Les nouveaux inquisiteurs (article intégral)
Les nouveaux inquisiteurs : le terrorisme intellectuel comme moyen de tarir le débat et de tuer la démocratie
L’affaire est vieille comme la politique : quand son argumentaire défaille, l’hypocrite autoritariste limite sa pâle ambition à rejeter son opposant dans les limbes d’une présomption en irrecevabilité démocratique. Le politiquement correct n’est qu’un terrorisme intellectuel qui avance masqué. Et terrorisme est bien le mot puisqu’il s’agit pour son employeur de jouer sur la crainte de son opposant de se trouver non seulement exclu du débat mais mis à l’index (au sens premier de l’expression) de toute la société. Hyper-médiatisée, celle-ci tend en effet à faire de son anathème une véritable mort intellectuelle, voire sociale. Si les terroristes « physiques » - islamistes, djihadistes, extrémistes ou tous autres – parviennent à nous frapper dans nos chairs, ils n’en sont pas en mesure, tout indéniable respect dû aux victimes mis à part, de mettre à bas l’ordre démocratique[i]. A contrario, les terroristes intellectuels en s’attaquant à toute chaire intellectuelle qui leur disconvient, sont, eux, en mesure et en passe de saper fondamentalement tout notre modèle démocratique. Le Calliclès du Gorgias de Platon a ainsi de bien nombreuses émules contemporaines, comme si l’exubérance outrecuidante du sophisme était la marque des fins de cycles démocratiques.
Jean-Paul Sartre fut le mentor intellectuel de bien de nos pseudo-révoltés contemporains, avant que ceux-ci ne virent casaques, sans jamais vraiment se dédire : du trotskisme au néolibéralisme, il n’y eu souvent qu’un pas de fourmi, l’intégrisme idéologique suivant de l’un à l’autre en proportion égale. Sartre donc, qui trouva l’Occupation bien doucereuse (« mieux valait une France nazifiée, qu'une France en guerre » se justifiait-il), fut aussi un maître de l’anathème de salon, celle qu’on lance sûr de ne rien risquer, avec 120 compagnons[ii] tout aussi convaincus de leur suffisance, pour encourager les autres, et en particulier le petit peuple qu’ils prétendent défendre mais en vérité méprisent profondément de toute la hauteur de leur fatuité, à tous les risques physiques (tant qu’eux n’en prennent pas, tout va bien) ou tous autres porteurs de valises. « Tout anticommuniste est un chien », clamait-il dans ce qui fut sans doute l’annonce même de la forme implacable du terrorisme intellectuel de notre époque, de ce rejet dans les limbes de l’exo-humanité de tout opposant potentiel au maître sartrien. Et quoi de mieux que de pousser la chansonnette jusqu’à l’appel au crime pour « abattre un européen », car « c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort, et un homme libre ».
On attend toujours de voir Sartre un pistolet à la main … Il n’empêche qu’il a depuis fait des petits. Ainsi d’Alain Badiou[iii] qui, depuis la mort du maître, ressasse, presque dans le vide (fort heureusement), les mêmes excommunications, les « chiens » s’étant mués en « rats »[iv].
Economie : la pomme de Gombeaud
L’économie – car en ère néolibérale tout est économie et l’économie est le Tout – est bien évidemment le champ d’application premier de cette vacuité du débat de nos post-sartriens postmodernes. Au premier rang desquels on trouve l’inénarrable et inévitable Alain Minc qui n’hésita pas à lancer que « l’hostilité au libre-échange des militants d’ATTAC et autres organisations non gouvernementales fait sa jonction avec l’antiaméricanisme des exclus du tiers-monde et des ghettos urbains ; la condamnation du gouvernement Sharon par les héritiers de l’extrême gauche glisse, sans crier gare, dans la remise en cause de l’existence même d’Israël »[v]. Dans le même sac, donc, économistes hétérodoxes, critiques de l’impérialisme américain et du colonialisme israélien, gauchistes divers et variés et antisionistes primaires. Pour Herr doktor Minc (« Il n'y a pas de modèles il n'y a qu'un modèle : il est allemand »[vi] - bel exemple, là aussi, d’ouverture au débat), de la simple remise en cause des modèles qui nous sont imposés depuis plus de trois décennies (avec les résultats que l’on connaît) au révisionnisme confinant aux sympathies néo-nazies, il n’y a qu’un pas, qu’il n’est pas loin de franchir.
Sur le chapitre du révisionnisme en général, et de celui de l’histoire allemande en particulier, les nouveaux inquisiteurs n’y vont, justement pas avec le dos de la cuillère. Avant que quelques hétérodoxes ne viennent mettre, fort justement, un peu d’ordre dans les diatribes ambiantes[vii], on a ainsi pu entendre à foison que l’inflation – ce mal absolu des monétaristes – avait engendré Hitler. Sous-entendu à la François Baroin[viii] : si vous soutenez une modification de la politique monétaire qui apporterait un tant soit peu d’inflation, c’est que vous ne désapprouvez pas le retour potentiel d’un extrémiste fascisant (voire pire) au pouvoir. Or, historiquement, c’est tout l’inverse : c’est l’austérité sauvage et sa politique désinflationniste (qui ferait se pâmer d’envie toute la technocratie européenne) du chancelier Brüning qui a amené Hitler au pouvoir. Lorsque Brüning parvient au pouvoir, en mars 1930, le parti nazi n’est qu’un micro-parti qui vient d’obtenir 2,6% (donc du même niveau qu’Aube dorée en Grèce …) des voix aux élections de 1928 et l’hyperinflation a disparu depuis fin 1923. La politique économique de Brüning, à la grecque plus qu’à la hussarde, à coups de découpes dans les dépenses, de baisses des salaires en hausses d’impôts (ça ne vous rappelle rien ?), va jeter des millions d’Allemands au chômage. Aux élections de septembre 1930, le parti hitlérien crève son « plafond de verre » et obtient 18,3% des voix. Brüning parvient néanmoins à se maintenir, bon an mal an, pendant 2 ans. Contraint à la démission, il quitte le pouvoir en juin 1932. Un mois plus tard, avec 37,4% des voix aux législatives de juillet 1932, Hitler est aux portes du pouvoir.
