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L'Oeil de Brutus

L’ALLEMAGNE, PASSAGER CLANDESTIN PREMIERE CLASSE DE L’UNION EUROPEENNE

13 Janvier 2014 , Rédigé par L'oeil de Brutus Publié dans #Idées

 L’ALLEMAGNE, PASSAGER CLANDESTIN PREMIERE CLASSE DE L’UNION EUROPEENNE

L’ALLEMAGNE, PASSAGER CLANDESTIN PREMIERE CLASSE DE L’UNION EUROPEENNE

L’Allemagne est certes le premier contributeur net de l’Union européenne[i]. Mais il serait simpliste de s’arrêter à ce simple chiffre. L’Allemagne a en effet su jouer à plein toutes les opportunités offertes par la construction européenne :

  • Elle profite de la main d’œuvre à bas coûts d’Europe de l’Est en y sous-traitant une bonne part de sa production (où en jouant sur la flexibilité du droit du travail, encouragée par les directives européennes, pour faire venir les travailleurs de ces pays sur son sol).
  • Elle profite de la forte consommation de l’Europe de l’Ouest et du Sud (et tout particulièrement de la France) pour écouler ses produits sans droits de douane et avec des coûts de transport réduit.
  • Parallèlement à ces deux premiers points, la politique de « l’euro fort » lui permet d’importer sa sous-traitance d’Europe de l’est (hors zone euro) à faible coût (en termes de variable de change) pour l’exporter une fois assemblée au prix fort de l’euro.
  • La politique de bas taux de la BCE lui permet de financer ses investissements à très bas coûts (ce qui n’est pas le cas des « mauvais élèves » du Sud).

Pour le reste, contrairement aux poncifs de la pensée dominante, le coût du travail allemand (dans l'industrie) est l’un des plus élevé d’Europe et les charges fiscales reposant sur le travail ne sont pas forcément moindre. C’est également l’un des pays d’Europe dans lequel, rapporté en travail annuel, l’on travaille le moins ! Le pays où l’on travaille le plus étant … la Grèce !

Très soucieux d’écologie, les Allemands ne veulent plus de nucléaire chez eux. Mais quand la bise est venue, la cigale allemande ne rechigne pas à importer de l’électricité nucléaire française (et à faire tourner à fond ses centrales à charbon qui dégagent massivement du CO2). Dans le même ordre d’idée, le dumping environnemental de ses sous-traitants d’Europe de l’Est ne la dérange guère. La pollution, tant qu’elle est chez les autres …

En termes de défense, l’Allemagne y consacre l’un des plus petits budgets d’Europe (rapporté au PIB). Si elle avait consenti le même effort que la France ces vingt dernières années, sa dette publique serait bien plus abyssale que la nôtre.

En pratique donc, sans l’Europe, l’euro (une monnaie faite selon son modèle et ses prescriptions idéologiques), son marché unique et l’absence de barrières douanières, l’Allemagne serait un pays de vieux, sans diplomatie, sans armée, sans influence et avec une économie qui aurait très probablement suivi la même tournure que les décennies perdues du Japon depuis les années 1990. Comment d’ailleurs, hors les bénéfices de l’Europe pour l’Allemagne, expliquer que les deux champions mondiaux de l’économie des années 1980, qui avaient suivis des modèles très proches l’un de l’autre, aient pu à ce point diverger depuis … le traité de Maastricht ?

Il ne faut donc pas être naïf : sans même prendre en compte le poids de l’histoire qui interdit aux Allemands de mettre à bas la construction européenne après avoir mis l’Europe à sang et à feu deux fois en un siècle, l’Allemagne n’a aucun intérêt à quitter l’euro, et encore moins l’Union européenne. Elle en est la grande gagnante !

Ne lui en jetons d’ailleurs pas la pierre : l’Union européenne est une construction idéologique libérale ; or l’idéologie libérale ne dicte-t-elle pas la « convergence des égoïsmes » ? L’Allemagne n’a donc fait que jouer le jeu des égoïsmes. Comme d’autres d’ailleurs, y compris, et surtout, en France. Mais ce qui apparaît au grand jour aujourd’hui (par exemple lorsque l’on suit l’élaboration du traité transatlantique de libre-échange), c’est que cette convergence des égoïsmes ne profite qu’à une minorité restreinte, une oligarchie, certainement pas aux peuples. L’Union européenne n’a rien de l’Europe des peuples, c’est l’Europe des technocrates à la botte des oligarques.

[i] Différence entre sa contribution aux institutions européennes et ce que celles-ci lui reverse, directement ou indirectement.

