AU NOM DE LA LIBERTE
Aujourd'hui on évoque la liberté pour tout et pour rien, et surtout pour protéger sa propre fatuité, sa propre vacuité, son propre égoïsme et son propre hédonisme matérialiste.
Au nom de la liberté, on exige de pouvoir vendre tout et n'importe quoi (notamment – et surtout – à ceux qui ne sont pas capables de comprendre ce qu'on leur vend),
Au nom de la liberté on laisse des enfants devenir des sauvageons (pour "qu'ils s'éveillent par eux même"),
Au nom de la liberté on laisse n'importe qui insulter la Foi des autres,
Au nom de la liberté on interdit toute tribune publique à ceux qui sont décrétés politiquement incorrects par la pensée unique,
Au nom de la liberté on laisse les médias aux mains des groupes financiers sans même se rendre compte qu'ils ne servent plus qu'à défendre les intérêts de ces derniers,
Au nom de la liberté on légifère sur tout et n'importe quoi,
Au nom de la liberté la télévision vend du temps de cerveau à Coca-cola,
Au nom de la liberté, il est interdit de véritablement parler d’éthique et de morale puisque notre liberté doit être absolue et ne concerne que notre individu,
Au nom de la liberté on privatise les biens communs pour laisser la finance faire tout et n'importe quoi,
Au nom de la liberté on se gargarise d’un abruti qui se torche avec un drapeau en appelant ça de l’Art,
Au nom de la liberté, on est anticonformiste par conformisme,
Au nom de la liberté la bêtise a tous les droits et toutes les arrogances pendant que la pensée individuelle et originale est jugée suspecte,
Et au final, au nom de la liberté, on se retrouve avec une immense somme d'individus, désespérément seuls, infantilisés, narcissiques et déresponsabilisés, enfermés et repliés sur leurs pauvres petit plaisirs égoïstes et esclaves de leurs vices.
Cette liberté là est une liberté fausse, mensongère, totalitaire. Tout comme était fausse, mensongère et totalitaire l'égalité des communistes. Et comme chez les communistes, elle ne fait qu’aboutir à l’horizon indépassable de l’ « homo oeconomicus » matérialiste.
Pour les plus naïfs, cette liberté-là est une liberté de potache fainéant concentré sur son hédonisme matérialiste.
Pour ceux qui se voilent la face, elle est une excuse à son égoïsme et sa propre lâcheté.
Mais pour les réalistes cyniques qui savent qu’elle est un leurre et invoquent pour autant son nom à chaque occasion, elle est un formidable instrument de domination de tous les autres.
Platon l'annonçait déjà : "L’excès de liberté ne peut tourner qu’en excès de servitude".
Liberté, je chéris ton nom mais honni soit qui le galvaude pour faire de l’homme un animal asocial asservi à sa propre, absolue et ultime jouissance.
La liberté se chérit et se défend, elle ne s’idolâtre pas.
Illustration : La métamorphose de Narcisse de Salvador Dali.