COMPRENDRE LA NON VIABILITE DE LA ZONE EURO (3/6)
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3e PARTIE
S1 ou S2, où en sommes-nous ?
Ceci surprendra peut-être certains lecteurs mais nous appliquons quotidiennement S1. En France, l’Etat et les collectivités organisent des transferts financiers vers les régions économiquement défavorisées (ce qui induit que les régions favorisées « payent » pour elles) sans que personne (ou presque) n’y trouve à redire. De même, des zones à la fiscalité d’entreprise plus légères sont crées afin d’encourager les entreprises à y investir. En France, on pourrait dire que Pylome, c’est la Seine-Saint-Denis, la Lorraine ou encore certains DOM-COM pendant que Therul symbolise les zones économiques et/ou industrielles dynamiques de Toulouse, de Grenoble ou des Yvelines. Pour que S1 soit applicable, il faut simplement en revenir au postulat de départ : se concevoir comme un peuple unit, c'est-à-dire qu’à travers une identité et des valeurs communes, ce peuple s’imagine un avenir commun. Cela se décline bien sûr au niveau de la solidarité entre région, mais aussi – et surtout – de la solidarité entre individus. Lorsque l’on partage une identité, des valeurs et un avenir communs, les plus aisés conçoivent à abandonner une partie de leurs richesses au bénéfice de ceux que la vie a plus durement touché (sécurité sociale, retraite, chômage), ce qui n’induit nullement l’assistanat qui relève d’une autre démarche[i].
C’est d’ailleurs à ceci que l’on voit la profonde contradiction qui touche les proclamations de la droite libérale, dite parfois « populaire » : elle revendique un discours sur la patrie et la nation tout en tenant un discours de darwinisme social qui fustige les plus défavorisés et les exclut en conséquence du « vivre-ensemble » (lire Les chômeurs ces profiteurs). On retrouve la même contradiction dans toute une partie de la gauche (et tout particulièrement chez Europe écologie les Verts) qui stipendie la nation au nom d’un internationalisme puéril tout en revendiquant davantage de solidarité. Mais peut-on vraiment imaginer une solidarité sans citoyens désirant « vivre-ensemble » ?
[i] L’assistanat relève d’une démarche intellectuelle opposée à la solidarité. Celle-ci consiste à donner au malade les moyens de se soigner, au retraité de vivre dans la dignité et au chômeur de quoi retrouver un emploi tout en lui permettant de subvenir à ses besoins élémentaires. A contrario, l’assistanat ne s’inscrit absolument pas dans une démarche de dignité : il consiste à acheter la paix sociale en distribuant quelques subsides aux plus démunis. Il est la marque de fabrique de la « gauche caviar », ce qui est bien logique : en sacralisant l’individu, celle-ci ne croit plus depuis longtemps à la nation et à ses deux corolaires : la solidarité et la République. Mais ne nous y trompons pas : la logique d’assistanat sied également très bien à toute une frange de la droite qui sacralise elle-aussi l’individu et se satisfait très bien de l’exclusion de fait d’une partie de la population de la nation, pourvue qu’elle ne porte pas atteinte à la bonne marche des affaires.