Il n’empêche que sur d’autres sujets, le fameux TINA (« there is no alternative ») de Margaret Thatcher a encore de beau jour. Le thème du protectionnisme est ainsi interdit de séjour dans la plupart des rédactions[ix]. A tel point que même les sondages qui en font mention sont proscrits, ou presque, du débat. Ou que lorsqu’un prix Nobel d’économie (à l’époque le seul Français à avoir reçu cette récompense), Maurice Allais, adopte une position critique à l’encontre du libre-échange, il en est aussitôt banni des bonnes feuilles de la « grande presse »[x].
Mais c’est sans doute Jean-Louis Gombeaud, ci-devant « journaliste » à LCP, qui, avec toute la neutralité qui s’impose à sa profession, a le mieux résumé le dogmatisme ambiant et le mépris de la pseudo-élite à l’égard du peuple français : « Fallait-il vraiment demander aux Français de donner leur point de vue sur l’économie de marché ? (…) A quand un référendum sur le bien-fondé de la gravitation universelle ? »[xi]. Oyez, oyez, pauvres gueux, le marché, telle la gravitation, ne se discute pas, il s’applique, dusse la pomme de Gombeaud vous escarbouiller l’emploi et l’avenir[xii] !
L’Europe : Funkpropaganda et blablabla
Le sujet tombe sous le sens tant la construction européenne, par sa nature même, n’est qu’un simple dérivé de l’économiscine néolibéral.
Il y a plus de vingt de cela, à la veille du référendum sur le traité de Maastricht[xiii] (celui-là même qui allait porter les bases de l’euro …), Philippe Séguin avait déjà anticipé les tréfonds anti-démocratiques de l’UE telle qu’elle a finalement été imposée aux peuples : « le conformisme ambiant, pour ne pas dire le véritable terrorisme intellectuel qui règne aujourd'hui, disqualifie par avance quiconque n'adhère pas à la nouvelle croyance, et l'expose littéralement à l'invective. Qui veut se démarquer du culte fédéral est aussitôt tenu par les faiseurs d'opinion (...) au mieux pour un contempteur de la modernité, un nostalgique ou un primaire, au pire pour un nationaliste forcené tout prêt à renvoyer l'Europe aux vieux démons qui ont si souvent fait son malheur »[xiv]. Ce à quoi, lui donnant finalement mille fois raison et avec une absence de retenue indigne d’un ancien premier ministre, Michel Rocard répondait : « je suis persuadé que les jeunes nazillons qui se sont rendus odieux à Rostock votent non à Maastricht »[xv]. Mike Godwin venait à peine d’énoncer sa théorie (en 1990), que M. Rocard s’y plongeait déjà à plein tête (creuse).
Mais le dernier des gaullistes qu’était Philippe Séguin n’avait encore rien vu. Les débats qui précéderont le référendum sur la Constitution européenne, pendant lesquels la quasi-totalité des médias feront activement campagne pour le oui, marqueront à jamais la République du sceau de l’anathème des apologues intégristes. On a ainsi pu voir un Michel Rocard, encore lui, clamer haut et fort qu’il « ne respecte pas les défenseurs du « non » au traité constitutionnel qui se prétendent pro-européens »[xvi]. Le Monde, soi-disant quotidien de référence, emboîtait le pas pour rapidement atteindre le point Godwin : « Un non au référendum serait pour la France et l’Europe la plus grande catastrophe depuis les désastres engendrés par l’arrivée de Hitler au pouvoir »[xvii]. Et Jean-Marie Cavada d’atteindre le sommet de la bêtise « godwinesque » politico-journalistique en tonitruant que « ceux qui font la fine bouche devant la Constitution européenne (devraient) avoir en mémoire les photos d’Auschwitz »[xviii].
Malgré son échec patent et ses circonvolutions crisogènes, l’euro n’a guère entamé l’édifice des croyances idéologiques des inquisiteurs néolibéraux. Comme le note fort justement Frédéric Lordon, « qu’on ne puisse pas demander si la Banque centrale doit être indépendante ou pas, si les budgets doivent être en déficit ou pas, si les dettes contractées à la suite des désastres de la finance privée doivent être remboursées ou pas, c’est une monstruosité politique que seul l’européisme élitaire ne pouvait apercevoir"[xix]. C’est là toute la logique de l’idéologie européiste que « la colorimétrie des demi-habiles ne connaissant que deux teintes, toute mise en cause de l’Europe, fût-elle rendue au dernier degré de néolibéralisme, est le commencement d’une abomination guerrière, toute entrave au libre-échange est la démonstration manifeste d’une xénophobie profonde, toute velléité de démondialisation l’annonce d’un renfermement autarcique, tout rappel au principe de la souveraineté populaire la résurgence d’un nationalisme du pire, tout rappel au principe de la souveraineté populaire en vue d’une transformation social la certitude (logique) du … national-socialisme, bien sûr ! Voilà que quel fumier intellectuel prospère le commentariat européiste quand, à bout d’arguments, il ne lui reste plus que des spectres à brandir »[xx].
