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L'Oeil de Brutus

Médias & subventions publiques : ces assistés qui s’ignorent

15 Septembre 2014 , Rédigé par L'oeil de Brutus Publié dans #Idées

Médias & subventions publiques : ces assistés qui s’ignorent

Médias & subventions publiques : ces assistés qui s’ignorent

La presse grand public sonne en cœur, ou presque, pour lutter contre la dépense publique et l’assistanat. On retrouve ainsi ci-dessous un florilège de ces unes les plus tapageuses :

Médias & subventions publiques : ces assistés qui s’ignorent
Médias & subventions publiques : ces assistés qui s’ignorent

La presse dite « de gauche », si elle procède, sur ce sujet, moins par unes tapageuses, n’est pas un reste. Le Monde (15/10/2011) s’interroge ainsi : « La France est-elle un pays d’assisté ? », la tournure de la question laissant sous-entendre la réponse. Le 5 avril dernier, il en appelait encore à lutter contre la dette publique. Dans Les Inrockuptibles (16 novembre 2011), Serge July plaide pour une rigueur « de gauche » (1). Vincent Giret lui emboîte le pas dans les colonnes de Libération le 6 décembre 2011(2). L’inénarrable Christophe Barbier espérait (L’Express, 04/11/2011) un « bon président » qui prendrait des « mesures précises, douloureuses et efficaces » pour « ne plus attendre de l’ « Etat Mama » les soins et les consolations ». On n’oubliera pas, bien sûr, l’inévitable, Alain Minc, présent à tour de rôle dans à peu près tous les médias : « Je crois qu’on est désormais dans un nouveau paradigme qui est le suivant : la vertu budgétaire crée la confiance, la confiance crée la consommation et l’investissement. La consommation et l’investissement créent la croissance. Aujourd’hui, le paradigme c’est : “Vertu budgétaire, confiance, croissance”. Et donc, de ce point de vue, les gestes faits pour établir la confiance vis-à-vis des marchés sont le meilleur encouragement à la croissance, bien plus que ne l’était autrefois quelques milliards dépensés » (3). Nicolas Baverez, incontournable au Point, mais précédemment à l’Express, pousse, lui, le bouchon encore plus loin : « Autant il est apprécié pour aller dans le Luberon, autant, pour les couches les plus modestes, le temps libre, c’est l’alcoolisme, le développement de la violence, la délinquance, des faits malheureusement prouvés par les études » (4).

Bien évidemment, ces éditocrates ne relèvent que rarement parmi tous ces « assistés » qu’ils vilipendent à loisir, la moitié d’entre eux, par exemple, ne réclame pas le RSA quand ils y sont éligibles (5).

Mais surtout, ils omettent bien de préciser qu’en termes d’assistanat et qu’à propos de venir téter au sein de « l’Etat Mama », ils sont champions ! Le ministère de la Culture et de la communication dévoile en effet les chiffres des subventions publiques touchées par les organes de presse (que l’on peut retrouver ici). Les montants (2013) sont faramineux :

Médias & subventions publiques : ces assistés qui s’ignorent

Le Figaro, cette officine de propagande au profit de M. Dassault (6), s’adjuge ainsi, pour lui seul, l’équivalent de 3000 RSA annuels. En termes de « France de l’assistanat », l’avionneur bat tous les records ! Mais il n’est évidemment pas le seul, car la quasi-totalité de ces organes de presse sont la propriété de Français qui sont loin de connaître le besoin : Les Echos (4M€ de subventions) appartiennent à Bernard Arnault (LVMH, 1ère fortune française), Le Point (4,7 M€) à François Pinault (3e), Libération à Patrick Drahi (6e), Le Monde (16,2M€), Télérama (10,1M€) et Le Nouvel Observateur (8,3M€) à Xavier Niel (7e) (7), Aujourd’hui en France (12M€) et Le Parisien à la famille Amaury (154e), Télé 7 jours (6,9M€) et Paris Match (5M€) à Arnaud Lagardère (170e). L’argent public servant à subventionner les plus grands fortunes à travers des journaux qui dénoncent l’assistanat du petit peuple et appellent à la réduction des dépenses publiques, quelle ironie (8) !

 

 

 

 

[1] Cf. Les éditocrates sonnent le clairon de la rigueur, Mathias Reymond, Acrimed.org, 12-déc-11.

[2] Id.

