LES MEILLEURS DE L'OLIGARCHIE DANS LA CATEGORIE "PATRONS"
Cet article est à insérer dans une série d’articles s’appuyant sur mes notes issue des la lecture de L’Oligarchie des incapables, de Sophie Coignard et Romain Gubert. Il ne dispense bien sûr en rien de la lecture de cet excellent ouvrage qui permet de bien comprendre comment une partie significative de notre « élite » a abandonné le service du bien commun.
LES PATRONS
Le littoral breton privatisé
Sur la petite commune de Fouesnant (Finistère), 4 grandes fortunes (Vincent Bolloré, Robert Lascar[i], Anne-Claire Tainttinger et les Cabri-Wiltzer) se sont littéralement et au mépris de la loi accaparés toute une partie d’un des littoraux les plus prisés de France (Beg-Meil) qui en est devenu interdit aux quidams. Les associations locales ont beau se démener, rien n’y fait (page 18).
Henri Proglio : un oligarque à la russe ?
Henri Proglio a présidé aux destinées de Véolia de 2002 à 2009. Bien que l’Etat en soit faiblement actionnaire[ii], le leader mondial des services collectifs (gestion du cycle de l’eau, gestion et valorisation des déchets, gestion de l’énergie et transport des personnes) n’en bénéficie par moins des largesses. Ainsi, un discret et petit décret sur les prix de revente de l’électricité lui permet d’accroître sensiblement ses revenus, même si cela coûte 1 milliards € à EDF (détenu – lui – à 85% par l’Etat …) et à ses abonnés (page 45). Lorsque quelques fonctionnaires tatillons commencent à vouloir remettre en cause les exubérants avantages accordés à Véolia, via sa filiale Dalkia, Henri Proglio n’hésite pas à faire le tour des ministères et à alerter l’Elysée tout en se montrant menaçant : si son privilège saute, il augmentera les prix du chauffage dans les HLM. Ses relais francs-maçons sont également activés. Christian Poncelet¸ président du Sénat, convie l’un des fonctionnaires au palais du Luxembourg. Les ministres de l’Industrie et de l’Economie, François Loos et Thierry Breton, en font de même. Et les fonctionnaires doivent finir pas se soumettre (pages 314-315).
Sophie Coignard et Romain Gubert détaillent également un coup de téléphone surréaliste entre la patron de Véolia et le sulfureux Alexandre Guérini dans lequel il s’agit d’aider le frère du président (PS) du Conseil général des Bouches-du-Rhône à sortir de ses ennuis avec la justice et les médias (page 186). A noter qu’Alexandre Guérini a également été un employé de « Monsieur Henri », tout comme le grande frère Jean-Noël, et que Véolia a grandement contribué, par des jeux d’achat-revente de sociétés, à la fortune des Guérini (page 189).
Henri Proglio ne fait pas dans le sectarisme politique : il est également proche de Rachida Dati (page 188).
Louis Schweitzer
Le président de la branche internationale du MEDEF est un champion des cumuls de revenus. Et dans ce registre, il n’y a jamais de petits profits. Sa rétribution en tant que président de la HALDE[iii]était certes modeste (6 700€/mois bruts), mais il pouvait la cumuler avec une confortable retraite de Renault, plus d’un million de livres sterling par an comme président non exécutif de AstraZeneca et des jetons de présence chez Volvo, BNP, EDF, L’Oréal, Philips … Ce qui ne l’a pas empêché de négocier bec et ongles une augmentation en tant que vice-président du conseil d’administration de Véolia (pages 95-96).
Ernest-Antoine Seillière
L’ancien patron du MEDEF a mené l’entreprise familiale (le groupe Wendel) au bord de la faillite dans une douteuse affaire de rachat de Saint-Gobain, qui a échoué mais pour laquelle il s’était préparé une juteuse prime d’intéressement. A l’intérieur du groupe, il a également crée la Caisse de retraite des petits-fils de François de Wendel qui lui assure 800 000€/an au titre d’ancien dirigeant, sans compter sa rémunération de dirigeant non-exécutif. De plus, un redressement fiscal lui a été notifié en décembre 2010. Etrangement, l’administration fiscale ne fait pas preuve dans ce dossier de la diligence qu’on lui connaît habituellement puisque plus d’un an après, aucun recouvrement n’a été initié (pages 108-119).
François de la Brosse
François de la Brosse est le patron de l’agence de communication ZNZ. Mais surtout, son épouse est une proche de Cécilia Sarkozy. Ce qui lui a permis d’être introduit à l’Elysée et même d’y obtenir un bureau et un secrétariat. Et surtout, lorsque son groupe traverse des difficultés financières et que les banques rechignent à lui prêter, il lui suffit de se tourner vers la Caisse des Dépôts et Consignations pour obtenir un financement. Ah ! Ce cher livret A des Français (page 310) !
Jacques Saadé
Cet armateur libanais était un ami intime de Rafic Hariri, lui-même très proche de Jacques Chirac. Faut-il y voir un lien avec le fait qu’il ait obtenu la CGM (Compagnie général maritime) pour la moitié de sa valeur lors de sa privatisation ? (page 316).
Jean-Luc Lagardère
Le défunt patron du groupe Lagardère avait obtenu un fabuleux cadeau de Dominique Strauss-Kahn lors de la création d’EADS : lors de la fusion d’Aérospatiale (valorisé entre 15 et 20 milliards d’euros) et des activités industrielles du groupe (évaluées à 2 milliards d’euros), Jean-Luc Lagardère à réussi le tour de force d’obtenir 30% des actions du nouvel ensemble (page 316).
[i] Patron d’un holding regroupant Eurodif, Bouchara, Burton, etc.
[ii] La Caisse des Dépôts et Consignations dispose de 9,2% des actions cotées de Véolia.
[iii] Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité.