François Hollande ou l’instature présidentielle
François Hollande ou l’instature présidentielle
Billet invité également paru sur Gaulliste libre
A l’occasion de sa dernière conférence de presse, le Président de la République a cru bon de revenir sur sa piteuse prestation de l’Ile de Sein d’août dernier. Une intervention qui en dit long sur l’incapacité du chef de l’Etat à comprendre les tenants et les aboutissants de son rôle, à percevoir les exigences de la stature présidentielle. François Hollande estime donc « qu'être président de la République, dans ces circonstances, cela consistait justement à être sous les intempéries, à être avec les Français, à être avec ceux qui étaient là ». Or, c’est justement tout ce qu’on peut lui reprocher. Nul, ou presque, n’attend de lui qu’il partage la situation des Français, mais, justement, qu’il change cette situation. Ce à quoi il a clairement renoncé. Le Président de la République « ne peux pas supprimer la pluie ». Certes. Mais le problème est qu’il agit de même avec le chômage, la dégradation de la situation économique et politique de notre pays, l’éducation des jeunes Français, la place de la France dans le monde, notre industrie, notre avenir, notre souveraineté. En fait, avec tout ce qui devrait fonder son rôle. François Hollande est le président du renoncement.
Alors à défaut, il tente, bien maladroitement, de compenser avec une bonne dose de misérabilisme compassionnel (faussement) empathique. Ou pire encore, il s’abaisse à se sentir contraint de répondre par une interview – et par là même de se justifier – au torchon écrit par son ex-première maîtresse sur ses propres frasques. Arrivé à un tel niveau d’indigence intellectuelle, éthique et finalement politique, on finirait par ne pas tarder à voir le chef de l’Etat tenter, désespérément, de grappiller quelques points dans les sondages (qui constituent probablement son unique boussole politique) en allant faire la queue aux Restos du cœur ou s’inscrire à Pôle emploi (il ne fera là qu’anticiper – pour une fois – ce qui l’attend en 2017).
Le seul outil que l’on trouve dans sa fameuse « boîte à outil » n’est finalement qu’une écrouelles de lépreux.
François Hollande, « M. Normal », est en fin de compte le président le plus anormal de la Ve République. Justement parce qu’il n’a absolument pas compris que le rôle d’un Président de la République, encore plus en temps de crise, n’avait rien de normal. Le Président se doit d’être au-dessus de la mêlée. Il doit donner aux Français une vision de l’avenir et impulser cet avenir. François Hollande ne fait rien de cela. Il est resté – et restera – un simple président de conseil général de Corrèze. Et encore, ce n’est guère flatteur pour les conseilleurs généraux.
« L’autorité ne va pas sans prestige, ni le prestige sans éloignement » rappelait le général de Gaulle. M. Hollande ne fait ni dans l’éloignement (il se prétend, faussement, proche des Français), ni dans le prestige, ni donc, à fortiori, dans l’autorité. Et sans autorité, il n’impulse rien. Le président du renoncement est aussi le président du néant.
Il peut toujours prendre des accents hypocritement churchillien (« du sang, de la sueur et des larmes », mais que l’on se rassure c’est pour le petit peuple, car pour les « amis de la finance », comme l’a si bien souligné Etienne Chouard, la situation est panglossienne : tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes), il ne fait que jouer une pauvre farce de Vaudeville mal tournée. Et qui, de jour en jour, se traduit en drame pour des milliers de Français.
Reprenant Verlaine, la France pourrait alors dire « il pleure sur mon cœur comme il pleut sur Hollande ».