Pour cause, c’est une véritable « Funkpropaganda » médiatique[xxi], pour reprendre l’expression de Jacques Sapir, lui-même couramment victime de nos Torquemada et autres Attali[xxii] postmodernes[xxiii], qui se met en branle à toute attaque de l’édifice totalisant européiste. Car, pour Jean-Marie Colombani, comme bien d’autres, « une France du rejet de l’autre – aussi bien l’immigré que l’Européen, l’Arabe ou le Juif – est en train de s’affirmer. C’est la France du repli identitaire et du refus de l’euro »[xxiv]. Il y a du Alain Minc dans la tête du sieur Colombani : l’un comme l’autre en sont au point Godwin de la rhétorique bien-pensante (et au point néant de la pensée), en fantasmant sur la résurgence de la Bête à la moindre critique d’une construction monétaire absurde, pourtant dénoncée par moult économistes de renom. Citons Maurice Allais, Joseph Stiglitz, Amartya Sen, Paul Krugman, Christopher Pissarides[xxv] et même … Milton Friedman[xxvi] ! Autant d’adeptes du « repli identitaire » et du « rejet de l’Arabe et du Juif » ?
Il faut alors préciser que l’exemple vient de haut, puisque, en ouverture de sa conférence de presse du 14 janvier 2014, le président de la République lui-même s’exprimait dans ces termes : « Je ne laisserai pas faire, au cours des prochains mois, ceux qui veulent en terminer avec l’idée européenne. Pas seulement en France, il y en a d’autres, parfois même aux gouvernements. Je ne laisserai pas faire ceux qui veulent en terminer avec l’idée européenne ou ceux qui veulent briser l’acquis communautaire, c’est-à-dire tout ce qui a été fait depuis des générations et des générations. Je ne laisserai pas non plus faire ceux qui veulent sortir de l’euro, qui pensent ainsi sauver la Nation alors qu’ils la mettent en péril. Parce que notre avenir, c’est dans l’Europe… »[xxvii]. Belle démonstration de stature et de hauteur de vue pour celui qui, en tant que garant des institutions, de notre souveraineté et plus généralement de l’intérêt supérieur le Nation, se devrait de se placer au-dessus des querelles de parti ! Mais finalement rien d’étonnant à cette posture dogmatique et idéologique lorsque l’on a un premier ministre qui ment ouvertement à la Nation pour mieux solder sa souveraineté à des technocrates[xxviii]. Et dans ces conditions, rien d’étonnant non plus, à ce que ses petits sbires se lancent à la chasse aux détracteurs en interdisant purement et simplement la tenue de débat sur les questions qui les gênent aux entournures (et celles-ci sont larges), comme ce fut le cas, par exemple, lorsque le maire (PS) Bondy fit annuler une conférence sur la sortie de l’euro[xxix].
Nul doute, cependant, que ces postures, ces intransigeances, ces dénis de démocratie, ces anathèmes outranciers finissent, à la longue, par se monter contre-productifs et en ouvrent les yeux à ceux qui, encore récemment, se faisaient défenseur d’une construction européenne qui a fini par trahir les peuples et la démocratie. C’est ainsi que Joseph Macé-Scaron (journaliste à Marianne), qu’on ne pourra certes pas mettre au rang des eurosceptiques en diable, en arrive à ce constat désabusé : « Autrefois, le « sérieux » était, disait-on du côté des défenseurs de l’Union européenne. Ils alignaient les chiffres, brandissaient les directives. Aujourd’hui, quand on reprend les menaces, les sarcasmes, les mises en garde… on finit par se demander si curieusement et furieusement le populisme n’a pas fini par changer de camp »[xxx].
Fascisme à outrance
Est-il encore possible de s'exprimer librement en France ?[xxxi] La question mérité d’être posée tant il est vrai que « l’usage abusif et aveuglant du mot fascisme »[xxxii] révèle l’incapacité de toute une frange de la classe politico-médiatique à accepter le débat. Née dans les rangs de l’extrême-gauche à une époque, aujourd’hui relativement lointaine où des partis autoritaires et souvent xénophobes se projetaient en partis uniques et dictatoriaux (mais est-ce encore le cas de nos jours en France ?[xxxiii]), l’obsession antifasciste, sous l’impulsion du politiquement correct, a progressivement gagné tout, ou presque, le spectre politique, avec cette « envie que les problèmes d’aujourd’hui soient exactement ceux d’hier et qu’il n’y ait rien de nouveau à penser »[xxxiv]. Or, « ce refus de penser conduit à l’interdiction de penser et de nommer. Grâce à la reductio ad hitlerum, quiconque parle de la patrie, du travail et de la famille est un adepte de Pétain. Quiconque parle des problèmes posés par certains immigrés recommence la Shoah »[xxxv]. Et c’est bien là tout le but : interdire l’accès au débat. Comme les questions économiques, sous l’égide du « TINA », ne se discutent pas (voir les chapitres précédents), il ne reste plus qu’à fermer les questions sociales au nom de la lutte contre l’Hydre et le débat ne pourra se concentrer que sur quelques vagues questions sociétales (et encore, voir les chapitres suivants). Le citoyen n’aura plus alors que le choix entre deux clans de la même dyarchie, affichant consensus sur toutes les questions de fond (l’Europe, la Nation, l’économie, la diplomatie, l’immigration, l’école, etc.) mais instrumentalisant une fausse alternative avec de savantes doses de compassions clientélistes (les clientèles étant les seules variantes des deux clans), étant bien entendu qu’ils ont de toutes façon sciemment abandonné depuis belle lurette tout forme de pouvoir réel (c’est finalement fatiguant à exercer, et bien peu gratifiant au final) aux marchés et aux technocrates.
