LES « FASCISTES » ET LA LOI DE 1973
LES « FASCISTES » ET LA LOI DE 1973
Dans un article paru la semaine dernière sur le site du Monde, (La "loi Pompidou, Giscard, Rothschild" votée en 1973 empêcherait l'Etat de battre monnaie), M . Beitone adopte une démarche intellectuelle typique de l’hypocrisie et des mensonges de la gauche libérale. Dans cet article, il affirme que la loi de 1973 ne saurait être à l’origine de la crise actuelle puisqu’elle a été abrogée en 1994 suite au traité de Maastricht.
Mais ce qu’il ne dit pas – et que pourtant qu’il ne saurait ignorer – c’est que si cette loi a été abrogée c’est que justement le traité de Maastricht la rend caduque en confirmant lui aussi l’interdiction à l’Etat d’emprunter auprès de sa banque centrale. 1994 marque donc non pas la fin de la loi de 1973 mais bien son prolongement par un traité européen. Et la loi de 1973 marque donc bien le début pour l’Etat de l’impossibilité de financer sa dette à moindre frais auprès de sa Banque centrale. On ne saurait, de plus, ne pas être pour le moins surpris par la déclamation de M. Beitone qui affirme qu’à l’époque il était moins couteux de se financer auprès des marchés : il est pourtant difficile de concevoir moins couteux qu’un prêt gratuit. Le sens de la loi de 1973 est bien de placer l’Etat dans les mêmes contraintes que les autres acteurs (privé) de l’économie. Plus que tout autre chose, c’est bien sur ce point qu’elle outrageante : elle place l’intérêt général au même niveau que l’intérêt privé. Mais cela, M. Beitone feint de l’ignorer.
Il est donc scandaleux que ce professeur de sciences économiques et sociales – et le journal Le Monde en le publiant – joue sur la méconnaissance des faits du lecteur pour l’induire en erreur. Mais il y a encore plus ignominieux : M. Beitone assimile à l’extrême droite tous ceux qui dénoncent la loi de 1973 comme un inadmissible abandon de souveraineté. Schéma rhétorique habituel de la pensée unique et du terrorisme intellectuel libéraux : toux ceux qui ne partagent pas leurs vues sont extrémistes voire fascisants. La gauche libérale n’a donc toujours pas compris comment la diabolisation de toute idée émie ou partagée par le Front national ne faisait que renforcer ce dernier. Comme dans bien d’autres domaines (la sécurité, l’immigration, le patriotisme, la souveraineté du peuple, la citoyenneté, etc.), cette gauche là abandonne des pans entier du débat public à l’extrême droite. Comment d’étonner alors que les électeurs désespérés par des décennies de politiques libérales (quand elles ne sont pas ploutocratiques et clientélistes) utilisent leur vote pour marque leur révolte contre ces abandons ? Il est plus que temps qu’une autre partie du spectre politique que celle héritière d’une forme abjecte de nationalisme, qui a fait tant de mal à la France, se positionne sur ces points. Cette autre partie du spectre existe bien. Mais il est bien rare qu’elle puisse bénéficier d’une tribune dans un journal d’une telle audience que Le Monde.
Certes, en fin d’article M. Beitone finit bien, à mots couverts, par admettre que la monétisation de la dette pourrait jouer un rôle (« Certes, la science économique nous enseigne que la création de monnaie joue un rôle essentiel pour assurer la croissance ») mais selon lui la priorité demeure « la nécessaire prise en compte des contraintes de financement liées, notamment à la répartition plus ou moins équitable des revenus ». Il admet donc l’impérative nécessité d’une réforme de la fiscalité. Et sur ce point, je suis bien d’accord (lire Pour une réforme radicale de la fiscalité), cependant on aimerait en savoir plus sur les intentions de la gauche libérale sur le sujet. Celle-ci, comme souvent, demeure dans le flou sur le sujet ce qui laisse probablement augurer l’immobilisme habituel. Mais surtout, comme je l’ai dit par ailleurs (lire La rigueur jusqu’en 2055), un simple retour à l’équilibre des comptes publics ne suffira pas à nous sortir de l’ornière.
Rajout du 14/01 : parallèlement, Laurent Pinsolle a également répondu à l'article deM. Beitone : http://www.gaullistelibre.com/2012/01/le-mauvais-proces-fait-la-critique-de.html
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