LES MEILLEURS DE L'OLIGARCHIE : LA CATEGORIE "HAUTS FONCTIONNAIRES"
LES HAUTS FONCTIONNAIRES ET LEUR
RECONVERSION
Jean-Marc Plantade
Ce conseiller de Christine Lagarde lorsque celle-ci était ministre des finances a sciemment utilisé sa position auprès de la
ministre pour faire pression sur les banques afin que celles-ci octroient un prêt, contre leur gré, à une entreprise dont il est un des principaux actionnaires (pages 23-24).
Jean-Charles Naouri
Directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy au ministère des finances (1984-1986), il va lancer un vaste mouvement de libéralisation
et de dérégulation de la finance, notamment via la création du Matif (marché à terme des instruments financiers, absorbé depuis par Euronext) et du Monep (marché des options négociables de
Paris). Et une fois cette libéralisation financière bien lancée, où part-il pantoufler ? Dans la banque que vient de créer David de Rothschild ! Depuis, Jean-Charles Naouri a fait son chemin
(grâce notamment au groupe Casino) et se classe au 55e rang des fortunes françaises (pages
89-90).
Patrick Ouart
Cet ancien magistrat a été le très influent conseiller pour les affaires judiciaires de l’Elysée de 2007 à 2009. Il quitte ce
poste pour entrer à LVMH, le groupe de luxe dirigé par un autre proche de Nicolas Sarkozy, Bernard Arnault. Mais il se dit qu’il continue
tout du même à avoir toute son influence sur les affaires judiciaires de l’Etat (page 97) …
François Pérol
Alors qu’il est secrétaire général adjoint de l’Elysée, ce proche de Nicolas
Sarkozy organise la fusion des Caisses d’épargne et des Banques populaires, avec la clé une injection de 4 à 5 milliards € par l’Etat. Une fois la fusion orchestrée, il prend la tête de
la nouvelle entité après, tout de même, que le Président ait quelque peu dû tordre le bras de la commission déontologie de la fonction publique pour que celle-ci ne réprouve pas ce pantouflage
grossier.
François Roussely
Cet ancien directeur de la police nationale (1989-1991) avait par la suite pris la tête d’EDF (1998-2004). C’est à lui que fin
2009, Nicolas Sarkozy commande un rapport sur la filière nucléaire française. Etant donné ses précédentes fonctions, c’est sans surprise
qu’il rend une copie extrêmement défavorable à Areva et Anne Lauvergeon. Mais il va encore plus loin. Alors qu’il est vice-président du Crédit Suisse, il n’hésite pas à recommander que les
activités minières d’Areva soient ouvertes à des capitaux extérieurs. Cela tombe bien, les Qataris, avec le fond d’investissements QIA, est très intéressé. Et qui est la banque conseil de
QIA ? … Le Crédit suisse ! Ce type de rapport est-il réellement fait pour prendre en compte l’intérêt national (pages 194-195) ?
Jean-Claude Marin
Ce haut magistrat est un champion de haut vol du retournement de veste. Pendant que Dominique de Villepin était premier ministre,
il s’est évertué à montrer, en tant que procureur de l’affaire, que celui-ci n’était pour rien dans les listings Clearstream. Mais une fois le vent tourné et le nouveau Président en place, il a
su se montrer créatif pour inventer un nouveau délit : « complicité par abstention ». Et même si cet imbroglio a aboutit à la relaxe de Dominique de Villepin, le zèle du magistrat
a été récompensé : il a été nommé procureur général de la Cour de cassation (page 22).
En fait, la complaisance avec les puissants semble une seconde nature pour ce magistrat. Il s’était montré ainsi un procureur très
conciliant avec Jean-Marie Messier dans une affaire de diffusion de fausse information aux marchés boursiers, ou encore avec les prévenus de
l’affaire « pétrole contre nourriture » pour qui il avait réclamé un non-lieu (page 223). De même a-t-il décidé de classer sans suite une affaire qui nageait en plein conflit d’intérêts
concernant François Pérol. Et lorsque Tracfin a découvert des mouvements douteux sur les comptes de Julien Dray, il n’a pas ouvert d’information judicaire et est même allé jusqu’à lancer une innovation juridique : proposer aux avocats de Julien Dray
de leur communiquer le dossier de l’enquête préliminaire (!) (page 224).
En outre, lorsque Jean-Claude Marin est chargé de l’affaire de la caisse noire de l’Union des industries et métiers de la
métallurgie (UIMM), il laisse tranquillement le délégué général de cet organisme, Denis Gautier-Savignac, rentrer chez lui après sa garde-à-vue sans ordonner de perquisitions, au grand dam des
policiers (page 225). Le 15 janvier 2008, M. Gautier-Savignac finit tout de même par être mis en examen. Et depuis … il ne s’est rien passé (pages 226-227) !