[3] RTL, 16/08/2011.

[4] L’Express, 08/02/1996, cité par Serge Halimi, Les nouveaux chiens de gardes, Raison d'agir 2005, page 91

[5] Cf. Prestations sociales : à l’opposé de ceux qui abusent du système, ceux qui y auraient droit mais ne les perçoivent pas, Dominique Tian, Atlantico.fr, 11-nov-12 ; ainsi que RSA: la moitié des ayants droit ne le demande pas, Huffingtonpost, 08-juil-13.

[6] Lire Le Figaro et les flagrants délires de Dassault, Romain Massa, Marianne, 16-juil-14.

[7] Cf. Pierre Rimbert, La joie de servir, Le Monde diplomatique, juillet 2014.

[8] A l’opposé, alors même qu’il est le journal français le plus diffusé dans le monde (2,4 millions d’exemplaires), Le Monde diplomatique n’apparaît même plus dans ce classement 2013. En 2012, il avait touché 188 000 euros de subventions directes ou indirectes …

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N
Non, ce que je dis, c'est que l'usage du cliché peut n'avoir rien à voir avec l'information sur le sujet (ce n'est pas toujours le cas, mais c'est parfois le cas).<br /> Bon, prenons 3 exemples concrets pour essayer d'expliquer, je vous invite ensuite à comparer ces exemples pour y voir les similitudes.<br /> <br /> 1) M. Journaliste part du principe qu'on paie trop les chomeurs.<br /> Il regarde les chiffres factuels et finit biensur par trouver que dans un autre pays, on paie moins les chomeurs tout en ayant un taux de retour à l'emploi plus élevé et un niveau de vie pas si mauvais que ça. Il en conclut qu'on pourrait payer moins les chomeurs.<br /> Vous arrivez et donnez d'autres arguments et d'autres chiffres:<br /> - d'autres pays font pire.<br /> Journaliste répond: oui, ils font la même erreur que nous.<br /> - les circonstances du pays sont différentes.<br /> Journaliste répond: oui mais ces différences ne sont pas pertinentes.<br /> - ce qui est important, c'est le niveau de vie des chomeurs, ou le potentiel d'emploi, qui est différent pour ce pays.<br /> Journaliste répond: oui mais il s'agit là de la cause, si les mesures étaient prises, les chomeurs chercheraient plus de travail et seront moins exigeant, ce qui permettraient aux employeurs de proposer des métiers sans devoir payer au dessus de leur moyen, ...<br /> <br /> Donc, on a bien tout les faits, mais la conclusion du journaliste reste la même: même totalement informé, M. Journaliste continue à défendre son opinion qui relève du cliché.<br /> <br /> 2) n-g part du principe qu'une aide aux chomeurs est nécessaire et ne doit pas être bridée.<br /> Je regarde les chiffres factuels et je finis par trouver que dans un autre pays, on paie bcp les chomeurs et que ça a un retour positif.<br /> M. Journaliste arrive et donne d'autres arguments et d'autres chiffres:<br /> - d'autres pays ont essayé de faire ça et ça a lamentablement foiré.<br /> Je réponds: oui mais les circonstances et les modalités étaient différentes.<br /> - le pays où ça marche n'a pas les même circonstances que notre pays.<br /> Je réponds: oui mais ces différences ne sont pas pertinentes.<br /> - ce qui est important, c'est d'éviter une situation où certains en profite, car ça gaspille l'argent de l'état qui mérite d'être utiliser d'une meilleure façon.<br /> Je réponds: oui mais ces profiteurs sont en réalité négligeables, car au final, c'est parce qu'il n'y a pas d'emploi que les gens n'en trouvent pas.<br /> <br /> De nouveau: tout les faits. Mais de nouveau, je reste avec mon cliché et M. Journaliste reste avec le sien.<br /> <br /> 3) vous partez du principe que les journaux reçoivent trop de subsides et que ça favorise les gros patrons.<br /> n-g arrive et donne d'autres arguments et d'autres chiffres:<br /> - l'Humanité reçoit plus d'argent par exemplaire, ce qui lui permet de le vendre moins cher et donc d'être plus concurrentiel par rapport aux autres. On peut donc en un sens considérer que c'est l'Humanité qui est favorisé par le gouvernement et pas les gros groupes.<br /> Vous répondez: oui mais ce qui compte, c'est l'argent total, pas par exemplaire, même si je n'ai pas dit pourquoi je préfère un de ces chiffres factuels à l'autre tout aussi factuel.<br /> - il existe un biais de perception qui fait qu'on ne voit pas toutes les informations utiles, ou qu'on ne voit pas les informations tout aussi "clichés" qui vont dans notre sens.