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F
La véritable première différence, considérable, concerne les charges patronales qui sont moitié moins élevées en Allemagne qu’en France. En conséquence, le salaire brut de Hans s’affiche 33 % au-dessus de son homologue français. Les charges salariales étant identiques (à 2 % près), leurs salaires nets encaissent donc un différentiel de 1 000 €, au profit de Hans. <br /> Une nouvelle différence de taille allant à l’encontre d’une deuxième idée reçue, concerne le niveau d’imposition sur le revenu : quand Jean s’acquitte de 286 € par mois (soit 13 % de son salaire net), Hans débourse, de son coté, 793 € (25 %) directement prélevés à la source… C’est un écart considérable. <br /> Mais tout compte fait, c’est encore le jeune cadre célibataire Allemand qui s’en sort le mieux, avec un salaire net après impôts de 2 383 €, là où Jean ne perçoit plus que 1 890 €. Soit 26 % ou 500 € de différence de pouvoir d’achat entre ces deux salariés. <br /> Quand on sait que le coût de la vie en Allemagne est un peu moins élevé qu’en France, que le prix de l’immobilier y est moindre et que l’on n’y paye pas l’utilisation des autoroutes, cette différence de traitement m’interpelle. Et n’allons pas croire pour autant que les services publics soient moins performants en Allemagne qu’en France puisque tous les indicateurs axés sur la qualité de vie ou les prestations offertes révèlent qu’à pression fiscale moindre, l’Indice de développement Humain des Nations Unies place la France derrière l’Allemagne… (1)<br /> En analysant les différences entre les taux de prélèvement des deux pays, Il est clair que la stratégie des pouvoirs publics en France a toujours consisté à financer ses propres dépenses en majorant prioritairement les charges dites « patronales » donnant ainsi l’illusion de faire « payer les entreprises » pour préserver le pouvoir d’achat des salariés. Ce tour de passe-passe permet également de cacher aux salariés la monstruosité des prélèvements en vigueur dans notre pays qui font qu’un salarié générant 4 650 € de valeur ajoutée ne touche au final que 1 890 € soit 40 % seulement de son travail (contre 50 % en Allemagne). <br /> Cependant, la réalité économique rattrape rapidement ce type de manœuvre. Les entreprises françaises opèrent dans un contexte de concurrence internationale et leur survie ne passe que par l’équilibre de leurs comptes d’exploitation. Elles répercutent donc systématiquement, dans un délai plus ou moins long, toutes les hausses de charges en minorant les salaires à l’embauche et/ou les augmentations annuelles. Qu’elles soient « patronales », « salariales » ou « fiscales », toutes ces charges sont assises sur les salaires et donc au final sur le seul pouvoir d’achat des salariés. <br /> A mon sens, la compétitivité des entreprises françaises n’est pas antinomique avec le pouvoir d’achat des Français. Bien au contraire. La réponse à ces deux problèmes se trouve uniquement dans la réduction de la dépense publique et non pas dans « l’optimisation » des recettes fiscales ou dans la création de nouvelles taxes.
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L
Tout dépend du périmètre que l'on prend. Mais pour eurostat (http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20130913trib000784922/cout-du-travail-les-vraies-raisons-du-probleme-francais.html ), le total de la fiscalité du travail sont globalement similaires en France (38,6%) et en Allemagne (37%). Et même au delà ce ça, il y a des charges qui peuvent être masquées. Exemple : la couverture santé en France (sécurité sociale) est relativement plus appréciable qu'en Allemagne, ce qui induit des dépenses supplémentaires (en pratique donc des charges) pour les travailleurs allemands qui doivent cotiser à une mutuelle privée (généralement en plus moins efficace).<br /> <br /> Sur la qualité de vie en Allemagne, je suis également très septique. Exemples : taux de pauvreté y est plus important qu'en France ou encore les foyers français sont bien plus souvent propriétaires de leurs logements (malgré un coût de l'immobilier plus élevé, mais cela cache des disparités selon les régions), ce qui induit aussi un rattrapage sur le revenu réel, toutes charges déduites (et pas seulement les charges fiscales, mais aussi toutes les charges obligatoires). <br /> <br /> Comme je le disais ici (http://loeildebrutus.over-blog.com/propagande-noeliberale-non-vous-ne-travaillez-pas-pour-l%E2%80%99etat-jusqu%E2%80%99au-26-juillet-mais-jusqu%E2%80%99au-13-janvier-ou-jusqu%E2%80%99au-10-novembre) les comparaisons sur les taux de charges fiscales ou de dépenses publiques dans le PIB n'ont pas forcément beaucoup de sens : on est rarement à isopérimètre, loin de là. <br /> <br /> Maintenant je suis tout de même d'accord sur un point global : la plus grande masse de la fiscalité en France repose sur le travail, et cela ne peut pas marcher (je vous rejoins aussi sur le fait que ce qu'il faut compter c'est la fiscalité sur le travail dans son ensemble : charges salariales + charges patronales + IR). Mais ce n'est pas là le plus grand de nos problèmes (même s'il est loin d'être négligeable).<br /> <br /> Par contre, je ne suis pas d'accord sur le principe de diminution de la dépense publique par principe (voire par dogme) : en tant de crise, cela ne peut qu'accroître la dépression (principe du multiplicateur). Il s'agit surtout de beaucoup mieux l'orienter. Et si nous étions maître de notre monnaie, nous pourrions très bien assumer les déficits sans que cela ne pose le moindre problème. La politique monétaire doit être au service de la politique budgétaire. L'inverse - ce que nous vivons - est un non sens politique.
E
Ce constat est parfaitement juste, l'Allemagne dirige l'Europe, qui a était construite sur mesure pour elle, ce pays a toujours su servir ses propres intérêts. Mais on ne peut honnêtement pas le leur reproché, le problème ce sont ceux qui dirigent la France, qui se mette toujours à genoux, au lieu de défendre nos intérêts.<br /> <br /> D'ailleurs ceux qui en France ont signé tous les traités européens le fond en réalité de bon cœur, car ils adhérent totalement à la doctrine d'une Europe libérale (accompagné d'une casse sociale), mais ils ne veulent pas en assumer la responsabilité, l’Europe et l’Allemagne le fait pour eux.
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B
Tout à fait d'accord. en son temps j'ai écrit : L'Allemagne paiera ou l'Europe implosera <br /> http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3048
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