LA RIGUEUR JUSQU’EN 2055 !
LA RIGUEUR JUSQU’EN 2055 !
C’est ce que nous promettent tous les thuriféraires de l’équilibre des comptes publics par le biais de la rigueur budgétaire. Plus de 40 ans de rigueur !
Le lecteur voudra bien trouver ci-dessous un tableau d’amortissement d’une dette de 1700 milliards € (le montant actuel estimé de la dette publique française, probablement inférieur à la réalité …). Le principe de cette simulation effectue des simplifications quelque peu grossières (négligeant par exemple les effets de l’inflation et les variations de croissance). Mais il prend aussi des hypothèses résolument optimistes :
- Un retour à l’équilibre des comptes en 2015 (ce qui est loin d’être gagné) et un maintien de cet équilibre pendant 40 ans..
- Un taux moyen d’emprunt maintenu à 3,5 % (ce qui, étant donné la très probable prochaine dégradation de la note française, est aussi loin d’être gagné).
Qu’on se le dise enfin : l’assainissement des comptes publics par simple équilibre des comptes est soit un mensonge, soit une sèche condamnation pour le peuple français à avaler au moins 4 décennies durant l’amère potion de la rigueur tout en voyant le rôle de leur Etat – et en particulier sa dimension sociale – continuellement décroître.
Que des libéraux qui conçoivent le rôle de l’Etat que comme un simple garant de sécurité puissent défendre une telle position se conçoit. Encore faudrait-il qu’ils aient l’honnêteté et la franchise de clamer publiquement la mort de l’Etat-providence, ce qui n’est pas le cas de l’actuel gouvernement.
Que des chrétiens-démocrates, comme François Bayrou, osent prétendre que c’est justement la rigueur qui permettra de conserver un Etat capable d’assumer son rôle relève de l’argument franchement fallacieux.
Mais que les soi-disant sociaux-démocrates du parti socialiste s’y mettent aussi relève soit de la fumisterie soit carrément du foutage de gueule. Et je ne relèverait même pas la position d’Europe-écologie-les verts qui ne jure que par le fédéralisme européen dans une Europe très majoritairement gouvernée par la droite libérale et surtout entièrement soumise aux dogmes néolibéraux et autres applications zélées du consensus de Washington[1].
Alors que faire ?
Face à l’impasse de la rigueur, il ne reste alors que deux alternatives :
- Faire défaut sur la dette et entraîner une crise systémique (notamment faillites des banques et disparition des dépôts des particuliers) totalement immaîtrisable. Ce défaut entraînera de plus par la suite une crise de confiance des marchés qui se refuseront très probablement à se remettre à financer nos déficits publics. L’Etat se trouvera alors dans l’impossibilité de financer un quelconque projet d’investissement d’avenir.
- Monétiser la dette. Sur le sujet, cliquer ici.
Lors des prochaines échéances électorales, il nous faudra alors clairement faire nos choix.
Si vous êtes libéral et estimez qu’à terme l’Etat doit disparaître pour laisser les forces du marché nous guider via leur « main invisible » pendant que notre niveau de protection sociale (et probablement nos salaires) se mettront au niveau de la Chine (on remarquera au passage que pendant ce temps celle-ci fait les choix inverses), alors pas de difficultés, les candidats de la rigueur sont faits pour vous.
Mais si vous pensez que notre nation – et notre niveau de vie – ne sauraient perdurer sans la présence d’un Etat régulateur (ce qui n’induit pas forcément un Etat encourageant l’assistanat), alors vous devrez accorder votre vote à un candidat qui se prononce clairement et ouvertement en faveur de la monétisation.
Année |
capital restant dû |
2015 |
1700 |
2016 |
1679,5 |
2017 |
1658,2825 |
2018 |
1636,322388 |
2019 |
1613,593671 |
2020 |
1590,06945 |
2021 |
1565,72188 |
2022 |
1540,522146 |
2023 |
1514,440421 |
2024 |
1487,445836 |
2025 |
1459,50644 |
2026 |
1430,589166 |
2027 |
1400,659786 |
2028 |
1369,682879 |
2029 |
1337,62178 |
2030 |
1304,438542 |
2031 |
1270,093891 |
2032 |
1234,547177 |
2033 |
1197,756328 |
2034 |
1159,6778 |
2035 |
1120,266523 |
2036 |
1079,475851 |
2037 |
1037,257506 |
2038 |
993,5615186 |
2039 |
948,3361718 |
2040 |
901,5279378 |
2041 |
853,0814156 |
2042 |
802,9392652 |
2043 |
751,0421394 |
2044 |
697,3286143 |
2045 |
641,7351158 |
2046 |
584,1958449 |
2047 |
524,6426994 |
2048 |
463,0051939 |
2049 |
399,2103757 |
2050 |
333,1827389 |
2051 |
264,8441347 |
2052 |
194,1136794 |
2053 |
120,9076582 |
2054 |
45,13942625 |
2055 |
0 |
Formule : |
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[1] Proposé par l’économiste John Williamson et largement inspiré des thèses néolibérales de l’école de Chicago, le consensus de Washington propose 10 points à appliquer aux économies d’Etat en difficulté :
- Stricte équilibre des comptes de l’Etat (pas de relance keynésienne) ;
- Réorientation des dépenses publiques vers des secteurs offrant à la fois un fort retour économique sur les investissements, et la possibilité d'améliorer les inégalités de revenu (soins médicaux de base, éducation primaire, dépenses d'infrastructure) ;
- Réforme fiscale anti-redistributive ;
- Libéralisation des taux d'intérêt ;
- Un taux de change unique et compétitif ;
- La libéralisation du commerce extérieur ;
- Elimination des barrières aux investissements directs de l'étranger ;
- Privatisation des monopoles ou participations ou entreprises de l'État, qu’il soit — idéologiquement — considéré comme un mauvais actionnaire ou — pragmatiquement — dans une optique de désendettement ;
- La déréglementation des marchés ;
- La protection de la propriété privée, dont la propriété intellectuelle.
Le consensus de Washington a été imposé par le FMI aux Etats qui ont du avoir recours à ses prêts, avec des conséquences le plus souvent catastrophiques, notamment en Amérique latine.