C’est également ce même magistrat qui se trouve à traiter de la fameuse affaire des fadettes du monde. Il n’a pas jugé utile de
demander à Orange les réquisitions adressées par la DCRI à l’opérateur pour obtenir ces fameuses fadettes (page 227).
Dov Zerah
Cet énarque courtisan du couple Chirac avait réussi à obtenir la gestion de la prestigieuse Monnaie de Paris, gestion dans
laquelle il s’est avéré peu perspicace : lorsqu’il a quitté le poste, en 2007, aucune commande de métal n’avait été passée depuis 6 mois, la gestion du patrimoine immobilier était ubuesque
et surtout l’institution venait d’être condamnée par la Conseil de la concurrence pour avoir outrageuse privilégié une entreprise privée de ses prestataires. Qu’à cela ne tienne ! Dov Zerah
a été avantageusement replacé à le Cour des comptes et lorsque Nicolas Sarkozy a été élu il a su se montrer bien en cour pour obtenir la tête de l’Agence française de développement (pages
232-233).
Pierre Richard : l’architecte de DEXIA.
Cet ancien haut fonctionnaire des Ponts et Chaussées a réussi à convaincre Jacques Chirac puis Edouard Balladur de privatiser le
Crédit local de France, une ancienne division raisonnablement prospère de la Caisse des dépôts et consignations, plus particulièrement chargée du financement des collectivités locales. Il
fusionne alors cet organisme avec son homologue belge, le Crédit communal, dans ce qui devient Dexia. Pierre Richard s’aventure alors sur tous les marchés financiers et en particulier aux
Etats-Unis où il acquiert la Financial Security Assurance (FSA), un assureur spécialisé dans les marchés financiers. Disposant d’une confiance sans limite en eux-mêmes, l’un de ses adjoints,
Anton Brender va jusqu’à déclarer « Les paniques bancaires à l’ancienne ont disparu grâce au dispositif d’assurance des dépôts mis en place pour
permettre de les éviter ». Mais l’histoire tourne mal : en octobre 2008, la France et la Belgique doivent renflouer de 6 milliards d’euros Dexia, plombée par la crise des
subprimes et ses investissements douteux outre-Atlantique. Pierre Richard s’éclipse alors, mais non sans bénéficier d’une retraite de 600 000 €
par an en plus de ses mandats d’administrateur chez Air France et EDF énergie nouvelles. Nicolas Sarkozy décide d’imposer comme successeur Pierre Mariani (pages 241-242).
Pierre Mariani : le fossoyeur de DEXIA ?
Diplômé d’HEC, Pierre Mariani est passé par l’inspection des Finances et a été directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy à Bercy (1993-95). C’est le même Nicolas Sarkozy qui l’appelle au chevet de Dexia en 2008. Alors que la banque est loin d’être sortie
d’affaire, il s’accorde une augmentation de près de 50% (de 825 000 à 1,2 million d’euros annuel) plus une prime de 600 000€. En juillet 2011, il ose affirmer que les résultats de la
banque devraient dépasser 1,4 milliards d’euros en 2014, mais il omet de mentionner qu’elle a conservé 100 milliards d’euros d’actifs toxiques. A la fin de l’été, c’est le grand plongeon :
Dexia accuse 4 milliards d’euros de pertes (pour 2011, les pertes atteindront finalement 11,6 milliards d’euros). Pourtant, Pierre Mariani n’a pas à
s’en faire : il est toujours membre du conseil d’administration d’EDF et fin 2011 son nom a été murmuré pour prendre la tête de la Caisse des Dépôts et Consignations (pages
243-244).
Cédric de Lestrange
Cet énarque s’occupait de la politique immobilière de l’Etat au cabinet du ministre du budget puis a tiré sa référence pour
devenir directeur adjoint à la direction immobilière d’entreprise de Bouygues immobilier. Sans que cela ne choque personne (page 322).
Raymond Soubie
Cet ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a parfaitement réussi sa
reconversion en créant Alixio, un cabinet de conseil en ressources humaines. Premiers contrats décrochés : le ministère de l’Education nationale et EDF. Il faut dire que Raymond Soubie avait
joué les entremetteurs à l’Elysée pour qu’Henri Proglio, le patron d’EDF, obtienne une mission sur « la formation en alternance ».
Simple renvoi d’ascenseur (page 339) ?
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