Vous avez dit démocratie ? Les relents plus qu’inquiétants de la presse d’Outre-Rhin
Les piteuses campagnes hellénophobes de Bild (le premier quotidien allemand en termes de diffusion) n’étaient probablement qu’un aperçu de la dégénérescence des médias de nos voisins. Mais en cela, ils ne diffèrent guère des éditoriaux idéologisés et couramment empreints de terrorisme intellectuel (lire Les Nouveaux inquisiteurs) que les Français peuvent trouver dans leur propres kiosques. Les sorties récentes de Die Welt marquent toutefois une nouvelle étape dans la « progression » de la « pensée » médiatique germanique (et d’une manière plus large, europénne).
Die Welt est l’un de tous premiers quotidiens allemands et sa ligne éditorial, globalement conservatrice, le rapprocherait, peu ou prou, de notre Figaro national. Voici donc le genre d’énormité qu’un « grand » quotidien, défenseurs des « valeurs » européennes (ou plutôt de celles de l’UE) peut se permettre de sortir :
« La victoire du philhellénisme a renforcé encore des idéaux humanistes trompeurs. La représentation selon laquelle les Grecs modernes sont les descendants de Périclès ou Socrate et pas un mélange de Slaves, de Byzantins et d’Albanais, a été pour l’Europe érigée en credo. (…) C’est pour cela qu’on a accepté les Grecs fauchés dans le bateau européen en 1980. On peut en admirer chaque jour les conséquences ».[i]
Ces Grecs, en conséquence vaguement européens (et en tout état de cause n’ayant pas leur place dans cette grandiose construction humaniste qu’est l’UE …), ne seraient donc qu’un métissage de bas étage entre Salves, Byzantins (on se demande ce que Die Welt peut bien entendre par Byzantins ?) et Albanais. Qu’un tel relent racialiste (on sent Die Welt sur le point de regretter la disparition de la « race pure » de Périclès …) puisse être ouvertement clamé dans un grand quotidien d’Allemagne (l’Allemagne ! Vous savez ce pays qui a fait des choses pas très propres au nom de la race dans un passé pas si lointain !) en dit long sur l’état de décomposition intellectuelle, morale et éthique de l’Union européenne et des européistes dogmatiques qui la servent. Ça se passerait presque de commentaires …
Notre « chère »[ii] presse éructerait à hu à dia (et sur ce coup là elle n’aurait pas tort) si jamais un quelconque opposant à l’européisme néolibéral se hasardait à dire que nos amis américains ne pouvaient plus se réclamer de leurs Pères fondateurs (Georges Washington, John Adams, Benjamin Franklin, etc.) car par trop abâtardis de sang latino et asiatique. L’assertion serait effectivement par trop nauséabonde. Mais guère plus que celle de Die Welt. Et pour celle-ci, aucune réaction, aucun commentaire (si ce n’est cette heureuse intervention de Romaric Godin dans les colonnes de La Tribune). Les européistes peuvent tout se permettre. Les autres rien, ou pas grand-chose. Vous avez dit démocratie ?
[i] Cité par Romaric Godin, La Tribune, 15 juin 2015. L’article peut être retrouvé sur le site Les Crises : http://www.les-crises.fr/grece-quand-la-presse-allemande-derape-par-romaric-godin/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+les-crises-fr+%28Les-Crises.fr%29
[ii] « chère » est le mot on ne peut plus juste : cf. Médias & subventions publiques : ces assistés qui s’ignorent