Une fois ces bases du politiquement correct posées, on peut donc se lancer dans tous les procès en sorcellerie. Deux jeunes rebelles de salon et eux pacotilles peuvent donc se targuer de vouloir interdire de tribune Marcel Gauchet sous prétexte des supposées intentions réactionnaires de celui-ci[xxxvi]. Mieux encore, un ci-devant premier ministre, de « gôche », peut initier un véritable « tir groupé qui relève du procès en excommunication, comme si pointer les dérives dites « réactionnaires » des intellectuels de gauche était désormais devenu un marqueur identitaire d’une gauche labellisée « véritable », mais en état de mort cérébrale, d'asphyxie politique et incapable de penser le progressisme au-delà de quelques questions sociétales et d’indignations relevant du réflexe pavlovien »[xxxvii]. La cible : Michel Onfray. On est décidemment jamais mieux trahi que par les siens. Néanmoins, les sorties de Manuel Valls, ses distributions de bons points et de mauvais aux « intellectuels » qui ont le bonheur de lui plaire (si tant est que l’on puisse qualifier BHL[xxxviii] d’ « intellectuel »), sont finalement un mal pour un bien : elles jettent le masque de la vertu pour que tout à chacun puisse contempler le visage de l’intégrisme intolérant et dogmatique, dont la violence verbale n’est que le dernier refuge d’une incompétence patente et d’une inculture crasse[xxxix].
Rien d’étonnant à cela alors que, dans des débats autrement plus graves, le « fasciste » des sophistes bien-pensants soit dans le camp exactement opposé au « fasciste », pour le coup bien réel, de la réalité. Le nouveau gouvernement de Kiev, installé après un véritable coup d’état appuyé, sinon fomenté, par les Etats-Unis et l’Union européenne, peut accueillir en son sein d’authentiques néo-nazis[xl], dont certains commémorent avec nostalgie les divisons SS ukrainiennes, le politiquement correct a choisi son camp : les « fascistes » sont ailleurs et c’est une véritable traque au prorusse[xli], ou assimilé comme tel (le politiquement correct ne connaît aucune forme de nuance, donc toute critique un tant soit peu appuyée du gouvernement de Kiev est foncièrement de nature pro-russe, donc pro-Poutine – car Russie = Poutine bien sûr ! -, celui-ci, avec guère de nuance, étant évidemment assimilé au fasciste) qui est initiée par toute la bien-pensance[xlii].
Ce sont cependant les suites de l’attentat contre le journal Charlie Hebdo qui ont montré jusqu’à quel point – pour l’instant, c'est-à-dire en attendant « mieux » - pouvait monter l’intolérance idéologique de cette bien-pensance. Que l’on soit choqué par la violence faite à des vies humaines, d’une part, et par la remise en cause intrinsèque de la liberté d’expression que représentaient les actes de MM. Coulibaly et Kouachi, d’autre part, est pour le moins « normal » dans une démocratie humanisme. Et l’on était effectivement en droit d’attendre que tout Français qui assume l’histoire, l’héritage et les valeurs de son pays le soit. Mais que l’on intime, de manière plus ou moins sous-entendue, l’ordre d’adhérer à la ligne éditoriale d’un « journal » qui ne survit que sur la base d’une satyre provocatrice, marque d’un faux anticonformisme (qui n’est finalement que terriblement conformiste à l’ère d’un temps qui a fait de la transgression une norme), en est une autre. Or, comme le souligne fort justement Frédéric Lordon[xliii], tout le mouvement « Je suis Charlie » a reposé sur cette ambiguïté, dont il ne s’est jamais vraiment extrait. « Qui fait l’ange, fait la bête ». C’est donc alors que, sous couverts des plus hautes vertus de la tolérance, on a vu apparaître, jusqu’aux sommets médiatico-politiques, l’intolérance la plus abjecte. On a alors osé, par un véritable stratagème rhétorique orwellien, appeler Voltaire à la rescousse pour bâillonner toute forme d’expression discordante de la pensée unique. On a pu ainsi entendre une ci-devant soi-disant « journaliste », en charge du service politique de plus grande chaîne du « service » « public » télévisuel, Nathalie Saint-Cricq pour ne pas la nommer, clamer qu’il ne « faut pas faire preuve d’angélisme. C’est justement ceux qui ne sont pas “Charlie” qu’il faut repérer, ceux qui, dans certains établissements scolaires ont refusé la minute de silence, ceux qui “balancent” sur les réseaux sociaux et ceux qui ne voient pas en quoi ce combat est le leur. Eh bien ce sont eux que nous devons repérer, traiter, intégrer ou réintégrer dans la communauté nationale »[xliv]. Mais l’on avait encore rien vu. Car le ministre de l’Education nationale lui emboîtait rapidement le pas : « il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des élèves, et nous avons tous entendu les “oui je soutiens Charlie, mais…”, les “deux poids deux mesures”. “Pourquoi défendre la liberté d’expression ici et pas là ?” Ces questions nous sont insupportables, surtout lorsqu’on les entend à l’école qui est chargée de transmettre des valeurs »[xlv]. Mettez ces mots dans la bouche de Pol Pot ou dans celle d’un Mao de la Révolution culturelle, vous n’aurez pas grand-chose à y changer ! Le bien-pensance ne veut voir dépasser aucune tête[xlvi]. Qu’on n’ose même pas la plus petite once de remise en cause : ici, il n’y a pas de « pourquoi »[xlvii] !
« Néo fachos » au pire (pour ceux qui expriment leur opposition depuis toujours), « gauchos réac » au mieux (pour les « traitres » à qui l’on conserve encore une certaine (pseudo) amitié ou que l’on espère peut-être encore voir rejoindre le camp du Bien)[xlviii], tout opposition à l’ordre libéral-libertaire se trouve cantonné entre ces deux bornes. Une fois arrivé là, rien d’étonnant donc, à ce qu’un journaliste bien en cour au sein de l’oligarchie (en l’occurrence Jean-Michel Apathie, mais à sa décharge il ne fait exprimer là tout haut, ce que nombre de ses membres murmurent de plus en plus haut) en viennent à interdire de se présenter aux élections ceux que sa haute et souveraine bien-pensance aura jaugé comme « inutiles »[xlix].