<br /> Vous répondez: oui mais même si je n'en sais rien, je considère que les mauvaises informations sont trop nombreuses, et que si tout les journaux disaient des infos qui vont dans mon sens, cela impliquerait qu'il n'y ait plus de clichés.<br /> - les journalistes doivent proposer une analyse (car c'est impossible de faire autrement: même donner les chiffres bruts n'est pas impartial, et sans les circonstances sont impossibles à interpréter), et pour cela, ils sont, comme tout le monde, sensibles aux clichés comme vous et moi.<br /> Vous répondez: le fait d'être sensible au cliché signifie qu'on fournit une information qui est fausse (même si de mon côté, lorsqu'on remarque que je suis sensible au cliché, je réponds que j'ai le droit parce que je ne suis pas journaliste, et donc j'avoue que les informations de mon article sont fausses selon ma propre logique).<br /> <br /> J'espère que ceci vous a permis de comprendre que votre raisonnement qui conclut que les journalistes font mal leur travail est simpliste (par exemple ce que vous observez est un effet inévitable, et vous ne l'observez, par construction, uniquement à propos des articles avec lesquels vous n'êtes pas d'accord) ou que votre raisonnement qui conclut que l'état favorise les gros patrons (alors qu'on peut très bien considérer que l'état ne fait que rembourser une partie du coût du papier, sauf qu'il rembourse plus pour l'Humanité, par exemple, ce qui signifie que l'état défavorise les gros patrons) peut lui aussi être remis en question.<br /> <br /> De nouveau, cela ne veut pas dire que les médias français sont parfaits. Juste que votre raisonnement n'est pas plus évolué que certaines unes (et ce même si je préfère largement votre conclusion, ou si je préfère que votre cliché soit plus répandu que le cliché transmit par certaines unes).<br /> <br /> Mais bon, j'imagine que tout cela relève du "sophisme". Désolé d'avoir voulu avoir une discussion constructive avec vous.
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L
Je reconnais bien volontiers que votre dernier développement est plus intéressant que les "sophismes" précédent. :) <br /> <br /> Boutade mise à part, je crois que ce qui nous oppose au fond est notre conception du métier de journaliste. Pour ma part, je considère qu'il a un devoir d'information. En conséquence, même s'il conserve sa propre sensibilité démocratique, il se doit de présenter les différents points de vue de manière la plus objective, quitte en conclusion à présenter celle qui selon lui se rapproche le plus de la réalité des faits. Nous n'avons, manifestement, plus beaucoup de journalistes de ce calibre dans notre pays. <br /> <br /> J'attribue cette situation à la mise sous tutelle actionnariale d'une bonne part de la presse nationale et m'émeus que, non content de cela, cette presse est amplement subventionnée alors qu'elle est dans les mains de multimilliardaires qui non seulement n'en ont pas besoin mais en plus se servent de leurs organes de presse pour mettre en avant des postures idéologiques qui les avantagent (les privatisations, le démantèlement de l'Etat-providence, une fiscalité avantageuse pour les entreprises et les plus aisés, etc.), voire, tout honte bue, faire leur propre promotion (cf., et ce n'est qu'un exemple, les pages et les pages d'interview régulièrement accordées à M. Dassault ou aux patrons de son entreprise dans le Figaro).<br /> <br /> Enfin - et j'ai du mal à comprendre que vous puissiez me le reprocher - j'ai tout de même beaucoup de mal à admettre le cynisme de ces médias qui vilipendent les aides publiques données à des gens qui sont au bord de la pauvreté pendant qu'eux-mêmes acceptent allègrement et les subventions publiques et la tutelle actionnariale pour vivre on ne peut confortablement (alors que la chute des ventes de leurs journaux - que l'on pourrait aussi lier à leur médiocrité, mais c'est un autre débat ... - auraient du les mettre sur la paille depuis longtemps).
N
