Bilan économique et social de François Hollande à mi-mandat
Bilan économique et social de François Hollande à mi-mandat
Billet également paru sur Gaulliste libre
Nul besoin d’ergoter pendant des lustres sur le bilan de François Hollande en termes de résultats économiques : ceux-ci sont à la mesure d’un chômage qui crève tous les plafonds et d’une croissance qui reste désespérément atone à tel point que les défauts d’investissements d’aujourd’hui commencent par mettre gravement en péril la France de demain[i]. Mais, contrairement aux mensonges du gouvernement sur le sujet ce bilan n’est pas un simple effet de cycle économique ou la simple résultante d’une situation catastrophique laissée par la majorité précédente. Il est aussi indubitablement lié aux mesures prises par François Hollande et sa clique : une thérapie de choc néolibérale qui ferait se pâmer d’envie une Margaret Thatcher en goguette ou un Chicago boys friedmanien en mal de reconnaissance. Car lorsqu’en période de récession, l’on massacre à ce point l’économique et le social, il ne faut guère s’attendre à ce que ménages et entreprises (celles tenues par de véritables entrepreneurs, non les vampires multinationaux) retrouvent le goût de l’initiative, de la dépense et de l’investissement, éléments pourtant indispensables à la création d’emplois. Et lorsque l’on met une telle morgue, une telle arrogance et un tel acharnement à détruire les structures économico-sociales[ii] d’un peuple, il ne faut pas s’étonner, qu’un jour ou l’autre, il vous le fasse payer.
Petite recueil (non exhaustif) donc, des mesures économico-sociales prise par la « gauche de droite » la plus décomplexée que la France ait jamais connue[iii] :
- Depuis le 1er juillet 2012, le SMIC net (compte-tenu des cotisations) a connu une baisse de 1,5% en parité de pouvoir d’achats.
- De par la loi de « sécurisation de l’emploi » (bel usage de novlangue) du 14 juin 2013 :
- Les employeurs peuvent augmenter le temps de travail tout en gelant ou même en diminuant les salaires (sauf ceux inférieurs au SMIC) ;
- Les employeurs peuvent recourir à des plans sociaux express, considérés comme exécutables au bout de trois semaines sauf véto de l’administration ;
- Plutôt que de revoir les principes de financement de remboursement des soins par la sécurité sociale, M. Hollande a préféré imposer aux salariés la généralisation de l’assurance maladie complémentaire. Un beau cadeau aux assureurs privés, Axa en tête.
- Grâce à la réforme des retraites initiées par M. Hollande (dans la droite ligne de celle de M. Sarkozy), la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein s’allonge d’un trimestre tous les ans jusqu’en 2020. Pour « compenser », le gouvernement devait instaurer un « compte pénibilité » qu’il a finalement retiré sous pression du Medef.
- Les pensions de retraites supérieures à 1200€ ne seront plus revalorisées.
- Les cotisations retraites ont été augmentées de 0,15 point chacun pour les employeurs et salariés en 2014, puis de 0,30 point par an jusqu’en 2017.
- Après avoir annulé la « TVA sociale » de Nicolas Sarkozy, le gouvernement a finalement fait passer le taux normal 19,6 à 20%, le taux intermédiaire de 7 à 10 % et le taux réduit (pour les produits de première nécessité) qui devait baisser est finalement resté à 5,5%.
- La fameuse taxe à 75% pour les très hauts revenus après de multiples atermoiements a finalement définitivement été enterrée par Manuel Valls pour 2015.
- Les barèmes de l’impôt sur le revenu ont été gelés (par rapport à l’inflation), ce qui a entrainé une imposition beaucoup plus importante des faibles revenus.
- La demi-part accordée pour l’impôt sur le revenu pour les personnes vivant seules et ayant élevé un ou plusieurs enfants a été supprimée, faisant notamment exploser l’imposition de nombreuses femmes seules à faibles revenus.
- Par le crédit d’impôt sur la compétitivité et l’emploi (CICE), M. Holland accorde 40Mds€ d’allégements fiscaux aux entreprises, sans exiger aucune contrepartie, sachant qu’il est fortement probable que ces allègements profiteront massivement aux multinationales (et peu ou pas aux PME) qui créent peu d’emplois en France. A noter que le gouvernement a également fait le choix de ne pas revenir sur le Crédit impôt recherche (CIR), accordé par la majorité précédente et pourtant amplement spouçonné non seulement d'être faiblement productif mais en plus d'encourager l'évasion fiscale.
- La « réforme » bancaire initiée par le gouvernement ne devrait finalement toucher que 1% des activités bancaires (!).
- François Hollande avait promis la fin de la RGPP (révision générale des politiques publiques) de Nicolas Sarkozy, prévoyant, entre autres, le non-remplacement d’un départ sur deux de fonctionnaire à la retraite. C’était pour mieux la remplacer par la MAP (modernisation de l’action publique), qui en est sa quasi-jumelle.
- Le point d’indice des fonctionnaires continuera à être gelé jusqu’en 2017, soit une perte annuelle de pouvoir d’achat d’un minimum de 0,5% par an.
Et enfin, tout récemment, le gouvernement Valls a décidé de diviser par le deux la durée maximale du congé parental et par trois la prime de naissance à partir du 2e enfant, tout en projetant de mettre les allocations familiales sous conditions de ressources.
De « gauche », vraiment ?
[i] Sur le sujet, lire Une rentrée difficile…, Jacques Sapir, russeurope, 13-août-14 ; Perspectives, Jacques Sapir, russeurope, 19-août-14 ; L’échec de Hollande, Jacques Sapir, russeurope, 10-juil-14 ; L’Euro-Cauchemar, Jacques Sapir, russeurope, 16-mai-14.
[ii] Sans même parler du lamentable bilan diplomatique, fait d’un atlantisme va-t-en-guerre manichéen, simpliste et à courte vue, au point qu’on va finir par prendre Nicolas Sarkozy pour un dangereux gaullo-mitterrandien.
[iii] La quasi-totalité des mesures données ci-après sont détaillées dans l’édition de septembre du Monde diplomatique.