Toujours aussi marquant dans ses anticipations, Georges Orwell avait, dès 1946[l], annonçait que « le mot "fascisme" a désormais perdu toute signification et désigne simplement "quelque chose d'indésirable"»[li] …
Pravda, quand tu nous tiens
Les chapitres précédents les ont déjà bien mis à l’honneur. Mais il est un fait qu’aucun régime politique intolérant de nature, totalisant dans son avancée, ne puisse perdurer sans de bons organes de propagande. Et il faut bien reconnaître que, sur la défunte largeur du spectre politique des médias – spectre désormais, « concentration » oblige, quasiment réduit à un seul point dans la largeur des idées et points de vue – l’ordre libéral-libertaire, à l’intérieur duquel tendent à fusionner « élites » politiques et médiatiques, dispose de ce qu’il faut de petits courtisans de rédaction, obligés et obligeant à l’égard de l’ordre (du désordre ?) établi. Les jeunes impétrants en perdent bien vite leurs illusions[lii], avec comme seules perspectives de rejoindre la meute ou de jeter l’éponge. Car au sein des médias dits « dominants », c’est une véritable police de la pensée qui s’est instituée. Au milieu de ces salmigondis de caniveau, perdurent fort heureusement quelques voix libres, au premier rang desquels on trouve le remarquable Frédéric Taddeï, toujours droit face à la médiocre vindicte de ses « confrères »[liii]. Mais au-delà : un véritable désert intellectuel dont l’une des plus belles illustrations fut la pathétique couverture du Point sur les soi-disant « néocons à la française »[liv].
Au rang des inquisiteurs, il est fort logiquement, un chef d’orchestre qui donne le la de la bien-pensance, distribue les bons et les mauvais points et fixe à jamais l’index des dangereux déviants. J’ai nommé, vous l’aurez probablement anticipé, le journal dit « de référence » : Le Monde.
Ainsi, dans ses colonnes et de manière aussi pathétique que grossière, la moindre critique à l’égard de Mme Taubira est perçue comme une attaque raciste, mêlant ainsi, pêle-mêle (comme le fait à merveille l’anthropologie Jean-Loup Anselme dans cet article), remise en cause pourtant on ne peut plus démocratique de la politique suivie par la garde des Sceaux, doutes quant à sa fibre patriotique (ce qui peut trouver quelques fondements au fait qu’elle ait par le passé milité pour l’indépendance de la Guyane) et réelles attaques – et pour le coup vraiment ignominieuses – sur sa couleur de peau.
Dans un sujet connexe, le journal du soir n’est guère plus lucide lorsqu’il s’agit sous la plume de Dominque Sopo – le président de « SOS racisme » - d’interdire tout débat pouvant, un tant soit peu, mettre en parallèle la traite négrière menée par les nations occidentales avec toutes autres formes d’esclavages, passées ou présentes. Et tous les artifices sont bons : se référer à une loi (celle du 23 février 2005) sans préciser que l’article polémique a été depuis longtemps abrogé, faire un procès d’intention au contradicteur qui osera évoquer la persistance de l’esclavage dans certaines régions d’Afrique – fait portant avéré (en l’occurrence les pratiques de Boko Haram) –, réduire la traite négrière à une simple question raciste en omettant toutes les dimensions, entre autres sociales, économiques et politique internes à l’Afrique, faire appel à de prétendus « contentieux historiques » (qui ose encore remettre en question l’ignominie de la traite négrière ?), etc.
Le même quotidien n’est guère plus inspiré sur les questions de politique internationale. Ainsi lorsqu’il ouvre ses colonnes au sociologue Hugues Lagrange[lv] qui, s’adjugeant au passage le « TINA[lvi] » de la sociologie (« le multiculturalisme est incontournable »), voit dans « l'intervention russe en Crimée », « un objectif de purification ethnique ». Sauf que les preuves de la dite intervention sont pour le moins minimes et qu’en termes de « purification ethnique », les exactions sont plutôt à mettre au crédit des forces de Kiev et de leurs sympathisants néo-nazis[lvii]. Mais peu importent les faits, l’anathème est lancée et les forces du Mal clairement désignées. Tout contradicteur (tel Jean-Luc Mélenchon récemment[lviii]) pourra irrémédiablement être rejeté dans ces rangs.
Le Monde a ainsi pris, dans la forme, des airs de « Je suis partout ». Et c’est une atmosphère délétère que l’on retrouve dans nombre de rédactions. Le service public n’est pas en reste. En propulsant, probablement sur les conseils de son épouse (les réseaux d’oligarques ont des liens que les idées ignorent), Philippe Val à la tête de France Inter, Nicolas Sarkozy a ainsi permis à l’anarchiste repenti de se muer en petit chefaillon dictatorial, hait de sa rédaction[lix]. Il faut dire qu’il avait déjà, accompagné de l’inévitable Caroline Fourest, autre Torquemada postmoderne[lx], bien expérimenté ses méthodes dans ce qui était pourtant censé être le saint des saints de la liberté d’expression, mais qu’il avait mué un tribunal inquisitoire : Charlie Hebdo[lxi].