@ L'Oeil de Brutus:<br /> <br /> "Votre approche du financement de la presse est binaire":<br /> <br /> Je vois pas vraiment où vous voulez en venir. Ce que je dis, c'est que les faits actuels ne permettent pas de conclure ce que vous concluez, que votre analyse des causes oublie des causes importantes non négligeables.<br /> Qu'il puisse exister des méthodes de financement alternatives, très bien, je ne dis pas le contraire. Mais cela n'a rien à voir avec le fait que j'observe des mécanismes dont vous ne tenez pas compte (ou que vous négligez).<br /> <br /> " j'ai de plus en plus de mal à trouver des articles "utiles" dans le top 20 des journaux cités ci-dessus"<br /> <br /> Sauf que déjà, votre top 20 n'est pas correct: il devrait être classé en fonction des subsides par exemplaires vendus. Et de nouveau, le fait que les journaux les plus vendus (et donc apparaissant de manière biaisée dans le top de votre liste) soient de moins en moins bon n'est pas étonnant, puisqu'il s'agit d'un effet mécanique du fait que les journaux qui disent ce que le grand public veut entendre sont forcément ceux qui se vendent le mieux.<br /> <br /> " Ce qu'en outre je reproche aux unes ici affichées n'est pas leur caractère tapageur, mais le fait qu'elles véhiculent des clichés et par là sont mensongères, donc contraire au devoir d'information. "<br /> <br /> Et ce que je dis, c'est que la croyance dans certains clichés est également répartie dans la population, qu'on soit charcutier, informaticien, bloggeur ou journaliste. Et que donc, c'est une utopie que de penser que la reprise du cliché devrait être moins fréquente dans le journalisme.<br /> <br /> "Je dis que par nature ils sont censés être moins informés que les journalistes"<br /> <br /> Sauf que les unes "à problème" que vous citez ne sont pas le résultat d'une mauvaise information des journalistes. Par exemple, pour ces unes, qu'est-il dit ? Il est dit: on dépense beaucoup d'argent pour des gens qui contribuent peu à la société. Sauf que l'évaluation de la contribution à la société est très subjective. Ainsi, on peut par exemple voir que objectivement, l'état dépense plus d'argent que pour les chomeurs pour, par exemple, la recherche (à vrai dire je n'en sais rien, là n'est pas la question), mais cela ne veut pas dire qu'on en conclurera que les scientifiques sont des assistés. On notera également que votre raisonnement est tout aussi "peu informé". Ainsi, vous dites: "les journaux critiquent les chomeurs qui coutent de l'argent sans contribuer à la société, mais les journaux aussi reçoivent de l'argent tout en ne faisant pas leur boulot". Sauf que "ne faisant pas leur boulot", c'est le cliché que vous, vous reprenez. On aura beau vous donner les chiffres, votre convection se base sur un a priori créé sur une observation non objective.<br /> <br /> "sur l'état des médias en France, je vous invite également à lire"<br /> <br /> Ce que vous me conseillez de lire/visionner ne contredit en rien mon argumentaire. Ce que je dis, c'est que vos conclusions sont foireuses parce que vous négligez des éléments non négligeables (les effets mécaniques du fait que les médias fonctionnent actuellement dans un système capitaliste, le biais du fait que les articles clichés qui ne vont pas dans votre sens sont vu comme mauvais tandis que vous oubliez les articles qui vous ont informés ou les articles clichés qui vont dans votre sens, le fait que vous ignorez les effets qui expliquent logiquement les correlations entre 'journal populaire' et 'plus de subventions' et 'dirigé par un gros groupe' pour vous permettre de tirer des conclusions qui vont dans le sens qui vous plait, ...).<br /> Que par ailleurs il y ait des choses à dénoncer dans les médias français, pas de problème. Là où il y a un problème, c'est quand on a un raisonnement qui prétends que telle ou telle observation prouve qu'il y a tel ou tel problème alors que c'est faux, que cette observation peut également être le résultat d'autres effets (c'est le fait qu'elle _prouve_ qui est faux, cela ne veut pas dire que l'observation n'est pas, par hasard, le résultat de l'effet hypothètique)
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L
