Finance, banques, paradis fiscaux, hedge funds, Goldman Sachs : les petites conférences entre amis de Nicolas Sarkozy.
Finance, banques, paradis fiscaux, hedge funds, Goldman Sachs : les petites conférences entre amis de Nicolas Sarkozy.
Billet également publié sur Gaulliste libre
"Etre gouverné par l'argent organisé est aussi dangereux que par le crime organisé"
Franklin Roosevelt
L’ensemble des faits relatés ci-après sont extraits de La Caste cannibale de Sophie Coignard et Romain Gubert (Albin Michel 2013).
Connaissez-vous le Washington Speakers Bureau (WSB) ? Cette petite société américaine de Virginie « loue » des personnalités (sportifs, astronautes, présentateurs télé, athlètes, explorateurs, politiciens et même des magiciens) pour des discours, des apparitions à des colloques ou des meetings. On y retrouve par exemple Bernard Kouchner (40 000$ la prestation), présenté comme Prix Nobel ! En pratique, il usurpe ainsi le prix Nobel attribué à Médecins sans frontières en 1999, alors même qu’il les avait quittés vingt ans auparavant.
Nicolas Sarkozy fait partie des « exclusivités WSB ». Le prix de ses prestations n’est pas communiqué. Le 24 septembre 2013, il a ainsi donné une conférence à Washington pour une entreprise énergétique. Trois jours plus tard, on le retrouve à Cannes où il explique comment « diriger dans un monde complexe » sous le sponsoring du géant indien Tata. On remarquera que le représentant de Tata en France est Jean Pernet, un avocat domicilié à Zoug, petite ville suisse de 26 000 habitants surtout connue pour son taux d’imposition de 0,002% sur le capital. Un beau paradis fiscal !
La carrière de conférencier de l’ancien président de la République avait commencé le 12 octobre 2012 lorsque, pour la modique somme de 100 000€, il avait été l’invité d’André Esteves, le patron de la banque brésilienne BTG Pactual. Grâce à ses filiales aux îles Caïmans et aux Bermudes, cette banque aussi ne dédaigne pas les charmes des paradis fiscaux. Quelques jours plus tard, Nicolas Sarkozy rééditera sa prestation, pour la même banque, à Sao Paulo. En novembre 2012, il poursuit son périple à Singapour, autre paradis fiscal, au profit d’une autre banque. Un mois plus tard, nouvelle conférence à Doha (Qatar).
Le 25 avril 2013, il officie pour la chambre de commerce du Montréal métropolitain. Les billets d’entrée varient entre 170 et 600€ et ceux qui s’acquittent du tarif maximal n’auront plus besoin de se rendre au musée Grévin : pour le prix, ils pourront bénéficier d’une photo aux côtés de la star du jour (sic), comme les enfants posent auprès du Père Noël. Cette conférence est sponsorisée par la Royal Bank of Canada, la première banque canadienne, également installée aux Bahamas, à la Barbade, aux iles Caïmans, dans les iles anglo-normandes, en Suisse et au Luxembourg. Un mois plus tard (mai 2013), Nicolas Sarkozy encaisse 150 000 € pour une conférence organisée par SkyBridge Alternatives, un fonds spéculatif (hedge funds) enregistré au Delaware, avec filiales aux Bermudes et aux Caïmans. Sur le même rythme, il a l’honneur, le 3 juin 2013 à Londres, d’être le premier orateur de la Global Macro Conference, organisée par … Goldman Sachs !
Si l’hôte actuel de l’Elysée s’était auto-proclamé « ennemi de la finance », on peut constater que son prédécesseur combat avec la même ardeur les paradis fiscaux qu’il avait tant décrié.
Peut-on vraiment encore croire que le renouveau de notre pays passera par l’un de ces deux hommes ou de leurs sbires, simples nervis de « l’argent organisé » ?
De Sophie Soignard et Romain Gubert, lire également L'Oligarchie des incapables.