Fort logiquement de telles ambiances de rédaction ne sont guère propice à l’émergence, en leur sein, de réel débat sur leur ligne éditorial. Rien d’étonnant alors, à ce que les chaînes de télévision, France 5 en tête, nous abreuvent de reportages non seulement dénués de neutralité mais encore plus de toute objectivité. Le 17 février dernier, France 5 proposait ainsi à ses téléspectateurs un soi-disant « documentaire » sur une éventuelle sortie de l’euro dans lequel les détracteurs de la monnaie unique étaient clairement sous-représentés et surtout à travers lequel la chaîne du « service public » n’avait de cesse que d’exciter les peurs, les inquiétudes, voire les paniques[lxii]. Quelques jours plutôt, le quotidien Direct Matin, journal censément indépendant mais en vérité organe de propagande du groupe Bolloré, préparait également l’opinion quant à ces Grecs, fauteurs de troubles de cette merveilleuse construction qu’est l’euro : le sieur Jean-Marie Colombani nous prévenait que Syriza s’est allié avec « le parti des Grecs indépendants, une petite formation d’extrême droite, qui s’est singularisée par ses prises de position xénophobes, antisémites et souverainistes, (…) une coalition «rouge-brun» »[lxiii]. Une telle évidence pour le patron de Direct Matin qu’il se sentait exempté de fournir toute illustration des propos dits xénophobes et antisémites (et pour cause : il aurait probablement bien du mal à les trouver) : cela fait plus de trente ans que l’on vous explique que, de toute façon, xénophobie, antisémitisme et souverainisme ne forment qu’un tout, d’où le rappel au « rouge-brun », en miroir au « national-socialisme ». Seul petit hic : jusqu’à preuve du contraire, il n’existe nulle démocratie qui puisse se faire sans souveraineté du peuple. M. Colombani, ou son compère Jean Quatremer qui utilise exactement les mêmes procédés,[lxiv] ne devrait donc pas tarder à expliquer à ses lecteurs comment il faut tuer la démocratie (homicide pour lequel lui et ses amis oligarques mettent déjà bien du cœur à l’ouvrage) car de celle-ci émane de vieux relents « rouge-brun ».
L’anomie sociale érigée en norme
Cet ostracisme de toute forme de dissonance à la pensée unique s’étend, de bien entendu, à tous les pores de la société.
Les débats autour de la création du « mariage gay » en furent une excellente illustration. Il fut en réalité impossible de débattre sereinement (et philosophiquement n’en parlons même pas ! [lxv]) du sujet[lxvi]. L’invective des quelques extrémistes qui avaient pris l’ensemble en otage en finit par décourager, voire dégouter, jusqu’aux partisans même de la mesure[lxvii].
Lieu stratégique pour l’avenir de la République s’il en est, l’école est aussi clairement prise en otage par quelques idéologues pédagogistes de ministère[lxviii]. Coupés des réalités mais certes pas des dogmes. Comme celui du raz-de-marée numérique à l’encontre duquel nul esprit critique ne doit s’opposer, sous peine, là aussi, d’ostracisme et de censure[lxix]. L’école, n’est-ce pas justement ce qui devait nous ouvrir à l’esprit critique ? Hors-là ! Le pédagogisme, dont on sent bien qu’il n’est que l’avatar éducatif de la (non-)pensée libérale-libertaire, se porte au même niveau de tolérance que l’ensemble de la soupe idéologique dont il est issu. Et ici aussi, on trouvera de zélés éditorialistes, bien mâtiné d’esprit de cour, se faire le relais de la pensée unique, comme celui du Point, pour qui « l’abolition des notes » s’inscrit dans la longue suite du « progrès », « comme l'abolition des sacrifices humains, comme l'abolition de la peine de mort, comme l'abolition de l'esclavage, comme le droit de vote des femmes, comme l'abolition des châtiment corporels »[lxx]. Une sortie qui se passe de commentaires, mais qui en dit long sur le niveau de nuance et de réflexion de son auteur.
Mais derrière ces débats sociétaux qui, au vu des circonstances actuelles, pourrait apparaître comme secondaires[lxxi], c’est une véritable entreprise de déconstruction, que dis-je de démolition, qui est entreprise à l’égard de tout ce qui représente, dans l’esprit de quelques idéologues de bazar – héritiers d’un Mai 68 qui, s’il a échoué à prendre le pouvoir, prétend tout de même régenter la société -, le passé, dussent-il pour ce faire revenir à des organisations sociales que, telle la féodalité[lxxii], l’on croyait révolues. Car c’est bien de cela dont il s’agit : construire « l’homme nouveau ». Maoïstes et autres trotskystes reconvertis en néolibéraux libertaires n’ont finalement pas tant changé. Sans aucune nuance, sans aucune analyse de ce qu’ils ont pu apporter de généreux comme de néfaste, sont jetés aux orties de l’histoire, religions (sauf celles des minorités)[lxxiii], famille, Grands hommes[lxxiv], France[lxxv]. Surtout France. Tocqueville s’est finalement trompé : la démocratie postmoderne a accouché non pas d’une dictature de la majorité mais d’une tyrannie des minorités. Les minorités hurlantes. Revendicatives tant qu’il en rapporte.
[i] En tout état de cause, ils font bien moins de victimes que la criminalité « conventionnelle » (environ 1000 meurtres par an en France, soit une moyenne de trois par jour), la circulation routière ou, à l’échelle de la planète, le paludisme (1 million de morts par an), maladie qui peut pourtant aisément être prévenue sinon soignée.
[ii] Cf. Le Manifeste des 121.
[iii] Sur Alain Badiou, lire "Un Alain Badiou n'est possible qu'en France" , Lucien Bianco , Marianne, 13-déc-14
[iv] Lire Bruno Chaouat, Chiens, rats, anticommunistes, Libération, 10 janvier 2008.
[v] Alain Minc, Ce monde qui vient, Grasset 2004, page 74
[vi] Alain Minc, cité par Patrick Brody, A bas les modèles !, Le Monde, 05/03/2012.
[vii] Lire (par exemple) :
La politique monétaire pour les nuls (y compris Mario Draghi), Pascal-Emmanuel Gobry, Atlantico.fr, 07-déc-12
Mais quand l’Allemagne réussira-t-elle enfin à comprendre l’Histoire économique de ses années 30 ?, Mathieu Mucherie, Atlantico.fr, 28-juin-12
Le libéralisme économique a-t-il enfanté Hitler?, Trémarec , L'Espoir, 31-oct-11.
[viii] Quand François Baroin réécrit l'Histoire, Yohann Duval, Blog Yohann Duval, 12-nov-12.
[ix] Lire Peut-on débattre du protectionnisme sereinement ?, Laurent Pinsolle, Gaulliste libre, 18-janv-12.
