LE PRESIDENT A 300 MILLIONS € / JOUR (1/3)
300 millions
d’euros par jour[i]. C’est ce que nous a coûté le quinquennat de M. Sarkozy si l’on se réfère à la une quelque peu
tapageuse de l’hebdomadaire Marianne[ii]. Un chiffre qui fait tourner la tête mais qui mérite une analyse plus approfondie. Pour ma part
relativement sceptique devant cette façon d’évaluer des éléments issus de l’activité humaine uniquement par les chiffres[iii], j’aurais néanmoins tendance à prendre au mot le Président qui s’est proclamé homme de résultats et
chantre de la politique du chiffre.
Le tableau donné sur ce lien
donne l’évolution de la dette de la France (en valeur absolue et en pourcentage du PIB) ainsi que le taux de croissance depuis
1981[iv]. Parallèlement sont reportés les Présidents de la République et les 1erMinistres au 31 décembre de l’année de référence.
On note bien sûr au premier regard qu’en valeur absolue la dette n’a jamais cessé de croître sur la période étudiée. Si on
raisonne en ratio de PIB, elle n’a décrut qu’à cinq occasions (1988, 1999, 2000, 2001 et 2006). On remarque ainsi que Lionel Jospin est le seul 1er Ministre à avoir fait décroitre de manière durable l’endettement du pays[v], ce qui invalide d’emblée les procès de mauvais
gestionnaire régulièrement lancé par l’UMP au PS[vi]. La performance de
Dominique de Villepin, seul 1er Ministre à avoir contracté l’endettement public en rapport au PIB de manière
significative en une année, mérite également d’être soulignée.
Qui sont les « moins mauvais » ?
années
|
Evolution de la dette par rapport
à l'année précédente en Mds€ |
Président
de la République (au 31/12 de l'année) |
1er Ministre
(au 31/12 de l'année) |
2006
|
4,6
|
Chirac
|
de Villepin
|
1981
|
17,9
|
Mitterrand
|
Mauroy
|
1999
|
18,5
|
Chirac
|
Jospin
|
2000
|
21,4
|
Chirac
|
Jospin
|
1991
|
21,5
|
Mitterrand
|
Cresson
|
1986
|
21,6
|
Mitterrand
|
Chirac
|
1988
|
21,6
|
Mitterrand
|
Rocard
|
1983
|
24,5
|
Mitterrand
|
Mauroy
|
2001
|
26
|
Chirac
|
Jospin
|
1985
|
26,3
|
Mitterrand
|
Fabius
|
Le tableau ci-dessous fait apparaître les dix moins mauvaises années d’évolution de la dette en valeur absolue.
Avec une certaine surprise, les 1er Ministres de gauche sont largement majoritaires[vii]. On pourrait même exclure la première année de 1er ministre de Jacques Chirac (1986) du fait que près de la moitié de l’année a été gouvernée par la gauche et qu’il a bénéficié de
la situation de son prédécesseur. On relève là aussi que Dominique de Villepin est le seul 1er Ministre de
droite à pouvoir se targuer d’un bilan flatteur sur ce registre, et qu’il est même le seul
1er Ministre depuis 30 ans à avoir connu un exercice budgétaire quasiment à
l’équilibre(2006) avec une augmentation de la dette en valeur absolue de seulement 4,6 Mds€.
Si l’on raisonne en ratio du PIB (tableau ci-dessous), les conclusions demeurent globalement les mêmes.
années
|
Evolution en ratio du PIB par rapport
à l'année précédente (en %) |
Président
de la République (au 31/12 de l'année) |
1er Ministre
(au 31/12 de l'année) |
2006
|
-2,7
|
Chirac
|
de Villepin
|
2000
|
-1,5
|
Chirac
|
Jospin
|
1999
|
-0,6
|
Chirac
|
Jospin
|
2001
|
-0,4
|
Chirac
|
Jospin
|
1988
|
-0,1
|
Mitterrand
|
Rocard
|
1998
|
0,1
|
Chirac
|
Jospin
|
2007
|
0,1
|
Sarkozy
|
Fillon
|
1986
|
0,5
|
Mitterrand
|
Chirac
|
1989
|
0,7
|
Mitterrand
|
Rocard
|
1991
|
0,8
|
Mitterrand
|
Cresson
|
Le tandem Sarkozy-Fillon apparaît ici avec une année presque stable pour le début de leur mandat (2007). Mais là aussi, on peut
reprendre l’argument donné pour Jacques Chirac (année 1986) précédemment : le prédécesseur de M. Fillon a été aux commandes pendant près de la moitié de l’année et s’est d’ailleurs déjà
illustré par un exercice budgétaire réussi l’année précédente, ce qui n’a pas été le cas par la suite ….
Pour lire la suite : cliquer ici
[i] Plus exactement 293 millions d’euros. Soit 12 millions d’euros toutes les
heures et 200 000 euros par seconde …
[ii]L’hebdomadaire annonce que la dette publique française s’est accrue de 500 Mds€ depuis
l’élection de M. Sarkozy. Sur les exercices budgétaires de 2007 à 2011, le chiffre est de 535,8 Mds€.
[iii] Le PIB est ainsi, par exemple, un indicateur très relatif. On peut reprendre
l’exemple de Keynes : si on payait la moitié des chômeurs à creuser des trous, et l’autre moitié à les reboucher, on obtiendrait de fantastiques chiffres de croissance. Plus
concrètement, une usine qui pollue contribuera à la création de valeur ajoutée, sans décompte de la pollution générée. L’entreprise chargée de nettoyer la pollution générée par la première
additionnera sa valeur ajoutée à la valeur ajoutée totale et sera donc elle aussi comptabilisée dans le PIB.
[iv]Sources : http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&id=159et http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF08318 (chiffres de 2011 en attente de consolidation)
[v] M. Jospin a toutefois bénéficié d’une conjoncture économique très favorable (le boom
des nouvelles technologies) avec des croissances de 3,3% en 1999, 3,7% en 2000 et 1,8% en 2001.
[vi] Sans pour autant exempter celui-ci de responsabilités dans la crise
actuelle. N’oublions pas que la déflation compétitive et la politique monétariste a été initiée par le gouvernement Mauroy (avec Jacques Delors comme ministre des finances) puis régulièrement
suivie par tous les gouvernements qui lui ont succédé. De même, les principales mesures de dérégulation financière ont été le fait de gouvernements dits de gauche, notamment sous l’impulsion
de Jacques Delors (ministre des finances), Pierre Bérégovoy (ministre des finances puis 1erministre) et Dominique Strauss-Kahn (ministre des
finances du gouvernement Jospin).
[vii] Sur la période 1981-2011, il y a une 15 années de gouvernements de gauche et 16
années de gouvernements de droite.
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