Cet euro qui ne nous protège … pas ! (bien au contraire)
Cet euro qui ne nous protège … pas ! (bien au contraire)
Billet également publié sur Gaulliste libre.
Même les libéraux commencent à taper dur sur la monnaie unique. Certes, Charles Gave et son Institut des Libertés s’étaient attelés la tâche il y a déjà plus de dix ans. Mais le dossier très complet qu’ils ont publié a le mérite d’enfoncer le clou, même s’il souffre évidemment d’un biais idéologique libéral évident, déjà mis en exergue par Laurent Pinsolle (je ne reviens donc pas sur ce point).
Chiffres à l’appui, l’Institut des Libertés nous démontre l’inanité complète et l’absurdité intrinsèque de la monnaie unique. Parmi, ces chiffres et tableaux un seul résume tous les autres : ceux de la croissance.
On nous avait promis un « euro qui protège » et qui apporterait entre 1 et 1,5% de croissance. Le résultat est aux antipodes. L’on voit ainsi très bien qu’avant la mise en place de l’euro (période 1988-1998), la croissance de la future zone euro tient encore dans la norme[i]. Dès la mise en place de la monnaie unique (1999-2008), la zone euro commence à décrocher, y compris vis-à-vis des pays européens qui ne l’ont pas adoptée. Et surtout, alors même que l’euro était présenté comme un filet anti-crise, le résultat des années 2008-2013 présente bel et bien la zone euro comme le boulet de l’économie mondiale : sur ces 6 années de crise, elle est la seule zone monétaire en récession. In fine, sur ses 14 ans d’existence (1999-2013), la zone euro est largement dernier de la classe des pays développés. La raison en est simple : comme je l’avais déjà montré, l’euro porte dans ses gènes la déflation, l’austérité néolibérale la plus abrupte, l’écrasement des salaires et la course au moins-disant fiscal et social. Nous faudra-t-il encore une décennie perdue ?
Précisions apportées par un aimable lecteur (merci à lui) :
Quand on consulte le taux de chômage des 34 pays regroupés au sein de l’OCDE, on constate que neuf de ces pays ont un taux de chômage supérieur à 9%. 8 sur ces 9 pays dont le taux de chômage dépasse 9% ont l’euro comme monnaie (L’Espagne, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Portugal, la Slovaquie, la Slovénie)[ii].
Un seul autre pays de l’OCDE a plus de 9% de taux de chômage c’est la Pologne, qui est dans l’union européenne avec sa monnaie nationale dont la situation s’améliore 1,6% de croissance en 2013 contre récession de 0,4% en zone euro[iii].
La croissance moyenne des pays de l’union européenne (une dizaine) qui ont conservé leur monnaie nationale est maintenant plus rapide que la croissance moyenne de la zone euro. Si on regarde dans la période allant du 31 mars 2013 au 31 mars 2014 on constate que les seuls pays de l’union européenne qui sont signalés comme étant en récession durant cette période (de reprise relative de croissance) ont l’euro comme monnaie. Il s’agit de l’Estonie, de la Grèce, de l’Italie, de Chypre, des Pays-Bas, de la Finlande. Aucun pays de l’Union européenne ayant sa monnaie nationale n’est en récession durant cette période[iv].
[i] A noter que dès avant sa mise en place, les politiques de convergence imposées par la préparation de l’euro (notamment la politique du « franc fort ») avaient déjà eu un impact négatif sur notre économie et notre industrie.
[ii] http://www.statistiques-mondiales.com/chomage_ocde.htm
[iii] http://bourse.lesechos.fr/infos-conseils-boursiers/actus-des-marches/infos-marches/pologne-croissance-de-1-6-en-2013-acceleration-en-vue-947048.php
[iv] http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/2-04062014-AP/FR/2-04062014-AP-FR.PDF