De la « manif pour tous » à « nuit debout » : un même combat
Le plus souvent, ils l’ignorent ou refusent de l’admettre. Pourtant, le jour où ceux-ci et ceux-là le reconnaîtront, nous ferons ce grand pas en avant salvateur. Car les uns comme les autres sont unis pas un même combat : le refus de l’idéologie matérialiste qui place l’intérêt individuel au-dessus de tout et surtout du collectif. Les uns et les autres rejettent une société dans laquelle tout se monnaie, tout se paie, à commencer par l’être humain. Les uns et les autres relèvent de cette démarche humaniste qui consiste à clamer que l’homme « vaut mieux que ça ». Les uns et les autres estiment que le cadre qui régit notre vie en collectivité, la loi exprimée par le peuple souverain, ne saurait être subordonnée à des logiques de contrats entre individus.
Or, si le « mariage pour tous », c’est l’accès facile à l’enfant par contrat, la loi El Khomri c’est l’accès facile au licenciement par contrat. Dans l’un comme dans l’autre, l’homme se prend, se consomme et se jette. Quand nous clamons « nous valons mieux que ça », c’est un refus de l’économisme et du consumérisme qui font de l’humain une marchandise. Mais alors, ce doit aussi être le rejet de la transformation de l’enfant en objet que l’on affecte, voire que l’on achète, selon les désirs de chacun.
De même que de par le « mariage pour tous » le simple contrat marital se substitue à la Loi naturelle pour définir ce qu’est la famille, la loi El Kohmri prétend placer le contrat d’entreprise au-dessus des lois démocratiques. L’un comme l’autre décrivent l’atomisation de la société au profit de l’individu-roi. L’un comme l’autre consacrent le règne de l’argent et des intérêts particuliers au détriment de la collectivité.
Au contrat pour tous substituons donc la loi pour tous. Ou plutôt revenons-y. A commencer pour ceux qui nous gouvernent et qui manipulent la loi pour conserver leurs petites prébendes. Qui transforment l’élection présidentielle en farce en muselant l’opposition, la vraie, pas celle de pacotille qui consiste à remplacer une clique par une autre tout en appliquant cyniquement les mêmes préceptes idéologiques dépassés au service de la même ploutocratie.
Dans tout progrès, il y a un conservatisme. Car pour progresser, il faut bien s’appuyer que quelque chose d’existant. Entendons-là un vrai progrès : un progrès qui touche à la condition humaine, à son intellect, à sa culture profonde, non ce lamentable et vain progrès matérialiste qui ne sait s’appuyer que sur la technique et ravale l’homme au rang de machine à produire et à consommer. Ce faux progrès qui « ravale l’humanité à être la chose de choses inertes » (Simone Weil). « Ce ne sont pas seulement les machines et les crédits qui font le progrès. C'est avant tout la valeur des hommes » (Charles de Gaulle). Ce qui veut simplement dire : « on vaut mieux que ça » !
La réunion des progressistes, des vrais, c’est-à-dire des humanistes de gauche et de droite qui sauront mettre fin aux vaines querelles sectaires, est leur plus grand trouille. Car c’est cette union qui mettra fin à la « démocrannie » libérale-libertaire et restaurera le peuple français dans sa souveraineté, entre hommes de bonne volonté. Viendra alors le jour « où, rejetant les jeux stériles et réformant le cadre mal bâti où s’égare la nation et se disqualifie l’Etat, la masse immense des français se rassemblera sur la France » (Charles de Gaulle).