Décidément, vous n'avez rien à envier aux sophistes !<br /> <br /> - on pourrait dire beaucoup de choses sur ce top 20. Mais le fait est que, justement, il est factuel ! et que contrairement à ce que vous annoncez, le fait de rapporter les subventions à la diffusion du journal (diffusion sur laquelle il y aurait aussi à dire : nombre d'abonnements sont des subventions masquées) n'y changerait pas grand-chose. Le Figaro et Le Monde sont loin d'être les journaux les plus diffusés. Quel sens y aurait-il par ailleurs à comparer la diffusion d'un quotidien et celle d'un hebdomadaire ? <br /> <br /> - Il y a évidemment de nombreux clichés dans la population. Et il doit bien y en avoir quelques uns auxquels je cède mais JE NE SUIS PAS JOURNALISTE. or, le devoir d'un journaliste est d'informer, donc de ne pas céder aux clichés. Céder aux clichés est donc une faute déontologique. <br /> <br /> - Quelle est donc cette conclusion hâtive que vous me reprochez ? La conclusion de l'article est de poser la question de savoir s'il est normal que les contribuables subventionnent des médias appartenant à de grandes groupes privés, ce qui rejoint justement ... l'effet "mécanique" du fonctionnement capitaliste que vous me reprochez d'ignorer !
N
@ L'Oeil de Brutus:<br /> La presse en soi dans notre monde capitaliste n'a aucune mission de rien de tout: elle fournit le service qu'elle choisit, et les gens achètent ou pas en fonction de ce qu'ils veulent.<br /> Du coup, c'est extrèmement normal d'avoir des journaux qui vendent de la merde si le public demande à avoir cette merde.<br /> Si vous voulez des journaux qui fournissent un service public, alors, réclamez des "journaux d'État". Ah mais non parce que le gouvernement c'est des méchants. Ben oui, on peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre.<br /> Pendant ce temps-là, le problème, ce n'est pas les journalistes, c'est la société de consommation.<br /> <br /> Quant à la piètre qualité des journaux, bizarrement, pour chaque article merdique, on peut trouver un article utile (mais qui passe inaperçu aux yeux des critiques) (la preuve: quand on prend des articles de ce blog au hasard, on trouve très souvent des journalistes/journaux comme références pour les chiffres donnés. Ces journaux vous ont donc bel et bien correctement informés). La subvension faisant moins de 25% du prix total, elle est donc totalement justifiée.<br /> Par exemple, dans votre article, vous prenez comme exemple les unes sur les assistés, parce que pour vous il est clair que c'est une une tapageuse. Mais il en est de même avec les unes qui vont dans votre sens, quand par exemple elle critique le gouvernement (par exemple si elle dit "pourquoi la démocratie a échoué en France").<br /> <br /> Pour l'argument des enseignants, c'est stupide: être plus malin/cultivé qu'un enfant n'est pas dur.<br /> Mais là, vous prétendez que les lecteurs sont forcément peu cultivés ou stupides.<br /> De nouveau, vous pouvez penser que c'est le cas pour les unes avec lesquelles vous n'êtes pas d'accord. Mais pendant ce temps-là, vous trouvez d'autres unes tout aussi stupides très pertinentes.<br /> En d'autres termes: le journalisme, c'est comme si des enfants donnaient cours à des enfants. Dire le contraire reviendrait à dire que les gens "normaux" qui lisent les journaux sont une sous-catégorie d'imbéciles. Cela est d'autant plus vrai que ce n'est pas parce que qlq'un identifie un imbécile qu'il n'est pas lui-même un imbécile sur un autre sujet, et il ne peut donc pas dire "il suffit que les journalistes soient comme moi", car en fait, ils le sont déjà.<br /> <br /> Pour donner un exemple concret: si vous écrivez vous-même un article de journal expliquant l'échec de la démocratie en France, je considérerais cet article comme tout aussi mauvais que ceux qui parlent de la France des assistés, car il est tout aussi "clichés" (dans le sens où il se contente d'une explication simpliste et confortable alors que la réalité est plus complexe).<br /> <br /> Je continue à dire ce que j'ai dit: l'observation que vous soulignez n'implique pas les conclusions que vous en tirez, à moins de négliger des effets mécaniques très importants mais p-e plus complexes ou moins rassurants (car oui, considérer qu'il existe un méchant coupable est plus rassurant).
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L