[x] Cf. Le prix Nobel iconoclaste … et bâillonné, Eric Conan, Marianne, 05-déc-09.
[xi] Jean-Louis Gombeaud Le Figaro, 04/04/2005, cité par Serge Halimi, Les nouveaux chiens de gardes, Raison d'agir 2005. Sur cet ouvrage en particulier : http://loeildebrutus.over-blog.com/2013/10/les-nouveaux-chiens-de-garde-1/5-presentation-generale.html
[xii] Dans le même registre, citons le saltimbanque Jean-Marc Sylvestre : « Le libéralisme n’est pas une construction intellectuelle comme le marxisme : le monde a été créé ainsi », cité par Serge Halimi, ibid.
[xiii] Sur le sujet, lire Europe : « avec Maastricht, on rira beaucoup plus » !, Coralie Delaume, L'Arène nue, 18-mars-15.
[xiv] Philippe Séguin, Discours à l'Assemblée nationale, 05/05/1992.
[xv] 17 septembre 1992.
[xvi] Michel Rocard, Le Monde, 22 septembre 2004, cité par Anne-Cécile Robert, Labyrinthe social-démocrate, Manière de voir, août 2012.
[xvii] Le directeur du Monde en 1992 à propos du référendum sur Maastricht, cité par Serge Halimi, ibid.
[xviii] cité par Serge Halimi, ibid.
[xix] Frédéric Lordon, Pour une monnaie commune sans l’Allemagne (ou avec, mais pas à la francfortoise), Blog Le Monde diplomatique, 25/05/2013
[xx] Frédéric Lordon, La Malfaçon, monnaie européenne et souveraineté démocratique, Les Liens qui libèrent 2014, page 227
[xxi] FUNKPROPAGANDA! Les Echos et l’Euro, Jacques Sapir, russeurope , 23-oct-13.
[xxii] Lire Le Terrorisme intellectuel de Jacques Attali, L’œil de Brutus, 27/01/2012.
[xxiii] À TOUS ET TOUTES…, Jacques Sapir, russeurope, 11-nov-13 ; Saloperies…, Jacques Sapir, Marianne, 04-févr-14.
[xxiv] Jean-Marie Colombani, Direct Matin, 03/02/2014
[xxv] Lire, entre autres :
Toujours plus de Nobel d’économie euro-critiques !, Laurent Pinsolle, Gaulliste libre, 11/06/2013.
Euro : le changement d’avis d’un prix Nobel* d’économie, Laurent Pinsolle, Gaulliste libre, 15/12/2013.
[xxvi] Lire son interview de 1996 sur le site Les Crises : [Reprise] Un entêtement suicidaire, par Milton Friedman 1/2 [1996], Les Crises, 13-févr-15.
[xxvii] Sur le sujet, lire De la liberté en Hollandie, l’œil de Brutus, 08/03/2014.
[xxviii] Lire Discours de Jean-Marc Ayrault sur le TSCG : les mensonges d’un premier ministre, l’œil de Brutus, 03/10/2012.
[xxix] Lire Faut-il avoir peur de sortir de l’Euro … et de rétablir le Franc ?, François Asselineau, Forum démocratique, 14/02/2014.
[xxx] Le populisme eurobéat, Joseph Macé-Scaron, Marianne, 10-mai-14.
[xxxi] Est-il encore possible de s'exprimer librement en France ?, Dominique Jamet, Atlantico.fr, 18-févr-12.
[xxxii] Petit rappel entre amis : le fascisme, c'est quoi ?, Atlantico.fr, André Sénik, 08/06/2013.
[xxxiii] Concrètement Marine Le Pen (et ses sbires) se rêve-t-elle vraiment en Mussolini à la française, dissolvant toute forme d’opposition et imposant sa vision de la société d’autorité à tous les Français ? On peut raisonnablement en douter. Non : le FN n’est pas un parti « fasciste », c’est une autre forme d’extrême-droite, banalement populiste, vaguement xénophobe (pour la majorité de ses membres, ce qui lui permet de drainer l’extrême minorité d’imbéciles qui croit encore à la différenciation des races), foncièrement opportuniste. Un simple avatar de poujadisme.
[xxxiv] Andé Sénik, ibid.
[xxxv] Id.
[xxxvi] Edouard Louis: Plus rebelle que moi, tu meurs !? Régis Soubrouillard, Marianne, 05-août-14 ;
Débattre en France, Joseph Macé-Scaron, Marianne, 09-août-14
[xxxvii] Michel Onfray, le nouveau paria de la gauche, Régis Soubrouillard , Marianne, 21-sept-14.
[xxxviii] Lire BHL, Le seigneur et maîtres des faussaires, L’œil de Brutus, 15/10/2012.
[xxxix] Manuel Valls, les intellectuels et l'inculture triomphante, Vincent Tremolet de Villers, Figarovox, 20-mars-15.
Valls : la modernité comme alibi commode pour refuser de débattre et de réfléchir, Laurent Pinsolle, Gaulliste libre, 25-oct-14.
[xl] Sur le sujet, lire l’excellent série de billets réalisées par Olivier Berruyer sur le site Les Crises, en particulier :
[INCROYABLE] L’ambassadeur ukrainien en ALLEMAGNE ne voit pas trop de problèmes à utiliser des combattants néo-nazis…, Olivier Berruyer, Les Crises, 20-févr-15.
Pendant ce temps là en Ukraine…, Olivier Berruyer, Les Crises, 22-janv-15.
[xli] Lie les papiers de Jacques Sapir sur son blog Russeurope, en particulier :
Un scandale, Jacques Sapir, russeurope, 25-janv-15.
Nouvelles du Donbass, Jacques Sapir, russeurope, 02-févr-15.
Peut-on sauver l’accord de Minsk? , Jacques Sapir, russeurope, 14-févr-15.
[xlii] Halte à la chasse aux "prorusses" !, Roland Hureaux, Marianne.
