LE MINISTERE « DES DROITS DES FEMMES », CETTE ABERRATION
LE MINISTERE « DES DROITS DES FEMMES », CETTE ABERRATION
Le gouvernement Ayrault a réussi ce tour de force, en pleine crise économique et avec un chômage galopant, de former un gouvernement de près de 40 ministères. Il a beau jeu ensuite de jouer les comptables exemplaires en affirmant qu’il réduit les rémunérations des ministres et limite le nombre de leurs collaborateurs (les effectifs des cabinets ministériels) à 15 (ce qui est encore bien trop !). Si ce gouvernement n’atteint pas un record sous la Ve République (égalant en cela les républiques bananières dans lesquelles il pousse des ministères comme de la mauvaise herbe dans une jachère), il ne doit pas en être loin. Soumis dans le même temps (contrairement aux engagements de campagne), au non remplacement d’un départ sur deux, simple continuité de la RGPP néolibérale sarkozienne, les fonctionnaires d’Etat apprécieront[i]. Quant aux salariés du privé qui subissent la multiplication des plans sociaux, on ne songera même pas à leur demander leur avis. Il paraît que la présidence « normale » se devait d’être exemplaire …
Les appellations de ces nouveaux ministères peuvent également laisser pantois, la palme revenant bien sûr au « ministère du redressement productif », vite devenu, assujettissement aux dogmes néolibéraux oblige, le ministère de l’effondrement productif, ô combien symbolique du renoncement, pour ne pas dire de la trahison, de son titulaire à ses vœux de « démondialisation ». M. le Président a ici bien retenu les leçons de lecture de Machiavel de son mentor et prédécesseur, François Mitterrand : le bourguignon démondialisateur s’en trouve rocardisé et n’est pas prêt de venir rejouer les troublions aux prochaines échéances présidentielles. Il est désormais démontré que M. Montebourg est de ses hommes que l’on achète avec un hochet, pourvu qu’il brille des feux des palais de la République. Quant à la productivité gouvernementale en elle-même, hormis les questions sociétales de seconde zone et les grelots d’agitation stérile, elle semble entièrement frappée d’aboulie dès lors qu’il s’agit de traiter les questions de fond qui pourraient améliorer la vie des Français (la fiscalité, la dette publique, l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, la réforme des collectivités, etc.).
Mais il est un ministère qui attire l’attention plus que d’autres : le ministère des droits des femmes. Pour sa titulaire tout d’abord : jeune, belle, avec quelques accents exotiques, voilà qui suffit amplement à faire une belle carrière politique de nos jours. Une Rachida Dati ou une Rama Yade de gauche, en somme. Mais c’est néanmoins l’intitulé de sa charge qui surprend le plus. « Les droits des femmes » : cela sous-entend-il qu’ils sont différents de ceux des hommes ? Est-ce un appel à la discrimination, fût-elle positive ? Un ministère de la lutte contre les discriminations (négatives et bien réelles pour le coup) qui se trouvent être multiples tant de par leurs lieux que leurs formes et leurs types de victimes, eut été à la rigueur compréhensible. Mais le « droits des femmes » ? Doit-on prochainement s’attendre à une « déclaration universelle des droits de la femme » faisant éclater la supérioté d’un genre sur l’autre, comme une revanche après des millénaires de misogynie ? Et si chaque communauté susceptible de faire l’objet de discriminations doit bénéficier de son ministère, alors à quand le ministère des droits des Beurs ? des droits des Noirs ? des droits des Jeunes ? des droits des Vieux ? des droits des Juifs ? des droits des Gays et Lesbiennes ? des droits des Roms (pour ce dernier, une direction collégiale Valls-Hortefeux-Guéant s’impose) ? des droits des militants du Modem ? des droits des Blondes ? des droits des mâles blancs hétérosexuels quarantenaires (il faut bien qu’ils en aient un à la fin puisqu’ils seront victimes de toutes les autres discriminations positives) ? des droits des crypto-trostkystes (aucun patron ne veut les embaucher et c’est une espèce en voie de disparition) ? des droits des amis de Nicolas Sarkozy ?
Bref. Les femmes ont beau représenter la moitié de la nation, créer un ministère dédié à leurs droits est faire œuvre de communautarisme et donc, in fine, se moquer de leurs droits, supposés ainsi différents de ceux des autres communautés. Mais ne nous trompons pas : il s’agit avec ce ministère, comme d’ailleurs avec à peu près tous les autres sujets, qu’agitation, tapages et occupations du terrain médiatiques. Pour les décisions, les actes et les réalisations concrètes, on repassera. Gageons que les féministes, ou du moins ce qu’il en reste, ne se feront pas leurrer par un tel paravent.
[i] Ceux des collectivités locales, qui voient fleurir à tout va les postes les plus abracadabrantesques (comme les 42 vice-présidents de l’agglomération de Perpignan !), de devraient eux pas être trop dépaysés. Article à venir sur ce sujet.