Votre approche du financement de la presse est binaire. Il existe bien d'autres solutions (par exemple, celle-ci : http://www.monde-diplomatique.fr/2014/12/RIMBERT/51030 ) qui puisse garantir une presse à la fois indépendante du gouvernement et des puissances d'argent (publicité, grands groupes).<br /> <br /> Par ailleurs, j'ai de plus en plus de mal à trouver des articles "utiles" dans le top 20 des journaux cités ci-dessus. Vous remarquerez d'ailleurs que je m'appuie très rarement sur des sources en provenant. Ce qu'en outre je reproche aux unes ici affichées n'est pas leur caractère tapageur, mais le fait qu'elles véhiculent des clichés et par là sont mensongères, donc contraire au devoir d'information. <br /> <br /> Je n'ai jamais dit que les lecteurs étaient peu cultivés ou stupides. Je dis que par nature ils sont censés être moins informés que les journalistes et qu'il appartient donc à ceux-ci de les informer. <br /> <br /> sur l'état des médias en France, je vous invite également à lire (ou visionner puisqu'il existe également en documentaire) ceci : http://loeildebrutus.over-blog.com/2013/10/les-nouveaux-chiens-de-garde-1/5-presentation-generale.html
N
J'entends souvent dire que les clichés faux que reprennent les gens sont le résultat des journaux. Mais comment prouver ce prétendu lien de causalité alors qu'il n'y a que corrélation ?<br /> Une solution plus réaliste, c'est qu'il y a autant d'idiots dans les rédactions que partout ailleurs, et qu'ils reprennent les clichés relayés par le peuple car ils sont tous aussi aveugles à leur sujet qu'eux.<br /> Ensuite, on a un effet de sélection darwinnienne où les journaux qui reprennent les clichés du peuple sont plus populaires et gagnent plus d'argent.<br /> Bien sur, la ligne éditoriale est liée aux opinions du patron, et bien sur, les journaux qui vendent le plus sont les journaux qui sont ensuite rachetés par les grands groupes dirigés par les grands patrons, et sont également ceux qui sont les plus subventionnés (car les subventions se basent sur la popularité, sinon, il me suffirait de créer mon journal qui ne contient que du travail baclé pour prétendre avoir droit à la même subvention que les autres).<br /> Quand on regarde les chiffre donné par Jadorelhuma, c'est bel et bien l'Humanité, qui n'appartient pas, il me semble, à un grand requin, qui reçoit le plus par rapport à sa popularité.<br /> <br /> Je ne prétends pas que tout est blanc ou noir: la réalité est sans doute au milieu.<br /> Mais quand on réfléchit, on se rend compte que si l'hypothèse de cet article n'est pas vraie, on peut très bien observer exactement les mêmes phénomènes uniquement à cause d'effets mécaniques.
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L
Sauf que vous oubliez que la presse (au sens large, c'est à dire que j'y inclus la presse TV) a une mission d'information qui peut être assimilée à une mission de service public (c'est d'ailleurs pour cela qu'elle reçoit des subventions). <br /> Et votre inversion du lien de cause à effet ne tient pas : c'est comme si vous disiez que c'est la bêtise des élèves qui fonde l'éventuelle bêtise d'un enseignant. A ce compte-là, bon courage pour les instituteurs de maternelle ...<br /> Ce que font les médias d'aujourd'hui n'est en fait pas bien neuf : comme les démagogues et les sophistes de la Grèce antique, ils flattent les bas instincts au lieu d'encourager les vertus. Et cela est le fondement même de la fin tant de la démocratie prônée par Platon et Socrate que du régime mixte d'Aristote avec, dans un cas comme dans l'autre, la volonté d'asseoir le pouvoir d'une minorité oligarchique ou ploutocratique.
J
En témoigne, la part des aides de quelques journaux par exemplaire diffusé (selon la cour des comptes12 et par ordre décroissant):<br /> <br /> L'Humanité: 48 centimes<br /> La Croix: 32 centimes<br /> Le Nouvel Obs: 29 centimes<br /> Libération: 27 centimes<br /> L'Express: 23 centimes<br /> Le Point: 20 centimes<br /> Le Monde: 19 centimes<br /> Le Figaro: 17 centimes<br /> Ouest-France: 6 centimes<br /> Le Parisien: 4 centimes
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E
Effectivement, je m'aperçois de la subvention accordée à la Nouvelle République, en contre partie, la désinformation systématique, il a fallu le Canard Enchaîné pour qu'enfin le Maire de Tours soit mis en cause dans des affaires avec prise d'intérêt, argent public etc, avant rien!! Alors les journaliste, qui pleuraient sur le désamour de vos lecteurs, vous feriez bien de faire VOTRE METIER, investigations et informations réelles, justifiées et sans parti pris