[xliii] Charlie à tout prix ?, Frédéric Lordon, repris par Les Crises, 13-janv-15.
[xliv] Journal de 13h de France 2, 12/01/2015.
[xlv] Mme Vallaud-Belkacem, Assemblée Nationale, 14/01/15.
[xlvi] Charlie, je ne veux voir dépasser aucune tête, Alain Gresh, Blog Le Monde diplomatique, 20-janv-15.
[xlvii] « Hier ist kein warum » (Ici, il n’y a pas de pourquoi), Noëlle Cazenave-Liberman, Les Crises, 30-janv-15.
[xlviii] Néos fachos et gauchos réacs, Jean-Paul Brighelli, Bonnet d’âne, 04/10/2014.
[xlix] Jean-Michel Aphatie, la démocratie et les « candidats inutiles », Julien Salingue, Acrimed.org , 03-févr-12.
[l] Georges Orwell, La politique et la langue anglaise, avril 1946, cité par Pierre-André Taguieff, La Revanche du nationalisme , PUF 2015
[li] Sur le sujet, lire La "renaissance du fascisme", une illusion tenace, Marianne, 05 Avril 2015.
[lii] Lire Les illusions perdues d’un jeune journaliste, par Léonard, Les Crises, 27-nov-14.
[liii] Police de la pensée : quand Frédéric Taddeï donne une leçon de démocratie à Patrick Cohen, Laurent Pinsolle, Atlantico.fr, 15-mars-13.
[liv] "Le Point" franchit le mur du néocon, Aude Lancelin, Marianne, 14-déc-13.
[lv] Le multiculturalisme est incontournable, Le Monde, 13/05/2014.
[lvi] Référence au « There is no alternative » de Margaret Thatcher sur les questions économiques.
[lvii] Sur le sujet, lire les billets régulièrement publiés par Olivier Berruyer sur le site Les Crises.
[lviii] Lire :
Jean-Luc Mélenchon, l’homme à abattre, Jack Dion, Marianne, 09-mars-15
Buisson, Mélenchon, la calomnie et la démocratie, Jacques Sapir, Russeurope, 19 mars 2015.
[lix] L’œil de Brutus, Philippe Val : de Léo Ferré à Torquemada (Les Intellectuels faussaires), 09/10/2012.
[lx] L’œil de Brutus, Caroline Fourest : serial menteuse (Les Intellectuels faussaires), 30/08/2012.
[lxi] [Reprise] L’opinion du patron, la liberté d’expression selon Charlie Hebdo [2006, 2011], Les Crises, 27-janv-15.
[lxii] Lire Télé irréalité, Jacques Sapir, Russeurope, 16/02/2015.
[lxiii] Quel chemin pour les Grecs ?, Jean-Marie Colombani, Direct Matin, 02-févr-15.
[lxiv] Cf. “Comment devient-on rouge-brun ?”, par Daniel Schneidermann , Les Crises, 29-mars-15.
[lxv] Je fût pour ma part ciblé par de véritables attaques en règles sur les réseaux sociaux à la publication d’une simple recension d’un chapitre, évoquant la théorie du genre, de l’ouvrage philosophique de Dany-Robert Dufour : l’œil de Brutus, Approche philosophique de la théorie du genre à partir de la pensée de Dany-Robert Dufour, 03/02/2014.
[lxvi] Lire :
Homme, femme, une histoire ou une réalité ?, Philippe Bilger, Marianne, 08-sept-11 ;
Les sept chantages inacceptables des partisans du "mariage" unisexe, Roland Hureaux, Atlantico.fr, 18-nov-12 ;
Mariage homosexuel : derrière les intentions généreuses a-t-on assez vu les dangers idéologiques de la théorie du genre ?, Roland Hureaux, atlantico.fr, 12-févr-13.
[lxvii] « Oh, but who are they to judge us/Simply ’cause our hair is long » (« What’s going on », Marvin Gaye), Abou Djaffar, Le Monde blog, 25-avr-13.
[lxviii] Sur le sujet, suivre les blog Bonnet d’âne et La vie moderne.
[lxix] Prof censuré par l'Education nationale : peut-on encore être contre le numérique à l'école ?, Jean-Rémi Girard, Figarovox, 28-oct-14.
[lxx] La pégagogie “gauchisante”, Loys Bonod, Marianne, 3 Décembre 2014.
[lxxi] L’œil de Brutus, Mariage et pénalisation de la prostitution : quand la classe politique touche le fond, 27/08/2012.
[lxxii] Lire L’œil de Brutus, néolibéralisme et féodalisme, 12/02/2014.
[lxxiii] « Critiquer le judaïsme, c’est risquer d’être accusé d’antisémitisme et « donc » de national-socialisme ; au Danemark, quelques caricatures du prophète mettent en ébullition le Monde arabe ; dire des religions tribales qu’elles sont « primitives », c’est risquer de se voir traiter d’impérialiste et de chauviniste. Mais face au christianisme, tout est permis. Plus les autorités religieuses chrétiennes se confondent en excuses (pour les croisades, l’Inquisition, le colonialisme, la collaboration avec le fascisme, les écarts de certains prêtres, etc.), et plus elles se discréditent au lieu de s’humaniser ; effet pervers de la bonne volonté … alors que d’autres religions gagnent de plus en plus en crédibilité spirituelle en Europe sans pour autant affronter leur passé » , David Engels, Le Déclin, La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine, Editions du Toucan 2012, page 114
[lxxiv] Lire L’œil de Brutus, Le Relativisme absolu et les grands hommes, 12/02/2012.
[lxxv] Lire :
Que fera Jason Bourne (les identités effacées, vue par Henri Hude), article d’Henri Hude repris sur l’œil de Brutus, 23/02/2015 ;
Leçon d’histoire pour les générations futures, Marc Rameaux, billet invité de l’œil de Brutus, 14/02/2015.