religieuses hindoues, juives et musulmanes mais par les fêtes chrétiennes. Mais en tant que ministre aux affaires européennes, il s’était pourtant bien gardé d’interpeller la Commission européenne avant de faire son tapage médiatique (page 359).
Dans le domaine de l’agitation, les politiciens français ont été très forts pour vitupérer contre les affres de la finance. Qu’en a-t-il été dans les faits ? Lorsque l’on regarde en détails la transposition des directives et règlements européens dans les droits nationaux, l’on s’aperçoit que la France se montre bien plus libérale que le Royaume-Uni (page 360) ! Il faut également dire que le moyen le plus courant pour faire passer le droit européen dans la législation français n’est pas de passer par le Parlement : les gouvernements successifs ont préféré recourir aux ordonnances qui court-circuitent le débat parlementaire (page 368).