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L'Oeil de Brutus

Philae est une réussite européenne, mais pas une réussite de l’Union européenne !

15 Novembre 2014 , Rédigé par L'oeil de Brutus Publié dans #Idées

Philae est une réussite européenne, mais pas une réussite de l’Union européenne !

 

« A ceux qui se posent la question, à quoi sert l’Europe, Rosetta a donné la réponse ». Ainsi s’est exprimé le Président de la République à la suite du succès de l’atterrissage du module spatial Philae sur la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko[i].

En effet, probablement bien plus que ne l’imagine M. Hollande, cette réussite technologique apporte une cinglante révélation à ceux qui bâtissent encore des espoirs sur le Léviathan technocratique et a-démocratique de Bruxelles. De prime humeur, on pourrait, à raison, rétorquer, comme Olivier Berruyer sur son blog, que dans le contexte actuel de crise profonde, les Européens seraient en droit d’attendre bien d’autres réussites que l’envoi d’un bout d’Europe à des centaines de millions de kilomètres de leur quotidien.

Mais il faut pousser l’analyse plus en avant. En effet, contrairement aux poncifs lancés toute la semaine par des médias à pensée unique, sclérosés par leur européisme béat, Philae n’est pas un projet de l’Union européenne ! Philae relève de l’Agence spatiale européenne (ASE), celle-ci n’étant en rien subordonnées aux instances de l’UE. Si celle-ci contribue, toutefois, au budget de l’ASE à hauteur d’une vingtaine de pourcents, l’Agence est une organisation intergouvernementale indépendante de Bruxelles, financée pour le reste directement par ses Etats membres. Ces membres sont au nombre de 20, parmi lesquels des Etats non membres de l’UE : la Suisse et la Norvège. A contrario, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie, Malte, Chypre, la Slovaquie, la Croatie, la Bulgarie, la Hongrie et la Slovénie (ces dix derniers étant membres de l’UE) ne sont pas parties intégrantes de l’ASE.

Ainsi, l’ASE est un nouvelle illustration (après bien d’autres, comme Ariane ou Airbus) de l’échec de la méthode supranationale qui prévaut à la construction européenne de l’UE, mais aussi un bel exemple de ce que les Etats européens sont capables de faire entre eux par la méthode intergouvernementale.

C’est aussi une nouvelle enluminure des amalgames douteux, à coups de TINA[ii] thatchériens, qui sont faits pour encenser une Union européenne qui nous mène au gouffre. Les eurosceptiques ne sont pas, dans leur immense majorité, des anti-européens (contrairement aux procès en sorcellerie intentés par quelques terroristes intellectuels et autres éditocrates de bazar). Non : ils réclament simplement une autre Europe que la technocratie a-démocratique, néolibérale et anti-nationale qui nous est imposée depuis l’Acte unique de 1986. Et Philae est une nouvelle preuve que cet autre Europe est possible : elle existe déjà.

 

 

Origine de l’illustration : cnes.fr

 

 

 

[i] Rosetta étant la sonde spatiale qui a envoyé Philae sur la comète.

[ii] « There is no alternative ».

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Pour une Europe des peuples, qui sort du parapluie otanesque étatsunien avec un accord de défense européen éloigné de l'agressivité patente de l'Oncle Sam et pour un monde multipolaire, seul à même de garantir la paix dans le monde.
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